La frontière n’est qu’à 147 kilomètres. Mais, alors, pourquoi fuir l’Italie ? “Parce qu’ici, en France, la vie est plus facile.” Au Jardin de ville, des joueurs de pétanque débattent d’un point controversé, deux amoureux se bécotent alanguis sur l’herbe, quatre cyclistes refont le plein, pendant qu’un groupe de jeunes dansent sur un morceau de rap autour d’une enceinte nomade. C’est la vie qui va. Une après-midi comme une autre dans une petite ville qui pourrait être italienne. Elle a un centre historique, un fleuve qui l’arrose, des montagnes tout autour : elle ressemble à Turin. Mais elle est différente. Pourquoi ?

“Je donne un exemple, confie Luciano Raso, ingénieur de 42 ans. Il faut que j’aille chercher mes enfants à l’école à 17 heures. Au boulot, ils me laissent m’organiser pour pouvoir sortir à moins le quart. Je vous en donne un autre : tout le monde ici se déplace à vélo, c’est plus tranquille et plus pratique, on ne perd pas de temps. Je vous en donne un troisième : je veux changer de boulot, je suis expert en gestion de données dans une multinationale, mais maintenant je voudrais me lancer un défi. Mon rêve, c’est de devenir facilitateur de communauté. J’ai présenté mon petit projet et j’ai obtenu de toucher toutes les indemnités de chômage en un seul versement pour