En France, depuis 1983, les ­Parisiens, Marseillais et Lyonnais expriment leur suffrage dans des conditions complexes et peu lisibles. Adopté en catastrophe à la fin de l’année 1982, et appliqué trois mois plus tard pour le scrutin municipal, le texte permettait à Marseille l’élection d’un maire minoritaire en nombre de suffrages. Par une réforme simple de retour au suffrage classique, comme dans les 34 952 autres communes, nous pouvons nous rapprocher des fondements de notre démocratie qui établit dans un principe cardinal l’égalité des citoyens : un citoyen, une voix.

Le Parlement a entamé l’examen d’une loi qui a créé il y a plus de quarante ans une exception électorale pour les trois plus grandes villes françaises, Paris, Marseille et Lyon. L’Assemblée nationale vient d’adopter un texte qui sera bientôt - et je le souhaite - amélioré par les sénateurs.

Une réforme bien accueille par les Français

La simplification de ce système obsolète trouve un consensus clair et large chez les citoyens concernés : les derniers sondages réalisés confirment que 91 % des Parisiens, 88 % des Marseillais et 81 % des Lyonnais se disent « favorables à une simplification du mode de scrutin de l’élection municipale ». Entendre et respecter cette volonté et engager une réforme législative est un signal démocratique puissant. Nos institutions et nos lois ne sont pas gravées dans le marbre, elles doivent savoir se moderniser, s’améliorer et évoluer.

Disons-le clairement : on ne peut à la fois déplorer la crise de la représentativité, l’éloignement, la déception et le désintérêt des électeurs envers la politique, l’essoufflement de nos institutions, et soutenir un système électoral biaisé.

Une relique du passé ?

Au moment où le nombre d’habitants à ­Toulouse va dépasser celui de Lyon, le critère de distinction des trois plus grandes villes de France posé il y a quarante-­deux ans ne vaut plus.

À l’heure où notre organisation territoriale s’apparente à un millefeuille indigeste, créant régulièrement des strates sans en supprimer aucune, démultipliant le nombre des élus en fractionnant leurs pouvoirs et donc leur responsabilité envers leurs électeurs, nous avons besoin de clarté.

Rien ne justifie, enfin, que le vote d’un électeur de Paris, Marseille ou Lyon ait un poids ­différent sur l’action municipale selon l’arrondissement où il réside.

Plus rien ne justifie que la voix d’un ­Parisien, d’un Marseillais ou d’un Lyonnais ne vaille pas celle d’un Bordelais, d’un Toulousain ou d’un Niçois. Rien ne justifie, non plus, que la liste arrivée en tête des suffrages ne bénéficie pas, comme dans la totalité des autres communes de plus de mille habitants, d’une majorité au conseil municipal, qui est la garantie d’une stabilité.

Rien ne justifie, enfin, que le vote d’un électeur de Paris, Marseille ou Lyon ait un poids ­différent sur l’action municipale selon l’arrondissement où il réside.

Une nouvelle loi visant à réunir

La seule boussole de nos institutions doit être le lien des élus aux citoyens, l’expression claire et intelligible du suffrage qui les unit. Cet enjeu dépasse les contingences locales et les calculs politiques. Les débats qui se sont tenus à l’Assemblée nationale cette semaine ont montré des divergences, entre les partis politiques et au sein de ceux-ci, concernant les modalités de révision de la loi PML. Le suffrage des citoyens ne peut et ne doit pas être l’otage du débat politicien. Seul compte l’objectif démocratique : simplicité, clarté, proximité.

Alors que nous sommes en première ligne, le premier et parfois le dernier lien des citoyens à leurs représentants, nous, maires, devons être renforcés dans nos compétences pour mener à bien notre travail quotidien, et continuer à tenir notre place particulière parmi les élus.

Respecter la voix de chacun, faire que la démocratie soit la même pour toutes et tous : c’est la demande des habitants de nos villes. Il appartient au Parlement de leur répondre. Il lui appartient de réparer cette anomalie démocratique et d’entendre les citoyens qui demandent à retrouver confiance dans des ­institutions plus agiles, modernes et qui savent les écouter.