Par

Jessie Leclerc

Publié le

5 juil. 2025 à 9h00

Quand le mercure grimpe, les animaux aussi souffrent. À Rouen, sur l’Île Lacroix, la SNPA (Société Normande de Protection des Animaux) redouble d’efforts pour protéger ses pensionnaires. Des astuces sont trouvées pour que chats et chiens supportent au mieux ces dures journées. Nous nous sommes rendus sur place.

La chaleur : un défi de taille

Alors, que les étés sont de plus en plus rudes, tout est mis en œuvre pour apporter un peu de fraîcheur aux chiens et chats de la SNPA. Le refuge a d’ailleurs de nombreuses astuces. Toutes ont été bien utiles lors des fortes chaleurs de ces dernières semaines.

Valérie Dève, directrice générale de l’association, nous les liste :

  • Renforcement des tournées d’eau : « Les gamelles sont vérifiées plus souvent. »
  • Passage au tuyau pour rafraîchir en « pluie fine ».
  • Petites piscines « dans des coquilles en plastique ».
  • Piscine gonflable installée lors des pics de chaleur : « On l’a eu il y a 15 jours et elle fait le bonheur de certains chiens. »
  • Voiles d’ombrage : « On les met dans l’allée la plus large et la plus ensoleillée, celle de la fourrière. Il y en a 12/13 et ça permet de limiter l’impact direct du soleil. »
  • Grilles et sols arrosés régulièrement pour limiter la chaleur du bitume.
  • Climatisation et volets fermés dans le local des chats : « On a fait un trou dans le mur pour emboîter la gaine de sortie de la clim, c’est efficace. »
  • Un système de brumisation dans l’entrée : « C’est dommage, car les chiens n’ont pas l’air de vraiment aimer, mais ce sont des petits jets le long du mur. »
  • Une serviette humide dans les boxes.

Pour les plus fragiles et s’il y a des complications, l’infirmerie, toujours fraîche, reste ouverte. « On est hyper vigilants, assure la directrice. Parfois les chiens veulent rester au soleil, mais on les pousse gentiment à l’ombre. »

Les animaux ne régulent pas la chaleur comme les humains. Aussi est-il important de prendre certaines précautions. « Nous, on suspend les balades quand il fait trop chaud. Les chiens suent par les coussinets, et en contact avec le goudron, ça peut les brûler et les faire suffoquer, détaille Valérie. Donc tout le monde reste au repos, c’est préférable. »

Les animaliers, ces héros de l’ombre

Sept animaliers assurent, tous les jours, les soins, nettoyages, sorties et câlins. En pleine chaleur, eux aussi subissent. « En tant qu’employeur, on doit prendre soin des animaux, mais aussi de leurs nounous, sourit la gérante. On leur donne des glaces et ils peuvent utiliser les tuyaux et brumes. »

Pour qu’ils soient moins sollicités, depuis le mois de mai 2025, la SNPA ouvre uniquement sur rendez-vous la semaine. « Les animaliers ne sont plus dérangés », raconte Valérie. Mais les bénéfices sont aussi bons pour les chiens : « Ils sont moins stressés par les allées et venues, moins énervés », chose d’autant plus importante en cas de forte chaleur.

La directrice rappelle que « le refuge n’est pas un zoo où l’on peut voir les chiens comme ça avec ces enfants, juste pour les regarder… Ça n’a rien de pédagogique ».

Un été sous tension… mais pas seulement

« Depuis le Covid, les abandons explosent », déplore Cécile Royer-Martin, vice-présidente de la SNPA. « En mars [2024] on a même eu un triste record à 10 abandons dans la même journée », enchaîne Valérie.

Et la liste d’excuses est longue comme le bras : perte d’emploi, nouvel emploi, déménagement, naissance, divorce, trop vieux, trop malade ou « un cadeau de Noël dont l’enfant ne s’occupe plus ». Et que dire des chiens errants dont le propriétaire ne vient jamais réclamer la garde ?

Plus de 110 ans d’histoire

La SNPA a vu le jour en 1911, à l’époque où les chiens et chats étaient récupérés à la carriole, attachés à des piquets, une simple gamelle pour tout confort. Non liée à la SPA, l’association indépendante est l’un des plus grands refuges pour chats et chiens de la région et l’un des seuls de France à faire également fourrière, le tout, pour une quarantaine de communes de la métropole de Rouen.

Aujourd’hui, le refuge accueille plus de 90 chiens et jusqu’à une cinquantaine de chats, sans compter les familles d’accueil qui prennent soin des chatons et des animaux en convalescence.

Pour autant, l’avenir de la SNPA reste incertain. « Malgré des alertes envoyées aux collectivités, nous n’avons pas d’appui de la Métropole ou des communes. Nous vivons grâce aux dons et aux legs », se désole Valérie Dève.

L’adoption, un vrai engagement

Ce qui énerve l’équipe du refuge, c’est « l’immaturité » de ceux qui abandonnent. « Ils prennent un chiot car c’est mignon, mais ils ne l’éduquent pas, ne posent pas de cadre. Et quand le chien grandit, ils sont dépassés », souffle la directrice.

La loi impose un délai de sept jours, avant toute adoption. À la SNPA, « on demande aussi aux gens de venir promener le chien trois fois avant de l’adopter », explique Valérie.

Malgré ça, des chiens sont retournés chaque année, tel un vêtement dont on ne veut plus. « C’est irrespectueux… Le box pour eux, c’est un traumatisme », s’émeut-elle.

Certains chiens restent de longues années au refuge. Ralf, l’un des doyens du refuge y est depuis sept ans. « On ne pratique pas l’euthanasie, mais, en partenariat avec 30 Millions d’Amis, on propose l’opération Doyens », conclut Valérie. Il permet d’adopter l’animal à moindre coût et de disposer d’une enveloppe de 800 euros en cas de passage chez le vétérinaire.

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