Pour sa première soirée au sein de La Citadelle, dans un cadre exceptionnel, au sein de la cour du fort transformée en salle de spectacle avec la scène installée sous un arbre, le festival Marseille Jazz des Cinq Continents recevait Tigran Hamasyan. Le surdoué était déjà venu au festival marseillais à l’âge de 13 ans. Il a commencé le piano à 3 ans et aujourd’hui, à même pas 40 ans, il est l’auteur de 12 albums.

Il présentait ce vendredi 4 juillet son dernier opus The Bird of a thousand voices, un album aux allures d’opéra moderne inspiré d’un conte mythologique initiatique arménien. La légende d’un oiseau dont le chant divin et envoûtant a le pouvoir de ramener l’amour et la paix. Mêlant des sonorités jazz, rock proches du métal, et des notes mélodiques traditionnelles arméniennes, Tigran emmène le public dans son univers, tel un gourou vêtu de noir. Marc Karapetian à la basse, son frère Yessaï Karapetian aux claviers et au duduk (instrument de musique arménien), et Arman Mnatsakanyan à la batterie l’accompagnent dans cette odyssée musicale extraterrestre qui démarre par le titre éponyme de l’album. 

Du duduk au métal, du jazz au hard rock

Sons électros méditatifs, voix envoûtante, notes de duduk : Tigran joue avec sa table de mixage, tenant le public en apesanteur, avant de se mettre au piano. Ses notes douces s’envolent dans l’air quand la batterie prend le relai pour entraîner la formation dans une montée en puissance rock proche du métal dans le morceau The Curse. Une puissance qui se poursuit sur The Quest Begins ou encore Red,White and Black worlds. C’est bien là que réside le côté ovni de Tigran Hamasyan. Dans ce mélange des genres très personnel et envoûtant. Du duduk au métal, de la tradition à la modernité, du jazz au hard rock. Avec une virtuosité exemplaire et une émotion sensible où la mémoire de son pays natal résonne avec délicatesse. Comme dans ce sublime solo au piano offert après deux standing ovation du public, pour finir avec passion cette soirée suspendue.