Après le décès de Serge Meckes dans l’incendie de sa cellule dimanche 29 juin à la maison d’arrêt de Strasbourg, sa fille Mareva a déposé une plainte. Elle dénonce un « abandon délibéré » de la part des surveillants de la prison.
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Anis Foucard
Publié le 5 juillet 2025 ·
Imprimé le 5 juillet 2025 à 08h16 ·
2 minutes
« Les surveillants l’ont laissé mourir. Ils ont attendu 20 minutes avant d’intervenir », affirme Mareva, âgée de 24 ans. Son père, Serge Meckes, détenu à l’Elsau depuis octobre 2024 et atteint de cécité, est mort dans l’incendie de sa cellule de la maison d’arrêt de Strasbourg dimanche 29 juin. Interrogée à ce sujet et encore sous le choc, la fille du défunt indique avoir porté plainte : « Je veux que les surveillants qui étaient là soient jugés. Même si on ne pourra jamais récupérer notre père. »
Plainte pour « non-assistance à personne en danger »
Le mercredi 2 juillet, Mareva a déposé plainte pour « non assistance à personne en danger » contre l’administration pénitentiaire. « Fin mai, mon père a tenté de mettre fin à ses jours avec un rasoir », explique-t-elle. La fille de Serge Meckes ajoute que les services pénitentiaires lui avaient assuré “redoubler de vigilance” après cet incident. Elle estime que le personnel de la prison n’a pas tenu ses engagements : « Ils l’ont mis seul et sans aide dans sa cellule… » Après avoir vu le corps de son père à la morgue, Mareva dit que le corps n’était plus reconnaissable : « Mon père est mort brûlé vif. Cela prouve qu’il n’a pas été pris en charge rapidement. »
L’avocate de Mareva, Me Sendegul Aras, précise qu’elle compte modifier la plainte pour la requalifier en plainte contre X. Le conseil de Mareva espère que les détenus seront aussi entendus par les enquêteurs au sujet des vidéos prises pendant l’incendie. Deux fichiers, que Rue89 Strasbourg a pu consulter, font penser aux prisonniers que les surveillants ont mis de la musique pendant que Serge Meckes était en train de brûler. Une version démentie par la communication de la Direction interrégionale des services pénitentiaires du Grand Est.
Des interrogations en suspens
Contactée, Sendegul Aras précise que la famille entend simplement connaitre les circonstances exactes de ce drame :
« Des interrogations restent en suspens. Si effectivement et comme l’avance la famille, Serge Meckes a déjà fait une tentative de suicide quelques semaines plus tôt et que cet évènement a été porté à la connaissance des autorités administratives et judiciaires, un signalement a-il été fait à l’unité sanitaire de la prison pour une vigilance accrue avec un éventuel placement en Cellule de protection d’Urgence (CProU) et/ou une demande de SDRE (Soins Psychiatriques sans consentement) ? »
Me Sendegul Aras
Une manifestation est prévue samedi à 14h devant la prison de l’Elsau en hommage à Serge Meckes. Le rassemblement met aussi en avant les revendications de prisonniers pour de meilleures conditions de détentions. Mareva demande à ce que la manifestation reste pacifique : « Je ne veux pas qu’il y ait de casse ni de violence… »
Y aller
Rassemblement pour le respect des droits des prisonniers, samedi 5 juillet à 14 heures devant la maison d’arrêt, 6 rue Engelmann à Strasbourg – Elsau.