Leurs pères sont arrivés du Maroc dans les années 1960 pour construire la France, alors en plein chantier pour étendre sa capacité de logement. C’est le cas de Mohammed Ouati, dont le papa a débarqué à Quimper (Finistère) le 28 mars 1964. Ils étaient plusieurs maçons venus d’Oran avec le père et les oncles de Kader El Ouarichi, mais aussi Abdelkader Ben Omar, Mohamed Al Bouazzati…

photo au consulat général de rennes, le nantais larbi alouane a reçu des mains de la consule générale myrieme taleb la médaille du mérite du royaume du maroc.  ©  ouest-france

Au consulat général de Rennes, le Nantais Larbi Alouane a reçu des mains de la consule générale Myrieme Taleb la médaille du Mérite du royaume du Maroc. Ouest-France

« C’était un jour férié. L’employé de l’entreprise de bâtiment qui devait venir les chercher pour construire le quartier de Kermoysan n’est jamais arrivé, retrace Mohammed Ouati. Deux policiers se sont demandé qui étaient ces étrangers : c’était les huit premiers Marocains de Quimper ! Les bonnes sœurs les ont nourris, leur ont offert une douche et trouvé une chambre d’hôtel. Nous les enfants, on a eu une belle jeunesse. On ne remerciera jamais assez les profs qui nous ont instruits : grâce à eux, on a réussi notre vie. Nos parents ne parlaient et n’écrivaient pas le français, ils étaient analphabètes. Mais ils nous ont appris à tout faire pour être intégrés. On est Breizh-Marocains ! »

Lire aussi :  « Kermoysan, ce quartier de Quimper (Finistère), ce sont nos pères qui l’ont construit »

Ces hommes de Quimper et partout en France, et leurs femmes qui sont parfois arrivées ensuite, seraient restés dans l’anonymat si le roi Mohamed VI n’avait pas tenu à les saluer. C’est chose faite depuis le jeudi 3 juillet 2025. Une cérémonie d’hommage aux premières générations d’immigrés marocains venus en France dans les années 1950 et 1960 a eu lieu au consulat général marocain de Rennes (Ille-et-Vilaine) comme dans les seize autres en France et l’ambassade du Maroc à Paris.

« Cet hommage est important car il traduit les liens d’amitié ancestrale franco-marocaine et porte un message de reconnaissance pour cette génération et les futures », souligne Myrieme Taleb, consule générale du royaume du Maroc à Rennes. Les Marocains sont l’une des plus importantes communautés d’origine étrangère dans l’Ouest : environ 65 000 ressortissants, dont 22 000 en Bretagne.

photo le nantais larbi alouane, 85 ans, investi notamment à travers l’association français immigrés 44, qui a été mis à l’honneur.  ©  ouest-france

Le Nantais Larbi Alouane, 85 ans, investi notamment à travers l’association Français Immigrés 44, qui a été mis à l’honneur. Ouest-France

photo myrieme taleb, consule générale du royaume du maroc à rennes.  ©  ouest-france

Myrieme Taleb, consule générale du Royaume du Maroc à Rennes. Ouest-France

photo l’organisation de la coupe d’afrique des nations (can), entre décembre 2025 et janvier 2026, est mise en valeur à l’accueil du consulat général du maroc, à rennes.  ©  ouest-france

L’organisation de la coupe d’Afrique des Nations (CAN), entre décembre 2025 et janvier 2026, est mise en valeur à l’accueil du consulat général du Maroc, à Rennes. Ouest-France

À Rennes, c’est le Nantais Larbi Alouane, 85 ans, investi notamment à travers l’association Français Immigrés 44, qui a été mis à l’honneur. Ce Marocain originaire d’Agadir est venu en Europe dès 1960, passant d’abord par les Pays-Bas avant de venir en France travailler dans l’industrie automobile. « J’ai grandi à Casablanca, avec des Français, avec des Juifs. Nous n’étions pas malheureux, se souvient Larbi Alouane. Je suis arrivé à Nantes en 1970. J’ai été pendant 24 ans délégué syndical. Je remercie la France pour son accueil. Pour moi, vivre à Nantes et au Maroc, c’est pareil ».

photo l’accueil du consulat général du royaume du maroc, à rennes.  ©  ouest-france

L’accueil du consulat général du royaume du Maroc, à Rennes. Ouest-France

Devant une cinquantaine d’invités, Myrieme Taleb lui a remis la médaille du Mérite du royaume du Maroc et des billets d’avion pour s’y rendre. «Cette première génération a contribué de manière décisive à l’essor économique de la France et au développement du Maroc, explique la consule. Au-delà de l’immigration de travail, la relation entre le Maroc et la France s’enracine dans une histoire humaine et concrète. » Pour la consule, c’est aussi « offrir aux générations actuelles un modèle de résilience et de dignité ». Mohammed et Larbi en avaient les larmes aux yeux.