A l’occasion du 63e anniversaire de l’indépendance algérienne, le président Abdelmadjid Tebboune a refusé d’inclure Boualem Sansal dans la traditionnelle vague de grâces présidentielles du 5 juillet. Selon Le Parisien et l’AFP, les décrets publiés vendredi précisent que les personnes définitivement condamnées pour « atteinte à l’unité nationale » sont exclues de toute mesure de clémence. L’écrivain, emprisonné depuis mars et condamné à cinq ans de prison, reste donc incarcéré.

Cette décision met un terme aux espoirs, minces mais tenaces, nourris ces dernières semaines par ses proches, ses filles, et des responsables français. Le Premier ministre François Bayrou avait publiquement espéré « des mesures de grâce », qualifiant la détention de Boualem Sansal d’« insupportable ». Mais Alger n’a pas cédé.

Pas de pourvoi en cassation pour l’écrivain

« Ce n’est malheureusement pas une surprise », réagit Arnaud Benedetti, membre de son comité de soutien, cité par Le Parisien. « On est déçus et atterrés », ajoute Noëlle Lenoir, présidente du comité. La presse algérienne proche du pouvoir, notamment L’Expression, s’était montrée particulièrement agressive à l’égard de Boualem Sansal dans les jours précédant la décision.

Agé de 80 ans et atteint d’un cancer de la prostate, Boualem Sansal a choisi de ne pas se pourvoir en cassation après la confirmation de sa peine mardi. Ce choix permettait, sur le papier, de rendre possible une grâce présidentielle. Une option toujours envisageable pour raisons médicales, mais dont rien n’indique qu’elle sera utilisée par les autorités.

Un point de crispation entre Paris et Alger

La condamnation de Boualem Sansal repose sur des propos tenus en octobre 2024 dans le média d’extrême droite Frontières, où il affirmait que l’Algérie avait hérité, sous la colonisation française, de territoires appartenant historiquement au Maroc. Des déclarations explosives dans un contexte régional sous tension, et qui ont été interprétées comme une remise en cause de l’intégrité territoriale de l’Algérie.

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Son cas est devenu un point de crispation majeur entre Alger et Paris, dans un climat déjà dégradé depuis la reconnaissance par la France d’un plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental en juillet 2024. Depuis, les deux capitales se livrent à un bras de fer diplomatique marqué par des expulsions de diplomates et la suspension des coopérations bilatérales.