En septembre 2023, Jean-Michel Aulas avait « pris la place du maire de Lyon » le temps d’une soirée, pour les vœux des échevins. Un an et demi plus tard, l’ancien patron de l’Olympique lyonnais envisage sérieusement de la prendre pour de bon, au moins pour six ans. Mi-février, il a indiqué songer à se présenter aux prochaines élections municipales. Et ses messages sur X laissent peu de place au doute. « Progressivement un cap et un chemin se dessinent », écrivait-il le 1er avril, affirmant vouloir « rendre à Lyon son honneur, son énergie, la fierté et le plaisir d’y vivre ».

Dans son entourage, on est convaincu qu’il ne fait pas ça pour le symbole. « Va falloir qu’il le confirme bientôt, sinon il va décevoir plein de monde. Il ne peut plus faire machine arrière », souffle l’un d’eux à 20 Minutes. Car l’idée n’est pas née hier. « C’est dans sa tête depuis un moment. Il réfléchit beaucoup parce qu’il ne fait jamais les choses à moitié. C’est d’ailleurs ce qui fera de lui un super maire de Lyon. S’il y va, il va se donner à fond, comme tous les projets qu’il a entrepris. »

« Il remplit toutes les cases pour être un super maire »

Mais alors, pourquoi maintenant ? « C’est sa déception de voir la ville dans l’état dans laquelle elle est, poursuit l’un de ses amis. Il en est amoureux et il se dit qu’il ne peut pas la laisser comme ça. » À 76 ans, l’ex-dirigeant emblématique de l’OL n’a plus le club à gérer, ni l’entreprise de logiciels Cegid. « Tant qu’il avait l’OL, c’était impossible, ça lui prenait 150 % de son temps », rappelle ce même proche. Et son engagement avec le foot féminin ? « La force de Jean-Michel, c’est qu’il sait toujours bien s’entourer, il sait déléguer. Je sais qu’il saura gérer son emploi du temps », réplique directement cette même source.

« Il remplit toutes les cases pour être un super maire de Lyon, insiste ce dernier. Parce qu’un maire, c’est comme un chef d’entreprise : quand on a quelqu’un de brillant, ça avance. Et Jean-Michel Aulas a cette passion en lui. »

Pour l’entrepreneuse Béatrice de Montille aussi, le businessman peut « complètement devenir le prochain maire de Lyon ». Elle estime même que ce « serait une chance pour la ville ». « Il est l’incarnation même de la fierté d’être Lyonnais », appuie cette candidate non officielle. Elle apprécie notamment sa méthode, qu’elle applique également : « Il essaie de rassembler avant d’être candidat. Et on parle le même langage, entre entrepreneurs et passionnés de Lyon. » Pour elle, le fait qu’il vienne de la société civile est un plus. Et de citer un sondage Ifop pour Lyon Capitale selon lequel 71 % des Lyonnais interrogés souhaitent un candidat non issu des partis.

« C’est le seul qui peut gagner aujourd’hui »

De son côté, Laurence Fautra, maire LR de Décines, salue « un grand monsieur » qui a « tout à fait les capacités de diriger Lyon ». « J’ai eu affaire à lui, notamment avec le stade, donc je sais que quand il veut quelque chose, il se bat pour l’obtenir. Il est tenace », dit-elle. Avant d’ajouter : « Au vu de sa carrière, de son palmarès, il n’a rien à prouver. »

Elle aussi trouve que Lyon « a besoin » d’un tel « meneur de troupes ». « On a tellement perdu en rayonnement. Mais il ne peut pas y aller tout seul. Il faut composer avec ceux qui ont travaillé pendant tout le mandat, il n’y a que comme ça que ça peut marcher », insiste-t-elle, rappelant son soutien à Pierre Oliver, maire du 2e arrondissement, officiellement candidat LR.

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L’option Aulas plaît déjà à droite, notamment du côté des Républicains et de Renaissance, dont il a reçu les soutiens. François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l’Intérieur, l’a même qualifié de « candidat naturel ».

« Il n’a pas de projet, il n’a que l’argent »

N’en jetez plus ? Non, car le profil d’homme d’affaires de Jean-Michel Aulas ne fait pas l’unanimité. Et pour l’écologiste Etienne Tête, il a profité du « vide abyssal de la droite ». « En politique, quand c’est vide, on cherche des notoriétés. Il est entré dans ce créneau », explique-t-il. Avant d’analyser : « Certes, il peut réunir toute la famille de la droite autour de lui, mais ça ne veut pas dire qu’il va convaincre des gens de gauche et des écologistes. Il n’a pas de parti, pas de projet, il n’a que de l’argent. »

D’après cet ancien élu, les citoyens, « quand ils votent politique, ils regardent la politique. Et c’est un peu rassurant. Les gens ont besoin de voter pour une idée. Si ça se trouve, il va avoir des idées mais pour l’instant, la seule qu’il ait, c’est de dire que la circulation, ce n’est pas possible. »

Il poursuit : « Jean-Michel Aulas a déjà bien profité du contribuable avec 200 millions d’argent public pour réaliser son stade. Je ne vois pas ce qu’il va faire dans cette galère, il doit s’ennuyer. Ce qu’il veut, c’est l’image. Mais il sous-estime qu’elle va être rapidement délégitimée lorsqu’il sera en campagne. Les attaques vont pleuvoir. »

« On ne dirige pas une mairie comme un club de foot »

Alors la politique, pas un business comme un autre ? « On ne dirige pas une mairie comme on préside un conseil d’administration ou un club de football », appuie un observateur de la vie politique lyonnaise. Une idée partagée par Roland Bernard, ex-élu de l’ancien maire Gérard Collomb, qui assure que « le mélange des genres n’est pas une bonne chose. »

Une autre source pointe le fait qu’il « ne connaisse pas les codes du monde politique ». « Je pense qu’il se plante parce qu’il n’est pas fait pour ça », indique-t-elle. Elle évoque un passif encombrant pour l’homme d’affaires : « Il a assigné un média en justice après des révélations sur des sociétés offshore. En politique, tout doit être transparent. Ça pourrait le faire reculer. »

Placé très haut dans les intentions de vote

Pourtant, cette même source prend très au sérieux la candidature de Jean-Michel Aulas. « Il l’avait déjà annoncé dans les années 2000, sous le coup d’une boutade. Mais il n’était jamais allé aussi loin. Là, ce n’est plus ça, cela fait quatre semaines que ça dure. Et les tweets répétés contre le maire de Lyon sont une réalité. Il va y aller parce qu’il veut nourrir son ego. »

Pour l’heure, Jean-Michel Aulas avance masqué. Il consulte, teste, sonde. Dans le dernier sondage qu’il a commandité, il arrive à 17 % d’intention de vote, derrière le maire actuel. Selon BFM, si la gauche n’est pas unie, Jean-Michel Aulas obtiendrait 24 % des suffrages et se positionnerait devant Grégory Doucet (22 %).

Notre dossier sur Jean-Michel Aulas

L’ex-patron de l’OL se sait attendu. Il sait aussi qu’il faudra « ratisser large ». « Aucun parti ne peut gagner seul. Jean-Michel est le seul qui peut fédérer gagner aujourd’hui », résume un stratège local. Selon lui, seules deux hypothèses sont possibles : « Soit Grégory Doucet a dix candidats en face de lui et il repasse, soit il n’a que Jean-Michel Aulas et il ne passe pas. » Réponses dans moins d’un an.