Blooming Discord sur la Hellstage du Hellfest 2025: Karim (chant), Sam (guitare), Vincent (guitare), Antho (basse) et Ben (batterie).Blooming Discord sur la Hellstage du Hellfest 2025: Karim (chant), Sam (guitare), Vincent (guitare), Antho (basse) et Ben (batterie). D.J.

C’est Karim Arnaout, le chanteur de Blooming Discord, qui le dit : « Ça fait quelques années qu’on sent qu’il y a une vraie scène du Sud, de Marseille et alentours, qui est hyper vivante et qui se bouge ! » Il y a Landmvrks, évidemment, « qui explose tout en ce moment » mais beaucoup d’autres groupes dans la région. Pour ce Hellfest 2025 à Clisson (Loire-Atlantique), l’incontournable festival de musiques extrêmes dont c’était la 18e édition, ils ont été pas moins de quatre groupes du Sud à présenter leurs compositions. Blooming Discord, d’abord, a ouvert le bal des artistes marseillais sur la Hellstage (où 21 groupes se sont produits du jeudi 19 au dimanche 22 juin).

Le lendemain, vendredi 20 juin, Septaria, jeune groupe basé dans le Vaucluse, a retourné la Hellstage, devant des fans spécialement venus de Pertuis et d’autres metalleux emportés par leur énergie débordante. Les musiciens de Belore, projet solo d’Aleevok, ont joué quant à eux le samedi matin à la Temple, puis le lendemain sur la Hellstage 2, Novelists, où officie depuis un an et demi la chanteuse Camille Contreras, Marseillaise « pur jus ».

Dans le public du Hellfest.Dans le public du Hellfest. D.J.Blooming Discord : « Le rêve d’une vie » 

« Il y a toujours eu une scène metal à Marseille mais depuis six ou sept ans, on sent que quelque chose se passe, dit Karim, le chanteur de Blooming Discord. Il y a une énergie particulière dans cette ville et on est ravi de faire partie de cet élan-là. Ça fait plaisir de partager des scènes ici au Hellfest ou dans d’autres festivals avec des groupes de chez nous. » 

Pour chacune de ces formations du Sud, la préparation a été intense, comme l’explique Antho, le bassiste de Blooming Discord : « On a beaucoup bossé en amont, parce qu’on a une grosse période de festivals cet été. On a vraiment beaucoup travaillé pour être super efficace en live et tout s’est très bien passé. » Et ce malgré les contraintes techniques, spécifiques à la Hellstage, nichée au cœur du Hellcity Square.

Là, en ce jeudi après-midi, 17 heures, pas de gros show avec les lights : « On n’a pas ramené toute l’armada, rapporte Sam, le guitariste, alors on a fait ce qu’on sait faire, le plus simplement possible. C’était très rock’n’roll et ça a répondu. » Avec le bonheur, pour cette équipe de musiciens déjà venus, pour certains, en simples festivaliers, de passer « de l’autre côté » : « Les gens ont kiffé le moment et nous, on s’est régalé », commente Antho. « C’est un moment précieux dont on se souviendra », ajoute Karim.

Pour Sam, le guitariste soliste, jouer au Hellfest, c’était « un rêve de gosse », « le rêve d’une vie ». Et peut-être, chacun l’espère, un premier pas vers les grandes scènes. « Oui, on est juste à la porte de l’enfer, il n’y a plus qu’à y entrer maintenant. »

Pour Blooming Discord, la tournée en France se poursuit cet été : avec le 19 juillet le Mozhell Open Air à Insming (France), le 8 août au Festival 666 à Cercoux et le 23 août au Furios Fest, à Saint-Flour. Avant une semaine au Canada, en septembre, notamment pour le festival Envol et Macadam avec Pennywise en tête d’affiche et aussi d’autres petites scènes à Québec et Montréal. D’autres dates sont prévues dans le sud de la France à l’automne.

« On sent que pièce par pièce, brique par brique, les choses se construisent, les gens nous font confiance. » Karim Arnaout, chanteur de Blooming Discord

Septaria a joué sur la Hellstage : Hugo Thévenot (guitare et chant), Hugo Leydet (batterie), Baptiste Trébuchon (basse) et Maxime Ayasse (guitare et chant).Septaria a joué sur la Hellstage : Hugo Thévenot (guitare et chant), Hugo Leydet (batterie), Baptiste Trébuchon (basse) et Maxime Ayasse (guitare et chant). D.J.Septaria, les Vauclusiens de l’étape

Pour Septaria, qui a enchaîné le vendredi aussi sur la Hellstage, cette participation au Hellfest est synonyme d’une ascension fulgurante. Que de chemin parcouru depuis la victoire du groupe au tremplin Class’EuRock en 2022, organisé par l’association Aix’Qui ! Le line-up est désormais fixe avec Baptiste Trébuchon (de Cavaillon) à la basse, Hugo Leydet (de Pertuis) à la batterie, Maxime Ayasse (d’Eguilles) à la guitare et au chant tout comme Hugo Thévenot (de Pertuis).

C’est au lycée catholique que ces deux derniers se sont rencontrés, au club musique précisément : « J’ai vu Maxime jouer de la basse et j’ai capté que c’était un metalleux. Ça a tout de suite matché, c’est de là que c’est parti. Puis par le bouche à oreille, Septaria s’est formé. »

Le label Klonosphere a flashé sur cette bande d’amis, en particulier Guillaume Bernard, le guitariste de Klone et responsable du label. Après avoir écouté le premier album de Septaria (« A* », sorti en novembre 2024, après le titre Centaure), il a souhaité travailler avec eux. Ils ont tout juste la vingtaine mais avec eux, sur la scène, la machine de guerre est en marche. Avec simplicité, modestie et professionnalisme.

D’ailleurs, le tremplin Class’EuRock a bien aidé le groupe sur ce point-là : « Notre premier gros concert, c’était à Class’EuRock (le 18 novembre 2022 sur le cours Mirabeau à Aix-en-Provence, en première partie de Pogo Car Crash Control, Ndlr), se souvient Hugo Leydet, le batteur. C’était une première expérience et peut-être qu’on ne serait pas là sans ça, sûrement pas… » Le stage qui a suivi les a aidés à mettre un pied dans le monde de la musique, après les auditions de Class’EuRock. « Ça a permis de rencontrer les professionnels de la musique, les techniciens, la presse… Et de trouver de nouveaux amis, qui travaillent aujourd’hui avec nous. »

« Sans le tremplin Class’EuRock, on n’en serait pas là. » Hugo Leydet, batteur de Septaria

Philippe, Guillaume et Franck étaient aux premières loges devant la Hellstage. Ils sont venus de Pertuis et Aix-en-Provence pour applaudir et soutenir Septaria.Philippe, Guillaume et Franck étaient aux premières loges devant la Hellstage. Ils sont venus de Pertuis et Aix-en-Provence pour applaudir et soutenir Septaria. S.E.

Quid de l’évolution du processus de création, dans le post-metal progressif avec une touche d’ambiant ? Parole du batteur, « il y a beaucoup de dynamique, on aime bien les passages très forts, très lourds, et d’autres éthérés, les uns pour faire mieux résonner les autres. » Le Hellfest, c’est « un rêve qui s’est réalisé, dit Maxime. C’est la première fois que l’on vient ici, sauf Baptiste, qui était déjà venu en tant que festivalier, en 2019. Jouer ici, c’est un honneur ! » Et le travail continue, sur le jeu de scène, le son, les lumières, l’aspect visuel… pour présenter, au fil des festivals, un show complet. Puis se pencher sur la composition du prochain album.

À noter que le 5 juillet, Septaria se produira à l’Orb in Fest à Thézan-les-Béziers, le 19 juillet au Rhodanian Fest à Pont-Saint-Esprit puis au Mennecy Metal Fest le 7 septembre, à Mennecy.

Alexandre Ardisson (Aleevok), le fondateur de Belore. Avec lui, Marty Le Lay (Dvergar), Baptiste Rinato (Ederiel), Mathieu Favre (Matt), Charlie Videau (Charlie).Alexandre Ardisson (Aleevok), le fondateur de Belore. Avec lui, Marty Le Lay (Dvergar), Baptiste Rinato (Ederiel), Mathieu Favre (Matt), Charlie Videau (Charlie). D.J.Belore, black metal épique et lumineux

Troisième groupe à avoir foulé l’une des scènes du Hellfest, cette fois la Temple, Belore, avec Alexandre Ardisson, aka Aleevok, chanteur, bassiste, fondateur et compositeur de cette formation de black metal épique. « C’est un projet solo à la base, qui a démarré chez moi, à Marseille en 2018, avec un premier album, « Journey Through Mountains And Valleys », sorti en 2020. Très rapidement, le groupe a été rejoint par Charlie à la batterie, pour le second album. Depuis, nous avons un line-up complet. »

Charlie, c’est un vieux pote d’Alex, originaire de Nantes. Ensemble, ils ont enregistré les batteries pour Artefacts pendant le Covid, avant de réitérer l’opération pour le troisième album, Eastern Tales. Baptiste est à la guitare et aux chœurs, Marty à la guitare et Matt à la flûte. Belore, c’est une invitation au voyage qui est proposée, dans un univers « medieval fantasy ». Le groupe a beau jouer dans la cour du black metal, son nom signifie « soleil » dans la langue des Elfes de sang du célèbre jeu vidéo World of Warcraft. Pourquoi ? « C’est un black metal très lumineux, très ensoleillé, décrit Aleevok. Notre symbole, c’est le soleil et j’ai trouvé la sonorité et le lien assez intéressants. »

Quant aux paroles, il les a inventées dans leur entièreté. Le résultat ? Une épopée marquée par la trahison d’un roi par son conseiller, la reconquête d’un territoire par des lignées royales oubliées, des batailles… « C’est assez compliqué pour les auditeurs de s’y retrouver mais j’envisage de sortir certains de mes écrits sous forme de nouvelles pour accompagner les titres. Actuellement, j’ai une carte qui accompagne le dernier album, c’est un premier pas pour se repérer. » Et repérer où l’aventure contée dans chaque titre se passe. Le message ? « Laissez-vous emporter par votre propre imaginaire. »

De leur prestation au Hellfest, les musiciens retiennent la chaleur intense et « le kiff » partagé avec le public, composé de plusieurs dizaines de headbangers. « Il y a des gens qui connaissaient, souligne Baptiste, d’autres qui ont découvert et nous avons de bons retours, c’est super. »

Charlie ajoute : « Quand on est sur la scène, tout le monde paraît tout petit. On n’arrivait pas à discerner les visages mais on les voyait ‘headbanguer’ en file. Ça fait plaisir. » Quant aux équipes backstage, « elles sont super pros ; tu arrives, tu es en confiance. » En « gars de l’ombre » (sic) – comme Romaric, l’ingé son de Belore -, le batteur ajoute : « Quand tu croises des gens dans le fest qui ont le tee-shirt de ton groupe et qui ne te connaissent pas, j’adore ! »

Premier Hellfest pour Camille Contreras, la chanteuse de Novelists.Premier Hellfest pour Camille Contreras, la chanteuse de Novelists. D.J.Novelists, une première d’enfer au Hellfest pour la chanteuse Camille Contreras

« Je n’en reviens pas, j’ai des étoiles plein les yeux ! », s’exclame Camille Contreras, quelques heures après le live sur la mainstream 2, dimanche 22 juin. Cette Marseillaise pur jus a rejoint le groupe Novelists il y a moins de deux ans et, affirme-t-elle, « ça a été la meilleure opportunité de ma vie ». « Aujourd’hui, on est tout le temps sur la route, on fait des tournées, des concerts, des festivals…. On vit de notre passion, il n’y a pas mieux !« 

Pendant le set où elle prend le lead avec une fraîcheur qui inonde la foule en surchauffe, la frontwoman semble vouloir se pincer pour y croire : « C’est incroyable ! », adresse-t-elle au public à plusieurs reprises. C’est une première fois pour Camille au Hellfest : « Je ne suis jamais venue même en tant que festivalière. En tant qu’artiste, c’était impressionnant. On a joué à 12h50 et la main stage était remplie. On a représenté Marseille comme il se doit.« 

Novelists, dans un autre line-up (sans Camille), avait déjà joué au Hellfest en 2022. Alors finalement c’était aussi une première pour eux, dans cette configuration-là. Qu’en ont-ils pensé ? « Je pense qu’on a tous kiffé et qu’ils étaient très fiers », répond Camille.

Amael Durand, le batteur, confirme sans l’ombre d’une hésitation : « Camille c’est un petit soleil pour nous, avec Pierre (Danel, à la guitare, Ndlr), ils apportent beaucoup de joie de vivre, c’est énormément de positivité. Aujourd’hui, on a une formation sûre, on est serein pour la suite, on voit les choses en grand. On est ambitieux, on voit les choses en grand, on est fier de ce qu’on fait et il y a une sérénité depuis que Camille est là, on est content. »

À la veille de la warm-up du Hellfest à l’Espace Julien à Marseille, Camille se réjouissait de cette bonne dynamique. « On est lancé, on ne s’arrête plus », avait-elle dit. Et si c’est maintenant le Hellfest qui figure en première position de ses meilleures dates, Marseille, où elle n’avait jamais vu tant de monde pour un concert de metal, restera vraiment dans son cœur.

Le Hellfest, c’est une consécration pour nous. C’est LE festival français. Quand tu le fais, tu peux checker dans ta liste de « to do ». Camille Contreras, chanteuse de Novelists