Ah, les salons Air France, l’avion avec de larges fauteuils incroyablement inclinables, l’intimité, des écrans extra-larges, les embarquements à la dernière minute sans avoir à faire la queue, sans oublier les petits plats concoctés par des chefs étoilés servis en vol et bien d’autres privilèges encore… Vous y êtes en ce grand départ de vacances scolaires ? Non, hein ? Alors retour sur terre.
Si en vol, tout le monde est dans le même avion, tout le monde ne fait pas le même voyage. Pour certains – ceux qui voyagent en classe Premium, c’est-à-dire en classe Affaires et Première classe, et de plus en plus en Premium economy – la durée du vol semble bien plus courte, relaxante même. Oui mais voilà, cela a un coût : passer de la classe éco à la business voit généralement le prix du billet multiplié par quatre ou cinq, et selon la classe, par dix…
« Soutenir la solidarité internationale »
Ces passagers, la France compte bien les taxer une nouvelle fois, sachant que les billets d’avion ont déjà vu la taxe Chirac multipliée par trois en mars dernier. La France pense à présent, avec sept autres pays – le Kenya, l’Espagne, le Bénin, la Sierra Leone, la Somalie, les Barbade et Antigua-et-Barbuda – renforcer l’imposition du secteur aérien avec l’instauration « d’une taxe spécifique sur les billets de classe affaires et les jets privés ».
Objectif selon un communiqué de l’Elysée : « améliorer la mobilisation des recettes nationales des pays en développement et soutenir la solidarité internationale », notamment en ce qui concerne « l’adaptation aux changements climatiques ».
Les affaires, c’est les affaires
Mais taxer qui, en fait ? Si l’on devait établir le portrait-robot d’un voyageur en classe premium, voilà ce que cela donnerait, même si cela reste approximatif. Tout dépend en effet des compagnies choisies et des diverses classes qu’elles proposent, (affaires, cabine individuelle avec douche…). Mais aussi du type de vol effectué, (longue distance, très longue distance, intra-Europe), des pays de destinations et même de la saison (il y a moins d’hommes d’affaires dans les avions en été) constatait récemment Air France. S’ajoutent les tarifications à « tiroirs » qui se généralisent dans l’ensemble des compagnies aériennes, comme l’Economy confort chez Air France. Elle propose diverses prestations moyennant des suppléments qui peuvent rendre floue la frontière entre Economique et Premium, et donc le profil de sa clientèle.
Mais disons que le cœur de cible traditionnel des classes Premium, surtout en classe affaires, c’est incontestablement les voyageurs… d’affaires. Souvent envoyés par leur entreprise pour des vols long-courriers, ils recherchent du confort pour travailler ou se reposer, surtout s’ils doivent être opérationnels dès l’arrivée. Ils voyagent fréquemment, souvent avec des programmes de fidélité très avantageux. On trouve aussi des cadres, des dirigeants, des consultants, dont le billet est souvent facilité par des budgets plus élevés ou des accords d’entreprise avec les compagnies. Selon la Global Business Travel Association (GBTA), une majorité (81 %) déclare que les voyages d’affaires sont utiles pour atteindre leurs objectifs. Sachez que les passagers de première classe sont aux deux tiers des hommes et souvent des trentenaires bien tassés (38 % contre 31 % pour les autres), selon YouGov. Et puis bien sûr, on trouve des célébrités : sportifs, artistes, personnalités des médias, influenceurs. Leur profil, vous le connaissez.
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Les temps changent, et selon la GBTA, la classe Premium accueille de plus en plus de « simples » voyageurs fortunés, une clientèle attirée par l’expérience luxueuse, notamment sur les compagnies les plus Premium comme Emirates ou Singapore Airlines. Nouveauté aussi, les familles aisées qui partent en vacances. Certains choisissent la premium economy pour plus d’espace et de confort, surtout sur les très longs vols (vers les États-Unis, l’Asie). Viennent ensuite les petits malins, les utilisateurs de miles.
Et puis il y a les plus chanceux : les personnes surclassées. Cela peut arriver en cas de surbooking ou pour récompenser la fidélité d’un client. Certaines compagnies surclassent des passagers en échange d’un petit supplément. Mais n’est pas super chanceux qui veut : le plus souvent, ce sont des membres de programmes de fidélité de haut niveau à qui la chance sourit.