Le 5 novembre 2018, vers 9 heures du matin, deux immeubles anciens du centre-ville de Marseille, situés aux numéros 63 et 65 de la rue d’Aubagne, dans le 1er arrondissement, s’écroulent. Un troisième immeuble, situé au numéro 67, s’effondrera à 75 % pendant les opérations de sécurisation du chantier.
Au total, huit personnes perdent la vie. Ouloume, Julien, Taher, Chérif, Fabien, Simona, Pape et Marie-Emmanuelle, pour ne citer que leurs prénoms, représentaient la diversité de Marseille et du quartier populaire de Noailles. Lors du procès, qui s’est tenu pendant un mois et demi à l’automne dernier, les débats ont notamment permis d’établir que les effondrements des numéros 63, alors vide, et 65 étaient inéluctables au regard de l’état du bâti.
Pour autant, aucune mise à l’abri des locataires du 65 n’avait été décidée et les travaux entrepris s’étaient avérés inefficaces, voire contre-productifs. Trois semaines avant le drame, l’immeuble avait fait l’objet d’un énième arrêté de péril et avait été temporairement évacué le 18 octobre. À l’issue de l’instruction, quatre personnes ont été renvoyées devant le tribunal. Parmi elles figurent, Julien Ruas, l’adjoint du maire de l’époque, l’ancien édile Jean-Claude Gaudin, décédé quelques mois avant le procès, l’architecte Richard Carta, qui avait expertisé l’immeuble moins de trois semaines avant son effondrement et deux personnes morales, le syndic du 65, le cabinet Liautard, ainsi que le bailleur social propriétaire du numéro 63, laissé à l’état de ruine par Marseille Habitat.
Des poursuites jugées incomplètes par certaines parties civiles
Pendant les réquisitions, le procureur Michel Sastre a estimé que la quasi-totalité des seize prévenus étaient coupables. Avec cinq ans de prison requis, dont trois fermes, Xavier Cachard, l’un des copropriétaires, pourrait écoper de l’une des plus lourdes peines. En 2018, ce dernier, alors élu régional, avait la double casquette de propriétaire et avocat du syndic.
Selon Michel Sastre, les copropriétaires avaient bien « la connaissance des problèmes structurels de l’immeuble » mais avaient « joué la montre » pour « dépenser le plus tard et le moins possible ». Trois ans de prison dont deux fermes ont également été réclamés contre Richard Carta, l’expert-architecte qui n’a pas ordonné l’évacuation de l’immeuble et trois ans de prison contre Julian Ruas, seul élu municipal poursuivi dans l’affaire. Les deux prévenus ont tout contesté en bloc. Leurs avocats réclament, quant à eux, leur relaxe.
Ces poursuites ont été jugées incomplètes par certaines des parties civiles qui avaient décidé de citer à comparaître une douzaine de personnes supplémentaires, dont certains copropriétaires et des représentants des deux personnes morales. « Lundi, on saura si on s’est trompé ou pas en poursuivant les propriétaires du 65 rue d’Aubagne. Ces citations montrent en tout cas que les parties civiles se sont emparées de l’action judiciaire face aux carences de l’instruction », a confié à l’AFP l’avocat Brice Grazzini, qui défend une trentaine des quelque 90 parties civiles. Ces dernières devraient être fixées ce lundi 7 juillet.
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