Jurassic Park, c’est un monument de la culture populaire au cinéma (si vous voulez testez vos connaissances en la matière, c’est par ici). Le premier volet est un chef-d’œuvre inégalé sublimé par les yeux d’enfants d’un Steven Spielberg plus que jamais au sommet de son art. Des dinosaures à foison, mignons… et moins mignons, une magie de tous les instants, des personnages éminemment humains, attachants, drôles, et la partition musicale féérique du maître John Williams, aussi connue que ses deux notes des Dents de la mer. Bref, un des meilleurs crus du cinéaste américain (mon préféré, si vous me demandez). Dans un style différent, Le Monde perdu se regarde également toujours avec plaisir ; alors que le troisième volet, malgré ses défauts, a un charme certain. La saga aurait pu s’arrêter là. Mais, à l’heure des suites, préquels, remakes, et autres reboots, les studios américains ont ressuscité le parc à dinos en 2015. Jurassic World était à cet univers ce que Le Réveil de la Force était à Star Wars : une resucée pas toujours très inspirée de l’orignal, mais divertissante. Pas inoubliable, Fallen Kingdom prenait une autre direction appréciable. Le sixième volet, Le Monde d’après (2022), touchait en revanche le fond.

Jurassic World, Le Monde d’après et ses trop nombreux personnages

Jurassic World : Le Monde d’après reprend quelques années après l’éruption volcanique sur Isla Nublar et l’incident au manoir Lockwood. Les dinosaures vivent partout sur le globe. Mais l’équilibre est fragile et la cohabitation avec certaines de ces créateurs devient compliquée… Dans un chalet isolé au fin fond du Nevada, Claire Dearing (Bryce Dallas Howard) et Owen Grady (Chris Pratt) élèvent Maisie (Isabella Sermon), la petite-fille clonée par Benjamin Lockwood, à l’abri des regards indiscrets. Toute la promotion du film avait vendu l’association de deux générations : celle d’aujourd’hui, incarnée par ces derniers, et celle d’hier avec son trio Ellie Sattler (Laura Dern) – Alan Grant (Sam Neill) – Ian Malcolm (Jeff Goldblum). Tous sont bien là, et c’est déjà un problème. Quand comprendra-t-on qu’il ne suffit pas de ramener d’illustres personnages dans l’équation pour faire un bon film ? On peut laisser une chance aux premières dizaines de minutes, à la présentation de la situation. Les jeunes d’un côté, les anciens de l’autre. Mais jamais tout ce beau monde, auxquels il faut bien sûr ajouter de nombreux nouveaux personnages, ne progresse vraiment ensemble – si ce n’est dans la dernière partie du film. Quoique liées, leurs intrigues semblent paradoxalement presque indépendantes l’une de l’autre. Il y a tout bonnement trop de protagonistes.

Manque d’enjeux, de tension, de magie : pourquoi Jurassic World, Le Monde d’après est un échec

Malgré tout l’amour que l’on porte au trio d’origine, on peine à comprendre leur intégration dans le récit. La sauce ne prend pas car elle mijote en se reposant trop sur les ingrédients du passé. Le syndrome des franchises à Hollywood, vous me direz. Reste qu’on a connu des hommages distillés avec plus de subtilité… Nostalgique comme nous tous du Jurassic Park de Steven Spielberg, Colin Trevorrow s’égare trop souvent dans le fan service en répétant les scènes de son aîné. Les clins d’œil s’enchaînent hélas sans grande saveur ni émotion. L’intrigue ne prend pas car elle manque cruellement d’enjeux. Et les protagonistes, tout comme de bien ternes antagonistes, sont les premiers à pâtir d’un scénario en mal d’idées. Dans cet amalgame convenu et peu inspiré, que dire alors des dinosaures ? Leur présence aux quatre coins du monde offre quelques scènes de courses-poursuites (ou de traque, c’est vous qui voyez) dynamiques. De nouvelles créatures déboulent entre deux vieux de la vieille pour réveiller les fans de la saga. Passé ces curiosités du bestiaire, leur rôle est étonnamment réduit, ou du moins pas aussi déterminant que souhaité. La réalisation mimétique de Colin Trevorrow n’apporte pas grand chose. La tension, et surtout la magie, a quitté l’univers Jurassic. C’est bien triste ! Il serait temps d’arrêter les frais. À moins qu’un septième volet pointe le bout de son bec. Ah oui, il est en salles