Et si la guerre commerciale tuait l’industrie auto avant même sa transition ? Les annonces de Trump déclenchent un séisme aux répliques mondiales. Un sujet brûlant pour l’éditorial du 10 avril 2025 de la newsletter Watt Else.

Difficile d’ignorer la guerre commerciale entre les États-Unis et le reste du monde. Même si l’on est déjà à 2 doigts de frôler l’overdose à force d’entendre parler de surtaxes douanières, il est important de comprendre que l’industrie automobile entre une nouvelle fois dans une zone de fortes turbulences.

Alors que les effets de la crise du covid s’estompent à peine sur le marché automobile, voilà qu’un boulet de démolition est en train de raser tout ce qui avait été reconstruit. En quelques jours, les annonces successives de Donald Trump ont douché tous les espoirs de reprise. Qu’il s’agisse de voitures thermiques, électriques, de motos ou de camions, tout le monde est dans le même bateau. 

Un château de cartes qui menace de s’effondrer 

Tous les constructeurs automobiles ne seront pas menacés dans les mêmes proportions. Les constructeurs chinois (à quelques exceptions près) pourraient être les plus protégés des conséquences : beaucoup vivent confortablement de leur marché, et leur chaîne d’approvisionnement ne risque a priori pas grand-chose dans ce chaos. Pour le reste du monde, du Japon à l’Europe et même l’Amérique du Nord, le stress monte face aux incertitudes. 

Tesla usine du Texas // Source : TeslaLe coût de production des Tesla va aussi pâtir de la surtaxe // Source : Tesla

Pour les constructeurs allemands, c’est la double peine. Eux qui craignaient déjà les représailles de la Chine (à la surtaxe européenne), doivent en plus composer avec les nouvelles règles américaines. Si certains constructeurs sans liens avec les USA paraissent épargnés, ils pourraient quand même subir par ricochet la crise qui s’annonce. L’effet dévastateur pourrait fragiliser l’ensemble de la filière : des matières premières aux composants, en passant par les pièces détachées de l’après-vente. 

Les équipementiers comptent sur un marché mondial. S’ils coulent, ils entraîneront toute la chaîne d’approvisionnement. Si l’industrie se retrouve de nouveau confrontée à des pénuries, les prix vont grimper en flèche et l’automobile sera de nouveau en passe de redevenir un produit de luxe inaccessible.

La blague de la réciprocité  

Ces derniers jours, dans les médias américains, les membres du gouvernement Trump s’en donnent à cœur joie pour accuser l’Europe de bouder injustement les véhicules américains — de vrais Calimero. Les propos ont beau être ridicules d’un point de vue d’Européen, cela entretient la défiance d’une partie de la population américaine contre les anciens alliés, ce qui est le but de la manœuvre. 

Je me demande bien pourquoi on n’a pas plus de voitures importées des États-Unis… Peut-être à cause de leur gabarit XXL et de leurs consommations gargantuesques ? Ou tout simplement parce que les marques américaines ont abandonné l’Europe, faute d’y être rentables ? Ford et Jeep y survivent avec une gamme adaptée, Cadillac essaye de s’y relancer avec des voitures électriques quelque peu déconnectées du marché. La seule marque américaine à tirer son épingle du jeu en Europe est Tesla, mais pas avec ses modèles produits aux USA.

Stand Cadillac au Mondial de Paris 2024 // Source : Raphaelle Baut pour NumeramaStand Cadillac au Mondial de Paris 2024 // Source : Raphaelle Baut pour Numerama

Elon Musk favorable au libre-échange  

Malgré les apparences, Tesla n’est pas épargnée par les surtaxes américaines de Donald Trump. Les machines de gigacasting viennent d’Europe, une partie des pièces détachées et matières premières sont importées : Tesla n’échappera pas à une hausse des coûts de production. Tout cela doit aussi remettre en question la construction de l’usine mexicaine qui perd subitement une grande partie de son intérêt. 

Elon Musk s’est désolidarisé du président américain sur cette question. Il ne veut pas de ces surtaxes, il est en faveur du libre-échange. Ce qui lui a valu un retour de bâton du conseiller en charge de cette surtaxe, Peter Navarro. Les noms d’oiseaux ont d’ailleurs fusé publiquement entre les deux hommes. 

Réindustrialiser les États-Unis est légitime pour n’importe quel président en poste. Joe Biden avait déjà réussi ce pari pour l’automobile avec les aides de l’Inflation Reduction Act (IRA). Nouveau mandat, nouvelle ambiance : il n’y a plus d’aides, que des menaces et des sanctions. Le pire, c’est que tout ceci ressemble surtout à une guerre d’égo d’un président qui veut marquer l’histoire et prouver sa supériorité. Derrière les slogans protectionnistes, c’est l’absence de vision économique cohérente qui inquiète. Et dans un secteur aussi stratégique, les répliques d’un tel séisme pourraient être dévastatrices.

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