Par

Jeremy Colin

Publié le

4 juil. 2025 à 18h00

C’est un feuilleton qui ne semble pas près d’être fini : celui d’une ferme familiale située à Mauvezin-sur-Gupie (Lot-et-Garonne). En proie à des difficultés financières, elle avait été mise en vente aux enchères le 26 juin 2025 à Agen.
Grâce à une incroyable solidarité du monde agricole, Lucas Wafflart, jeune agriculteur en devenir de 18 ans, avait pu obtenir l’assurance de récupérer la ferme de son papy, grâce à l’entremise de la Coordination rurale (CR 47), syndicat agricole majoritaire en Lot-et-Garonne et de la SAFER (Société d’aménagement foncier et d’établissement rural).

Le retraité au courant de la situation selon José Perez

Sauf que, quelques jours plus tard, un retraité de Marmande a décidé de surenchérir pour faire l’acquisition à prix d’or, 11 050 €, d’une exploitation de près de 37 hectares, soit un peu moins de 3 centimes le mètre carré. Une aubaine pour n’importe quel investisseur sur ces terres agricoles non constructibles comportant aussi des bâtiments pouvant être rénovés à souhait.

Dès ce mercredi 2 juillet 2025, la Coordination rurale s’est alors dressé vent debout contre cet investisseur. « Je l’ai eu au téléphone dès le lendemain de sa surenchère », confirme José Perez, co-président de la CR 47.

« Il m’a dit qu’il savait très bien ce qu’il faisait et qu’il était au courant de toute l’histoire derrière cette ferme. À partir de là, j’ai estimé que nous n’avions plus rien à nous dire ».

Une version pourtant contredite par Maître Alexandre Novion, avocat de l’enchérisseur. « Il est très clair sur le fait qu’il ne connaissait absolument pas l’existence de ce petit-fils qui veut reprendre l’exploitation », a-t-il déclaré à nos confrères du journal Sud Ouest.

Dénouement le 7 octobre 2025 ?

Face à la pression, le potentiel acheteur a finalement fait part, ce vendredi 4 juillet 2025, de son souhait de se rétracter. « Je ne sais pas si on peut arrêter la procédure comme ça », tempère José Perez. « On est en train de voir avec nos avocats s’il existe un délai de rétractation ».

Le co-président de la CR 47 se satisfait de voir les effets de la pression populaire qui a émergé ces derniers jours. « Ce qui est sûr, c’est que ce surenchérisseur commence à se mordre les doigts de ce qu’il a fait au point de vouloir revenir en arrière ».
Reste donc à savoir s’il est légalement possible d’annuler cette surenchère. Dans un communiqué, la cour d’appel d’Agen a précisé que la procédure devait s’exercer « dans le respect des dispositions légales en vigueur ».

José Perez quant à lui, a les yeux rivés sur « la date du 7 octobre 2025. S’il n’y a pas eu de nouvelle convocation au tribunal de commerce d’ici là, la vente sera définitive ».

Par ailleurs et toujours avec nos confrères de Sud Ouest, l’avocat du retraité tient à déplorer les menaces dont son client a été la cible depuis plusieurs jours : « C’est bien l’histoire du petit-fils qui veut reprendre la ferme de son grand-père en non pas les menaces qui lui a fait revoir sa position. »

La détresse de la famille de Lucas

Des menaces pour lesquelles se couvre José Perez alors que l’avocat du retraité fait planer la menace d’une plainte. « Les renseignements territoriaux m’ont contacté pour me demander de calmer le jeu mais je ne suis pas responsable d’éventuelles menaces ».

Le syndicaliste en a profité pour rappeler la souffrance endurée par Lucas et ses proches, qui pensaient entrevoir le bout du tunnel : « la famille est bouleversée par ce qu’il s’est passé ces derniers jours ».

Le jeune agriculteur peut compter sur une solidarité qui perdure dans le monde paysan. Ce vendredi 4 juillet 2025, la cagnotte ouverte en son soutien culminait à quasiment 94 000 €.

« Je pense que les gens sont touchés par cette histoire et cela va bien au-delà du milieu agricole », explique José Perez.

Une importante somme qui pourrait permettre à Lucas d’appréhender sereinement le début de sa vie professionnelle. « Cette cagnotte va lui permettre de payer la propriété puis de démarrer la mise en culture et de s’équiper pour ces animaux ».

À moins que de nouveaux rebondissements n’interviennent d’ici là…

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