Après les débordements de l’été dernier en Argentine, les Français suivent désormais un protocole beaucoup plus strict, découlant d’une charte signée par les joueurs.
Dans la droite ligne des engagements voulus par la Fédération et de la charte validée par les joueurs du XV de France depuis la tournée d’automne 2024, le nouveau « plan de performance » qui entoure les Bleus est évidemment poursuivi en Nouvelle-Zélande. C’est même là qu’il prend tout son sens. Du moins, qu’il est le plus attendu, et qu’il sera scruté de près, tant le dernier épisode estival, en Argentine, a laissé des traces douloureuses. Entre les propos racistes de Melvyn Jaminet, qui le rendent toujours inéligible à la sélection, et les arrestations d’Oscar Jegou et Hugo Auradou (lesquels furent blanchis depuis), la réputation du rugby tricolore avait été largement écornée. Obligeant le président de la FFR, Florian Grill, à opérer un sérieux tour de vis. Son vice-président Jean-Marc Lhermet et Fabien Galthié ont aussi été en première ligne sur ce dossier, afin d’éviter tout débordement à l’avenir. Récemment interrogé sur le sujet dans ces colonnes, le sélectionneur s’est voulu affirmatif : « Ce qu’on a vécu en Argentine a changé notre vie, notre fonctionnement et notre méthode : désormais, on travaille même aussi sur le programme d’après-match. Il faut bien vivre l’évènement mais il faut bien vivre, aussi, ce qui suit. L’image de l’équipe de France est trop importante. » Une sévère restriction d’alcool (qui a été banni du vestiaire par exemple) et un encadrement renforcé ont notamment été décidés. Cela suffira-t-il à éviter les comportements déviants ? Galthié en appelle à la responsabilité de ses hommes : « Le risque zéro n’existe pas mais dans la charte qu’il a signée, l’international français s’engage à ne pas le faire et on compte donc sur la maturité des garçons. (Il soupire) De toute façon, on ne peut pas leur interdire de sortir de l’hôtel. Ce serait ridicule… Une tournée, ce n’est certes pas un voyage de fin d’année mais c’est aussi de la découverte, de l’aventure, de l’échange… »
Les agents du Raid et Raphaël Ibanez
De manière concrète, plusieurs évolutions sont déjà notables du côté de la Nouvelle-Zélande. Sur le strict plan sécuritaire, et comme lors du dernier Tournoi des 6 Nations, où ils étaient même six, trois agents du Raid (Recherche, assistance, intervention, dissuasion) – qui portent un sac à dos, comme les joueurs, et se fondent ainsi dans la masse – accompagnent quotidiennement le XV de France. « On ne les voit pas, on les entend pas mais ils sont là, ils veillent », indiquait Raphaël Ibanez début mai dans Midi Olympique. Le manager, dont les prérogatives avaient été élargies au lendemain de la dernière Coupe du monde, qui est aussi de retour auprès de l’équipe nationale en déplacement dans l’hémisphère sud. Chargé d’appliquer le « plan de performance » et garant d’un certain état d’esprit, il fait office d’encadrant de la délégation bleue. Lui qui assurait aussi que ce protocole « liste les éventuelles sanctions en cas de sortie du cadre » mais que « les temps de convivialité existent encore en interne ». À la différence qu’ils doivent dorénavant rester beaucoup plus mesurés. Question de moralité, et de légitimé.