Alors qu’on discute ciné, notamment de ce qu’il a pensé du dernier film qu’il a vu – Julie (en 12 chapitres) de Joachim Trier –, Stanislas interrompt notre entretien et soupire : «Merde, je sais plus si j’ai fait la critique de celui-là sur Letterboxd… Ah je suis en retard !» Stanislas a 17 ans et, depuis deux ans, plusieurs fois par semaine, il alimente son compte Letterboxd «comme un journal de bord». «C’est presque une manie de collectionneur : je collectionne les films comme je pourrais collectionner les pierres.»

Pour ceux qui n’auraient pas suivi, Letterboxd est le réseau social des (jeunes) cinéphiles. La plateforme, créée en 2011 par Matthew Buchanan et Karl von Randow, puis acquise en 2023 par Tiny, une société de holding canadienne, permet de partager en ligne son goût du cinéma. Elle est aujourd’hui gérée par une petite équipe basée à Auckland, en Nouvelle-Zélande. Les utilisateurs y répertorient les films qu’ils ont vus, les évaluent d’une à cinq étoiles et peuvent rédiger un commentaire d’une longueur totalement libre. La version gratuite permet (avec pubs) de faire la critique d’un nombre illimité de films et d’accéder ou de constituer des «listes», à l’intitulé