Notre article titré « Conflit de voisinage avec les pompiers, c’est le feu! », daté du 4 juin, relatait les tensions entre une partie des sapeurs-pompiers de Sanary d’un côté, et une mère (Karine) et son fils demeurant dans l’enceinte de la caserne, de l’autre.
Ces derniers, dont l’appartement se situe juste au-dessus de la salle de repos des secouristes, expliquaient « vivre un enfer » et subir depuis deux ans « tapage nocturne », « provocations » et « harcèlement », indépendamment, bien sûr, de l’activité normale d’une caserne.
« Et je ne parle que d’une minorité de pompiers avec qui ça se passe très mal… J’ai le plus grand respect pour cette institution, mais quand ça dérape, on doit pouvoir le dire! »
« Après plusieurs refus », explique encore Karine, elle est parvenue à déposer plusieurs plaintes et une enquête serait en cours.
Parallèlement, huit pompiers, ainsi que la direction du Service départemental d’incendie et de secours (Sdis), ont attaqué le jeune homme en justice, l’accusant d’avoir brisé la vitre de la salle de repos en janvier dernier et d’avoir proféré des menaces de mort.
Ces faits-là ont déjà été jugés, lors d’une audience qui s’est tenue ce 24 juin au tribunal correctionnel de Toulon.
Quand le maire s’en mêle
Au début du conseil municipal du 26 juin, au moment de donner diverses informations comme il en a l’habitude, le maire de Sanary a fait une déclaration pour le moins partisane au sujet de cette affaire, laissant même entendre que le dossier était clos: « Comme vous avez pu le lire dans la presse, la réputation des pompiers de Sanary a été récemment souillée par une plainte déposée par une habitante de la résidence située au-dessus de la caserne. Le 24 juin 2025, le fils de cette plaignante a été lourdement condamné pour s’en être pris aux pompiers en exercice et pour la dégradation volontaire de notre caserne municipale », a dit Daniel Alsters.
Et d’ajouter: « Par ailleurs, je vous informe de la décision du procureur d’abandonner la totalité des charges contre nos pompiers. »
Pas de poursuites pour les pompiers visés?
Revenue à leurs oreilles, cette déclaration a fait bondir Karine, son fils et leur avocate: « Cette information est erronée », commente Maître Laurie Franchitto, contactée par téléphone: « Lors de la plaidoirie, j’ai soulevé une exception de nullité de la procédure, puisque le parquet n’a pas été immédiatement informé du placement en garde à vue de mon client, comme le prévoit le code de procédure pénale. C’est un vice de procédure, et il a été reconnu par le tribunal! Mais, malgré cela, la magistrate a tout de même décidé de statuer sur le bris de verre: pour cela, uniquement, elle l’a condamné à six mois de sursis simple et l’obligation de rembourser les réparations. Il a en revanche été entièrement relaxé sur les injures et les menaces de mort. »
L’avocate et son client réfléchissent actuellement à faire appel de ce délibéré « en demi-teinte », selon elle. « Non, il n’a pas été condamné lourdement. Et oui, il a été relaxé en partie », resitue-t-elle.
L’avocate tique également sur la dernière phrase prononcée par l’édile: « En aucun cas, les plaintes de ma cliente contre les pompiers ne sont abandonnées. Nous aurions été informés d’un tel avis de classement sans suite. » Rien d’officiel, donc, pour l’instant.
Le pot de terre contre le pot de fer?
Un classement sans suite serait « intolérable » pour Karine, et reviendrait à dire que tous les faits reprochés à ses voisins les pompiers ne seraient que vues de l’esprit…
« Depuis deux ans, c’est l’histoire du pot de terre contre le pot de fer. Un pompier m’a dit un jour qu’ils étaient intouchables, de toute façon… Vous trouvez normal de devoir dormir dans sa voiture parce qu’on ne peut pas fermer l’œil chez soi? »
Elle rappelle pourtant qu’elle a des vidéos, des enregistrements et a même tout récemment fait dresser un constat d’huissier au sujet d’un volet en fer qu’on laisserait délibérément claquer quand il y a du vent, juste en dessous de leur logement… « Pour nous faire craquer! »
Pour autant, elle reconnaît que depuis la médiatisation de l’affaire, « les choses se sont un peu calmées, à part avec un pompier qui continue de nous provoquer. Mais mon fils, lui, a été condamné à six mois avec sursis, sur de simples déclarations et malgré un vice de procédure! Lui qui n’avait jamais eu de problème avec la justice! »
Elle assure encore être en contact régulier avec une enquêtrice de la police nationale « qui a enfin pris l’affaire au sérieux ».
Le Sdis veut l’apaisement
Cette résidente, qui se dit « épuisée physiquement et moralement » et à qui cette histoire a même valu sept jours d’ITT, soutient encore que « lors de la tentative de conciliation, des pompiers ont même confirmé au gestionnaire de la résidence les faits de harcèlement ».
Même si les soldats du feu incriminés faisaient l’économie d’un procès, plusieurs éléments laissent franchement à penser qu’il y a bien eu des abus de certains.
L’institution, d’ailleurs, joue la carte de l’apaisement (ce qu’elle confirmait dans notre article précédent). « Et je suis en contact avec des responsables de la caserne et du Sdis, qui me demandent de leur faire remonter tout nouvel incident », dit Karine. Ce que le Sdis confirme aussi.