Trois ans après un accident de moto qui lui a coûté l’usage de sa main droite, Mathys Mausole s’impose comme l’un des talents prometteurs du handigolf français. À 21 ans, son ascension impressionne autant que sa détermination inspire.
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Tout commence par un choc. Celui du bitume. Le 25 juin 2022 à Bordeaux, Mathys est passager à moto quand l’accident survient. Le bilan est lourd : fracture ouverte du coude, de l’avant-bras et de la pommette. Mais surtout, un syndrome des loges aigu, qui impacte gravement la vascularisation de sa main droite, pouvant aller jusqu’à l’amputation. Vingt-deux opérations suivront.
Ses projets volent en éclats. Fini le rugby, qu’il pratiquait depuis l’enfance. Fini aussi, le rêve de devenir infirmier : « j’ai dû accepter que ma motricité ne me permettait plus de poursuivre une carrière dans le paramédical, un domaine qui m’était cher », regrette-t-il.
Mathys dans son lit d’hôpital en été 2022
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© France 3 Aquitaine
À la rentrée 2023, Mathys entame une réorientation, dans des études de finance dans l’immobilier. Durant un stage dans une agence à Bordeaux, il rejoint son directeur dans son bureau et aperçoit un tapis de putting au sol. Par jeu, il saisit un club : » Mathys s’y est essayé, sans réel succès. Alors je lui ai proposé de venir essayer sur un vrai practice », se souvient Jean-Baptiste Josselin.
Poussé par un mélange de frustration et de défi personnel, Mathys se rend sur un terrain de golf le week-end suivant. Les premiers coups sont compliqués, mais l’envie est là. Très vite, cela devient obsession. Le jeune Bordelais s’entraîne chaque jour, s’équipe d’une attelle sur mesure pour pouvoir maintenir son club en main. Les sensations reviennent, le plaisir aussi : « le golf a vraiment émergé comme un moyen de me dépasser à nouveau, c’est un sport compatible avec mon handicap ».
Peu à peu, Mathys découvre l’univers du handigolf, s’inscrit à des tournois dans sa catégorie, et se fait remarquer par ses performances. Son engagement, sa progression rapide et sa rage de vaincre attirent l’attention.
Jusqu’au jour où Béatrice Pavon croise son chemin. Ancienne joueuse professionnelle, aujourd’hui coach, elle est aussi la mère du numéro un français de golf, Matthieu Pavon. Leur premier échange a lieu par téléphone, après qu’un ami commun lui a parlé du jeune Bordelais : « je me souviens d’un garçon hyper motivé, qui n’attendait pas qu’on le plaigne. Il avait une vision, une envie. J’ai voulu le rencontrer, il m’a bluffée », se rappelle-t-elle.
Le rendez-vous est fixé sur un practice. Béatrice observe, corrige, conseille. Rapidement, elle comprend qu’il s’agit plus qu’un simple coup de cœur sportif.
Le projet, il est magnifique. Il est ambitieux. C’est une façon à lui de se sauver.
Béatrice Pavon
Coach de Mathys Mausole
Béatrice Pavon, auprès de son élève
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© France 3 Aquitaine
Si Mathys avance, c’est aussi grâce aux siens. Ses amis proches ne l’ont jamais lâché, présents lors des rééducations, des premiers swings, et des premiers tournois. Et surtout, sa mère, pilier indéfectible depuis l’accident. « On éprouve une grande fierté en tant que parent. Ca a été un chamboulement du jour au lendemain et le voir épanoui aujourd’hui, après cette épreuve, c’est magnifique », confie-t-elle. Le golf a changé la trajectoire de son fils, mais c’est sa force de caractère qui l’emmène, chaque jour un peu plus loin.
Mathys Mausole ne compte pas s’arrêter là. Son but est clair, rejoindre l’équipe de France de handigolf, et si la discipline est retenue, représenter la France aux Jeux paralympiques de Brisbane en 2032 : « mon objectif est de devenir l’un des meilleurs golfeurs handisport de haut niveau », affirme-t-il avec assurance.
En mai 2025, Mathys est devenu vice-champion de France dans sa catégorie en net. Son rêve n’est plus très loin.