La visite commence sur le pont du bateau, au milieu des cordes et des voiles. Devant quinze personnes, dont une dizaine d’enfants, Nathan, le guide du jour, dresse un sombre tableau : « Aujourd’hui, 425 millions de tonnes de plastique polluent les océans. C’est l’équivalent du poids de l’humanité tout entière. » Le jeune bénévole ajoute : « Les matières plastiques mettent jusqu’à 1 000 ans à se décomposer, et lâchent en se fragmentant des additifs très dangereux. »
Sensibiliser et faire réagir sur la pollution des océans, c’est l’une des missions principales du Kraken. Après des années à sillonner les mers pour ramasser les déchets qui y stagnent, le bateau se recentre aujourd’hui sur la rencontre avec les citoyens. À Marseille, « où l’eau est particulièrement souillée », précise Nathan, le Kraken restera tout le mois de juillet – d’abord sur le Vieux-Port (jusqu’au 13 juillet), ensuite à l’Estaque (du 14 au 21 juillet) et enfin au Frioul (du 21 au 31 juillet) – puis reviendra à la fin de l’été. Dans chaque port, des visites gratuites du bateau (dans le cadre de la manifestation Capital Bleu) sont organisées, sur inscription.
Réduire la production de plastique
Au cours de la visite, Nathan insiste : « Pour lutter contre la pollution plastique, le recyclage est nécessaire, mais pas suffisant. » En effet, seule une partie des plastiques utilisés au quotidien sont recyclables, et parmi eux, tous ne seront pas recyclés. Faute de pouvoir tous les gérer, la France exporte ainsi beaucoup de ses déchets vers des pays étrangers, parfois trop pauvres pour avoir des techniques de recyclage adaptées.
« La vraie solution de long terme, c’est de réduire notre production de plastique », ajoute Ophélie, chargée de projet pour Wings of the Ocean. Sur le bateau, la consommation de plastique est limitée au maximum, grâce notamment à l’achat de produits en vrac. Les équipes bénévoles analysent également les plastiques qu’elles retrouvent sur le littoral. Elles demandent ensuite aux entreprises dont ils sont issus de prendre des mesures concrètes pour limiter leur pollution, comme la mise en place de consignes.
De retour sur le pont après 40 minutes de visite, Aude, venue avec ses trois enfants, est ravie de son après-midi : « Les enfants ont adoré le bateau et ont été très intéressés par les explications. À la maison, on essaye de faire des efforts sur les déchets, ça va sûrement les motiver. » Enseignante à Marseille, Aude se promet de revenir à la rentrée avec ses élèves.
Les prochaines escales du Kraken : jusqu’au 13 juillet sur le Vieux-Port, du 14 au 21 juillet à l’Estaque, du 21 au 31 juillet au Frioul puis du 22 août au 29 septembre sur le Vieux-Port.