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Antoine Grotteria

Publié le

5 juil. 2025 à 16h26

Florence affiche une certaine sensibilité. Pour cette retraitée qui habite à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), le moment s’articule à d’intenses souvenirs familiaux. Près d’un demi-siècle après que son défunt père a travaillé à dépolluer la Seine au sein de la Compagnie générale des eaux (CGE), la sexagénaire va se baigner pour la première fois dans le fleuve. « C’est très émouvant. Moi qui nage régulièrement, j’attendais cette réouverture depuis longtemps ». Elle, comme plusieurs curieux, Parisiens et touristes, ont officiellement lancé la saison estivale du site de baignade situé dans le quartier de Bercy (12e), en face de la bibliothèque nationale François-Mitterrand, ce samedi 5 juillet 2025. Avec ses deux bassins, la zone se révèle la plus grande de la capitale avec une capacité d’accueil de 300 personnes dans l’eau et 700 en ajoutant le solarium. Il devance ainsi le bras Marie (4e) et le bras de Beaugrenelle (15e). Pour cet événement historique qui s’est déroulé un an après les Jeux olympiques et paralympiques (JOP) – et dont la dernière trace remonte à près d’un siècle – actu Paris a revêtu un maillot de bain.

Une zone très sécurisée

Avec une longueur de 67 mètres et une largeur de 10 mètres, le principal bassin à Bercy forme un rectangle propice aux longueurs. Contrairement aux deux autres sites, ce dernier est protégé par des barrières de protection latérale. Trois maîtres-nageurs en tee-shirt jaune et short rouge surveillent constamment les mouvements des nageurs. Un bateau de la brigade fluviale circule également afin de s’assurer qu’aucune personne ne se trouve en difficulté.

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Dans ce cadre, plusieurs échelles ont été disposées afin de permettre aux nageurs de remonter sur le ponton. Avant de descendre par un escalier dans la Seine, aucun test de natation, un prérequis pourtant annoncé, n’a été administré à l’écart du rectangle aquatique. Ce qui explique la présence obligatoire d’une bouée de sauvetage jaune reliée à un cordon. Même la ministre des Sports Marie Barsacq, équipée d’une combinaison, et l’adjoint à la maire de Paris chargé des Sports, Pierre Rabadan, ont respecté ce protocole lors de leur courte baignade. En revanche, la maire Anne Hidalgo ne s’est pas baignée.

En immergeant les jambes dans la Seine, une impression de douceur traverse le corps. Le thermomètre de l’eau est à 24 degrés. De quoi satisfaire Bachir, venu de Sucy-en-Brie (Val-de-Marne).

« C’est la première fois que je me baigne dans la Seine, c’est beaucoup plus agréable que je ne pensais »

Bachir, 21 ans
Habitant de Sucy-en-Brie (Val-de-Marne)

« Elle est super bonne. On reviendra », lance extatique Servane, une Parisienne qui a profité de l’ouverture pour se rafraîchir après un footing avec son conjoint.

Le principal bassin du site de Bercy s'étire sur 67 mètres de long. La zone peut contenir jusqu'à 300 personnes en mode baignade.
Le principal bassin du site de Bercy s’étire sur 67 mètres de long. La zone peut contenir jusqu’à 300 personnes en mode baignade. Des bouées jaunes sont accrochées à la ceinture des nageurs. (©AG/ actu Paris)Drapeau vert

La qualité de l’eau devait également être passée au peigne fin. Car la spécificité du réseau à Paris reste le mélange entre les eaux usées et les eaux de pluie. Lorsque la pluie tombe, l’eau de la Seine se détériore. Cette configuration avait notamment perturbé les épreuves olympiques de triathlon en 2024. En cause, les bactéries Escherichia Coli et les entérocoques intestinaux, présentes en quantités supérieures aux normes en vigueur, selon l’Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France.

Ce samedi 5 juillet, tous les voyants étaient au beau fixe, du débit à la qualité de la substance chimique. Sous un soleil voilé et peu entravé par le vent, les conditions étaient réunies pour nager dans une eau « douce et chaude », selon le constat partagé par beaucoup. Avec quelques interrogations. Car en plongeant la tête, une couleur trouble saisit le regard. Elle correspond à la vase et aux plantes qui prospèrent dans l’écosystème du deuxième plus long fleuve de l’Hexagone, derrière la Loire.

Avant d'entrer sur le site, un panneau d'informations.
Avant d’entrer sur le site, un panneau d’informations. (©AG/ actu Paris)

« Si on va dans l’océan, c’est également sale. Donc ça reste une expérience assez agréable, même si on n’a pas autant de liberté que dans une zone libre », confient Louis et Mishka, deux adolescents assis sur un transat.

« On a confiance dans les pouvoirs publics. Si tu te poses la question de la qualité de l’eau, tu dois aussi te poser celle de la qualité de l’air. Donc tu ne respires pas ? »

Louis
Habitant de Paris

Considérée comme un héritage des JOP, la réouverture de la baignade dans la Seine a coûté 1,4 milliard d’euros. Et le travail du stockage des eaux usées se poursuit près de la capitale. En 2026, d’autres sites pourraient accueillir les baigneurs. En attendant, les quais de Bercy ouvriront tout l’été de 11 heures à 21 heures.

Le deuxième bassin du site de Bercy se situe de l'autre de la passerelle Simone-de-Beauvoir.
Le deuxième bassin du site de Bercy se situe de l’autre de la passerelle Simone-de-Beauvoir. (©AG/ actu Paris)

Les Franciliens peuvent également se rendre dans le Val-de-Marne, à Joinville-le-Pont ou Maisons-Alfort, pour se baigner dans la Marne. L’entrée y est payante, contrairement à la Seine.

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