Cet été, Mubi rafraîchit. La plateforme de streaming phare des cinéphiles angle son regard avisé vers le sud. Une cité ensoleillée, qui surplombe la Méditerranée, déborde désormais sur les collections estivales de Mubi. Il s’agit de Marseille, bien sûr. Visite en huit films.

De toute évidence, le ciné club digital ne déçoit jamais. Son catalogue se veut riche mais tout en finesse, jonché de films aussi cultes que fugaces. On y trouve des audaces de passage, à regarder comme on choisirait instinctivement un film à l’affiche d’un cinéma, le temps de sa vie en salle. En ligne, le clic n’en est que plus facile. Si les membres se créent même leurs propres listes de lecture, comme des moodboards à pellicule esthétique, les collections signées Mubi nourrissent toute cinéphilie à l’infini. On pense à un best-of Passion Béatrice Dalle, à un spécial David Lynch, des rêves aux cauchemars, mais aussi, un concentré de fratries à l’écran, de Faux-Semblants de David Cronenberg à Incendies de Denis Villeneuve, ou encore, une trajectoire de chassés-croisés amoureux, de Matthias et Maxime de Xavier Dolan à Matt et Mara de Kazik Radwanski.

Si la famille et la romance se vivent tout au long de l’année, à la belle saison, on préfère des thématiques caniculaires, qui vibrent sous les rayons du soleil, à base d’intrigues qui tapent et de personnages qui nous échappent. Alors, Mubi sort, comme une évidence, Marseille, sa collection d’histoires phocéennes. Aperçu des huit films à regarder pour prendre le large sans se lever.

Marseille en trois décennies de pellicule

En 1981, René Allo narre la nostalgie de Marseille, cette ville qui le voit naître lui et ses ancêtres. Une généalogie remontée en plein soleil, dans la lumière qui réchauffe et le son des vagues qui berce. Il obtient le tendre documentaire L’Heure exquise, dont l’émotion, elle, semble arrêter le temps. Il n’y a pas meilleure amorce. En 1996, Claire Denis capture l’été rêvé de Boni, un Marseillais au caractère aussi bouillant que ses pizzas au feu de bois. Le port de Marseille, les camarades et Valeria Bruni-Tedeschi en boulangère de tous les fantasmes… Lorsque Nénette, la petite sœur du jeune homme, rentre à l’improviste avec un invité surprise, la ville prend une saveur douce-amer. L’année suivante, en 1997, direction le quartier de l’Estaque sur la pellicule de Robert Guédiguian. Là, Jeannette, mère, caissière et célibataire, ne se laisse jamais faire. Marius, lui, à la garde de la cimenterie, cherche des mots à dire pour la faire sourire. À deux, ils forment Marius et Jeannette, une romance en béton.

“Samia” de Philippe Faucon, 2000. © Mubi“Samia” de Philippe Faucon, 2000.

En 2000, la pluralité de Marseille est visée dans le mille. Ou plutôt, dans l’œil de Philippe Faucon. Avec Samia, il suit la quête identitaire d’une adolescente rebelle mais lucide, qui cherche sa place autant que sa famille d’immigrés dans la société. Quatre ans plus tard, Angela Schanelec fait rayonner Marseille dans son ambiguïté avec son film éponyme, ode aux insaisissables. En 2018, deux romances font monter la température. Un amour en période d’oppression dans le Transit de Christian Petzold, puis, un coup de foudre juvénile avec le césarisé Shéhérazade de Jean-Bernard Marlin, pour vaincre la violence sociale à coups de tendresse.

“Shéhérazade” de Jean-Bernard Marlin, 2018. © Mubi“Shéhérazade” de Jean-Bernard Marlin, 2018.

Plus frais encore, en 2022, Téo Laglisse sillonne en fisheye les rues sinueuses de Marseille, la jeunesse agitée et abonnée aux raves au premier plan, direction la mer. Il en obtient Virée sèche. Cet été sur Mubi, ces virées ensoleillées sont à portée.