Ça y est, c’est consommé. Leicester Fainga’anuku quitte Toulon pour retrouver les Crusaders. Et franchement, ça pique. Après seulement deux saisons sur la Rade, le All Black de 25 ans laisse derrière lui un vide énorme et des stats qui donnent le tournis. Retour sur un passage éclair qui aura tout changé dans le Var.

L’arrivée qui a tout changé

Juin 2023. Toulon annonce la signature de Leicester Fainga’anuku et là, on se dit que le RCT vient de faire un sacré coup. Le mec débarque avec un palmarès de dingue : deux titres de Super Rugby avec les Crusaders, meilleur marqueur de la compétition en 2022 avec 13 pions, et déjà deux capes avec les All Blacks à seulement 23 berges.

Pierre Mignoni, le boss du rugby toulonnais, ne s’y trompe pas quand il parle d’un “véritable phénomène du rugby international”. Le contrat de 19 mois, c’était pensé comme une petite escapade européenne avant de rentrer au bercail. Sauf que personne n’imaginait à quel point ce gars allait révolutionner le jeu toulonnais.

Les chiffres qui claquent

Bon, rentrons dans le vif du sujet avec des stats qui font mal. En deux saisons, Leicester a disputé 33 matchs toutes compétitions confondues. Résultat des courses : 14 essais au compteur et 50 points au total. Mais attention, ces chiffres ne racontent qu’une partie de l’histoire.

Cette saison 2024-25, le bonhomme a été titulaire sur TOUS les matchs qu’il a disputés en Top 14. Oui, vous avez bien lu, 19 rencontres, 19 titularisations. Avec 6 essais en 21 rencontres cette saison, le colosse de 1m88 pour 109 kg s’est imposé comme LA pièce maîtresse du système Mignoni.

La révolution tactique made in Leicester

Et c’est là que ça devient intéressant. Fainga’anuku, c’est pas juste un joueur de plus dans l’effectif. Le mec a littéralement transformé la façon de jouer de Toulon. Arrivé comme ailier, il s’est reconverti au centre et franchement, quel succès !

“Je suis heureux de jouer centre où on a plus d’influence sur le jeu. Et je me régale tout autant en troisième ligne”, confie-t-il. Cette polyvalence, c’est de l’or en barre pour Mignoni. Face à Pau ou Bordeaux cette saison, on l’a même vu dépanner en troisième ligne. Un couteau suisse, quoi.

Le duo de feu avec Sinzelle

Mais le vrai génie, c’est l’association qu’il forme avec Jérémy Sinzelle au centre. Ces deux-là, c’est du caviar sur le terrain. Sinzelle apporte l’expérience et la vision, Leicester amène la puissance et la percussion. “Jem est capital dans la liaison entre nos avants et nos trois-quarts”, explique le All Black.

Cette “paire de trois-quarts centres premium” (comme dit la presse spécialisée) est devenue la colonne vertébrale de l’attaque toulonnaise. Et ça se voit : Toulon pointe à la troisième place du Top 14 cette saison. Pas mal pour un club qui cherchait ses marques il y a encore quelques années.

L’arme de destruction massive

Alors, qu’est-ce qui rend Leicester si spécial ? D’abord, sa capacité à “perforer les défenses avec ses charges d’une puissance hors normes”. Le mec fixe tellement de défenseurs sur lui qu’il libère des espaces partout ailleurs. Wainiqolo, Villière, Tuicuvu… tous ces feux follets toulonnais peuvent remercier Leicester pour les autoroutes qu’il leur ouvre.

Contre Castres, par exemple, il avait été élu “meilleur joueur sur le terrain” avec 13 courses balle en main et deux turnovers décisifs. Lors de la grosse victoire 52-23, il était “directement à l’origine de deux essais”. D’abord en fixant la défense pour l’essai de Facundo Isa, puis en ouvrant un intervalle pour Jiuta Wainiqolo. Du grand art.

Plus qu’un joueur, un état d’esprit

Ce qui impressionne chez Fainga’anuku, c’est qu’il ne se contente pas de jouer son rôle. “Il pèse aussi comme un avant dans les rucks, adore jouer au quatrième Mastiff de troisième ligne”. Cette intensité physique constante, ça tire toute l’équipe vers le haut.

Les défenseurs le savent bien : ils “préfèrent le plaquer à deux” tellement le bonhomme est dangereux. Et quand tu mobilises deux défenseurs sur un seul attaquant, mathématiquement, ça crée des surnombres ailleurs. C’est du rugby intelligent, quoi.

L’effet catalyseur

“Leicester Fainga’anuku est indispensable dans ce système de Pierre Mignoni”, résume parfaitement son importance. Titulaire indiscutable, il apporte une régularité de métronome qui rassure tout le monde. Ses coéquipiers savent qu’ils peuvent compter sur lui, match après match.

Cette transformation du jeu toulonnais autour de Leicester explique en grande partie pourquoi le RCT cartonne cette saison. Troisième du Top 14, en course pour les phases finales… Pas mal pour un club qui galérait il y a encore peu.

Le départ qui fait mal

Alors pourquoi partir maintenant ? Leicester est cash là-dessus : “Le Top 14, franchement, quel Championnat. On vit un truc unique au monde”. Non, s’il se barre, c’est pas par désamour du rugby français. C’est pour les All Blacks.

“100%, je suis encore affamé de ce maillot noir”, avoue-t-il. Avec la Coupe du monde 2027 qui approche, son retour en Nouvelle-Zélande lui permettra de redevenir éligible pour la sélection. Les règles de World Rugby sont claires : pour jouer avec les All Blacks, il faut être basé au pays.

Les regrets toulonnais

Du côté de Toulon, on ne cache pas la déception. Andrea Masi, l’entraîneur adjoint, résume bien l’état d’esprit : “Nous sommes très déçus de le perdre, c’est un joueur exceptionnel”. Et on les comprend. Quand tu as un joueur qui a été titulaire dans pratiquement tous les gros matchs de ces deux dernières saisons, ça fait mal de le voir partir.

Pierre Mignoni va devoir repenser tout son système sans sa pièce maîtresse. Pas évident quand on sait à quel point Leicester était central dans le dispositif toulonnais.

Un héritage qui marque

Au final, Leicester Fainga’anuku laisse derrière lui bien plus que des stats. Il a incarné une certaine idée du rugby moderne : puissant, intelligent, polyvalent. Son passage à Toulon, c’est l’histoire d’un joueur qui aura donné le meilleur de lui-même sous le maillot rouge et noir.

À 25 ans, il repart avec une expérience européenne en or et la reconnaissance d’avoir été l’un des meilleurs joueurs du Top 14 à son poste. Pour Toulon, c’est la preuve que le club sait encore attirer les plus grands talents mondiaux. Même si ça fait mal de les voir repartir.

La fin d’une époque

14 essais, 33 matchs, 1 révolution. Les chiffres de Leicester Fainga’anuku à Toulon, c’est l’histoire d’un passage éclair qui aura marqué le rugby français. En deux saisons, il aura transformé le jeu toulonnais, élevé le niveau de ses coéquipiers et rendu le RCT redoutable.

Son départ vers les Crusaders, c’est la fin d’une belle histoire. Mais aussi le début d’un nouveau défi pour Toulon : comment remplacer l’irremplaçable ? Une chose est sûre, Leicester Fainga’anuku aura marqué la Rade de son empreinte. Et ça, personne ne pourra l’effacer.

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J’ai grandi dans une famille où le rugby était de tous les moments. J’étais au bord du terrain quand Castres a battu Pau et a rejoint l’élite, j’étais dans le Stade Pierre Antoine face à Gary Whetton quand il a fait son Haka pour célébrer le Brennus de 1993 et j’ai toujours été bercé des légendes de ce sport. Maintenant, c’est avec XV Ovalie que j’entends prolonger l’aventure. #TeamCO