Le soleil, la mer, la montagne, les grasses mat’, les copains… et parfois un peu de travail et de révisions. L’été n’est pas toujours synonyme de déconnexion pour les 12 millions d’élèves français. Leur temps scolaire à peine terminé, beaucoup retrouvent à la maison des maths, du français ou plus généralement des exercices. Le tout dans les désormais célèbres « cahiers de vacances », en vente un peu partout depuis un bon mois.

Mais est-ce une si bonne idée de proposer, voire imposer, ça à son enfant ? Nous vous avons posé la question dans un appel à témoignage et… rares ont été les parents à avouer s’en passer. Fabien en fait partie, lui qui en garde certainement un petit traumatisme. « Je ne fais pas faire de cahier de vacances à mon fils. Il a 7 ans et est en CP. J’ai trop le souvenir des étés passés à devoir faire des exercices pour aller jouer après », a-t-il écrit à 20 Minutes. « Avec ma compagne nous privilégions plutôt les sorties (musées, visites etc.) ou bien les jeux que l’on ne peut pas toujours faire dans l’année. Nous voyons les vacances comme un autre temps, une autre façon d’apprendre. »

Des arguments également avancés par Benjamin. « Les vacances sont faites pour se vider la tête. C’est l’occasion de faire d’autres choses pour se cultiver : rencontrer du monde, jouer, lire, aller au musée, faire des châteaux de sable… Un petit cahier de jeux ou d’énigmes éventuellement, mais rien de trop scolaire », indique-t-il quand Manue avance un autre motif de non-achat.

« J’ai déjà pris des cahiers de vacances, mais mon fils ne les finit jamais », justifie-t-elle. « Je pensais que ce serait bien pour lui de travailler un peu, mais au final, ça ne servait pas à grand-chose. Et je me rends compte cette année qu’il a vraiment besoin de vacances. Il est en sixième, l’année a été très dure donc je vais le laisser tranquille. Je ne vais pas le forcer […] Quand un enfant ne veut pas, ce n’est pas la peine de le forcer au risque de le dégoûter de l’école. Il y a eu des devoirs toute l’année, je pense que c’est suffisant. »

« Un hobby, rien de plus ! »

Qu’en disent les experts ? La psychanalyste Véronique Salman ôte déjà toute culpabilité aux parents qui feraient ce choix. « A la place d’en acheter un, ils peuvent tout autant aller avec leur enfant reconnaître les champignons », explique-t-elle en minorant le rôle de ces cahiers de vacances. « Ils doivent avant tout être vus comme des passe-temps, au même titre qu’un sudoku ou des mots fléchés chez l’adulte. Comme un hobby, rien de plus ! »

L’autrice de Je me libère du passé, comprendre ses erreurs pour ne plus les répéter met en avant les risques d’abuser de ces cahiers de vacances, souvent contre la volonté des enfants. « Ça ne va pas forcément les dégoûter du travail scolaire, mais de l’injonction, ce qui est pire. Et alors ils ne les écouteront plus et n’en feront qu’à leur tête. »

La psychanalyste ne déconseille pas pour autant l’achat des fameux « Passeport » et autres « Nathan vacances ». « C’est un outil intéressant et stimulant, mais il y en a d’autres. Ça sert souvent aux parents qui croient pouvoir compenser les lacunes de l’année pour leur enfant. Ça leur permet alors de se rassurer et de se dire qu’ils sont de bons parents. Et le gros problème, c’est qu’ils font souvent les exercices à la place de l’enfant… » Alors le cahier perd tout son sens et… plus personne n’est en vacances.