La Commission européenne attaque ! Le 6 mai, elle a dévoilé les premières lignes de son plan pour sevrer l’Europe du gaz naturel russe et priver Moscou des revenus que sa vente lui procure. Jusqu’ici, le combustible était préservé des sanctions. Il faut dire que la Russie représentait 45% des importations européennes de gaz naturel avant la guerre en Ukraine, et encore 19% en 2024 (32 milliards de mètres cubes par gazoduc et 20 milliards par voie maritime sous forme de gaz naturel liquéfié, ou GNL).


Pour en finir, Bruxelles veut prohiber la signature de nouveaux contrats et l’achat en spot d’ici à la fin de l’année et éliminer les contrats à long terme existants avant la fin 2027. Cela n’enchante pas tout le monde. Le méthane russe est bon marché. Outre-Rhin, l’éventualité d’une réouverture des vannes fait saliver une partie de l’industrie. En France, dans la perspective d’une paix en Ukraine, des énergéticiens comme Engie et TotalEnergies (qui ne se sont pas prononcés sur le plan de la Commission) avaient émis l’idée, en avril, d’un retour pérenne d’environ 70 milliards de mètres cubes de gaz russe. Soit un quart de la consommation européenne.


Dans les faits, il revient déjà. Les exportations vers l’Europe ont augmenté de 19% en 2024, notamment via la France, chiffre l’Institute for energy economics and financial analysis. De son côté, la Commission souligne que l’arrêt du transit via l’Ukraine, en janvier, s’est fait sans heurt majeur, alors que les règles de stockage et d’échanges entre les pays ont été renforcées. Un projet de production de gaz, Neptun Deep, arrive par ailleurs en 2027 en Roumanie et 14 unités de regazéification de gaz naturel ont été installées sur le continent en deux ans, dopant la possibilité d’importer du GNL, notamment des États-Unis. L’Europe table aussi sur la transition énergétique et sur la sobriété pour diminuer sa consommation de gaz. Une perspective dont certains doutent, sauf au prix d’une désindustrialisation massive. Bruxelles devra convaincre et mettre les moyens.


UN 3743Vous lisez un article de L’Usine Nouvelle n°3743 – Juin 2025

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