Rester immobile face à un T. rex aurait été une très mauvaise idée
Le légendaire Tyrannosaurus rex occupe une place importante dans le film, notamment dans une scène iconique où Grant affirme que le terrifiant superprédateur “ne peut pas les voir s’ils ne bougent pas”. Cette séquence est certes extrêmement mémorable… mais elle est aussi très irréaliste.
On sait aujourd’hui que le T. rex possédait un arsenal sensoriel très développé, comprenant une vision binoculaire peut-être dix fois supérieure à celle des humains, selon certaines estimations. Tout indique qu’il était capable de traquer ses proies dans un environnement complexe, peut-être même dans des conditions d’éclairage peu favorables — et ce, même si elles restaient parfaitement immobiles.
Certes, certains reptiles modernes comme les caméléons sont spécialisés dans la détection du mouvement et ne réagissent pas toujours bien aux objets statiques. Mais cela ne signifie pas pour autant qu’ils en sont incapables. En résumé, il n’existe absolument aucune preuve que le T. rex ne pouvait pas percevoir un animal immobile.
Des vélociraptors très mal représentés
Les Velociraptors font partie des dinosaures les plus connus de tous, en grande partie grâce à leur rôle central dans le film… mais ils y sont notoirement mal représentés.
Cela commence par leur anatomie. Dans l’œuvre de Spielberg, ce sont de grands prédateurs d’environ deux mètres de haut, alors que les vrais Velociraptors étaient beaucoup, beaucoup plus petits : les fossiles montrent qu’ils étaient à peu près de la taille d’une dinde et ne dépassaient probablement pas la vingtaine de kilogrammes. À ce niveau, les raptors du film ressemblent bien plus à des espèces comme Utahraptor, une véritable machine à tuer.
Au-delà de leur apparence, ils n’étaient probablement pas aussi intelligents que le film le laisse entendre. Certes, ils possédaient un cerveau relativement développé, mais des estimations récentes suggèrent que leur intelligence était comparable à celle de grands oiseaux modernes comme les émeus. Ils étaient donc vraisemblablement incapables de tendre des pièges, d’ouvrir des portes ou de coordonner des attaques complexes. D’ailleurs, leur supposée propension à chasser en groupe n’a jamais été rigoureusement démontrée.
Dilophosaurus ne crachait pas de venin
Le Dilophosaurus fait également partie des espèces mal représentées. Dans le film, il est montré comme un petit dinosaure capable de cracher du venin pour aveugler ou neutraliser ses proies — mais cette capacité est très probablement une pure invention.
Certains reptiles modernes, comme les cobras du genre Naja ou les lézards à collerette, sont effectivement capables de projeter du venin. Mais cela repose sur la présence de structures anatomiques spécialisées, comme des glandes à venin, que l’on ne retrouve sur aucun fossile de Dilophosaurus — ni d’ailleurs sur aucun autre dinosaure non avien.
Et ce n’est pas la seule liberté prise avec la réalité. On estime aujourd’hui que le vrai Dilophosaurus mesurait entre 6 et 7 mètres de long, soit bien plus que celui représenté dans le film. Quant à sa célèbre collerette, elle semble avoir été inventée de toutes pièces, probablement inspirée par certains lézards modernes — les mêmes qui, justement, peuvent cracher du venin.
Où sont les plumes ?
Dans Jurassic Park, plusieurs théropodes emblématiques — Velociraptor, Dilophosaurus, T. rex — sont représentés avec une peau lisse et écailleuse, à la manière des reptiles modernes. Mais cette représentation omet un élément essentiel aujourd’hui bien établi : les plumes.
On sait désormais, grâce à des fossiles très bien conservés, que Velociraptor était presque entièrement recouvert de plumes, du museau jusqu’au bout de la queue. Visuellement, ils ressemblaient donc bien plus à des oiseaux à longues pattes qu’aux prédateurs reptiliens du film.
Une représentation plus réaliste d’un Velociraptor par le paléoartiste Fred Wierum. © Fred Wierum – Wikimedia Commons
Cela vaut aussi pour Dilophosaurus, et peut-être même pour le célèbre Tyrannosaurus rex, du moins à l’état juvénile. De nombreux dinosaures carnivores, dont des ancêtres ou des cousins du T. rex, possédaient des proto-plumes — des structures filamenteuses rudimentaires, ancêtres des plumes modernes. Même si les adultes n’en étaient pas forcément couverts entièrement, leur apparence devait être bien différente de celle, purement reptilienne, montrée dans le film.
Du grand spectacle pour susciter des passions
Ces incohérences sont souvent relevées par les spécialistes et les passionnés de dinosaures, qui regrettent parfois ce manque de rigueur scientifique. Mais Jurassic Park n’a jamais eu pour ambition d’être un documentaire. Son but était de proposer un spectacle marquant et inoubliable au public — et à ce titre, il faut reconnaître que Spielberg a frappé très fort.
En dépit de ces imprécisions scientifiques, le film a su captiver l’imagination de millions de personnes et susciter un intérêt général pour ces animaux fascinants. Il a sans doute éveillé de nombreuses vocations chez les enfants des années 80 et 90 ; peut-être même que certains paléontologues aujourd’hui spécialisés dans le Mésozoïque ont commencé leur histoire d’amour avec les dinosaures grâce à Jurassic Park. Qui sait : sans cet impact culturel majeur, peut-être que certaines des découvertes récentes ne seraient jamais sorties de terre.
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