L’Algérie a « vivement protesté » samedi 12 avril au soir contre la détention en France d’un agent consulaire. Ce dernier est accusé d’avoir pris part à l’enlèvement, fin avril 2024 sur le sol français, de l’influenceur et opposant algérien Amir Boukhors. La situation déplaît fortement à Alger, au moment où le dialogue avec Paris vient de reprendre.

Trois hommes, dont cet agent consulaire, ont été mis en examen vendredi à Paris, pour arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire suivie de libération avant le septième jour, en relation avec une entreprise terroriste, selon le parquet national antiterroriste français. Les trois individus, également poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, ont été placés en détention.

« Argumentaire vermoulu et farfelu »

Le ministère algérien des Affaires étrangères a tonné samedi soir contre « ce nouveau développement inadmissible et inqualifiable (qui) causera un grand dommage aux relations algéro-françaises ». Il s’est engagé à ne pas « laisser cette situation sans conséquences ». La diplomatie algérienne a précisé avoir reçu l’ambassadeur de France, Stéphane Romatet, pour exprimer son désaccord et protester sur « la forme » et sur « le fond » de l’affaire.

Elle a rappelé que « l’agent consulaire a été arrêté en pleine voie publique puis placé en garde à vue sans notification par le canal diplomatique ». Alger dénonce aussi « l’argumentaire vermoulu et farfelu » du ministère de l’Intérieur français, fustigeant une « cabale judiciaire inadmissible » reposant « sur le seul fait que le téléphone mobile de l’agent consulaire inculpé aurait borné autour de l’adresse du domicile de l’énergumène » Amir Boukhors.

Asile politique en France

Ce dernier, en France depuis 2016, a obtenu l’asile politique en 2023 et son pays le réclame pour le juger. Alger a émis neuf mandats d’arrêt internationaux à son encontre, l’accusant d’escroquerie et d’infractions terroristes. En 2022, la justice française a refusé son extradition. Malgré la mise en examen de ces trois mis en cause, une source proche du dossier en France a appelé samedi à la prudence : elle a dit redouter que l’enquête ne débouche que sur « un dossier vide », contre des suspects qui ne seraient que des fusibles.

Mais pour la diplomatie algérienne, « ce tournant judiciaire, inédit dans les annales des relations algéro-françaises, n’est pas le fruit du hasard ». Il se produit « à des fins de torpillage du processus de relance des relations bilatérales convenu entre les deux chefs d’État (français et algérien) lors de leur récent entretien téléphonique », a déploré le ministère des Affaires étrangères, qui a exigé la libération « immédiate » de son agent consulaire.