Par
Fabien Massin
Publié le
6 juil. 2025 à 16h00
Lorsque la Société nationale d’horticulture de France (SNHF) nous a contactés pour suivre un jury évaluant un jardin remarquable de la région de Rouen (Seine-Maritime), je ne savais pas où cela m’amènerait au bout du compte : faire moi-même partie du jury ! Moi, urbain et pas la main verte pour un sou. Mais je me suis prêté au jeu de bon cœur, avec autant de sérieux que d’amusement.
Le concours, dont c’est la deuxième édition cette année, s’intitule Jardins secrets (à ne pas confondre avec l’événement du même nom organisé par le Département de la Seine-Maritime). C’est un jardin situé à Montigny qu’il m’a été proposé de visiter et d’évaluer. Ici nous sommes chez un particulier, Dominique Evrard, médecin à la retraite et jardinier aguerri.
Un jardin de collectionneur
Au fil des années, il a constitué un jardin remplis de trésors, un véritable jardin de collectionneur comprenant des essences rares, venues parfois de loin mais qui se plaisent à merveille dans le terroir normand. On trouve des variétés d’érable du Japon, fuchsia, pavot, prunus ou encore rhododendron, ainsi que tout une collection de géranium et hydrangea, sorte de fil rouge de ce Muséum d’histoire naturelle à ciel ouvert. 1 200 plantes botaniques, c’est-à-dire qui poussent l’état sauvage, dont 70 % proviennent d’Asie, notamment de Chine, Japon et Corée.
Le jury du jour est composé de Michel, vice-président de la SNHF, venu spécialement des Yvelines, de Marie-France, Rouennaise membre de l’association « Les amis des fleurs », d’une consœur journaliste du quotidien Paris-Normandie, et moi. « C’est généralement comme cela que nous procédons, nous indiquent Marie-France et Michel. Le jury est composé de personnes dont le jardin est la passion, mais aussi de personnes ayant un regard un extérieur. C’est ainsi que nous faisons appel à la presse locale pour faire partie du jury. »
Ainsi, en plus de mon cahier et de mon appareil photo, j’ai en main une grille d’évaluation, qui juge le jardin point par point : motivation du candidat ; qualité du dossier de candidature ; harmonie d’ensemble et recherche esthétique ; monde végétal ; méthode de culture ; originalité et innovation du jardin. Pour chacun de ces aspects des attentes précises sont étayées : capacité à présenter son jardin, qualité de l’analyse du site et de ses contraintes ; insertion du jardin dans son environnement ; choix des végétaux/combinaison des variétés en fonction de la saison, etc.
Voilà qui dépasse largement le champ de mes compétences (quasi nulles) en matière végétale. Et à chaque aspect évalué, je dois attribuer une note. Notes que je ne dévoilerai pas ici, mais je vous ferai part de quelques observations faites en toute simplicité (et candeur assumée).
Des allées aménagées pour découvrir le jardin
Notre jardinier mène parfaitement la visite, en fin connaisseur, mais aussi de façon pédagogique et vivante, sachant s’adapter à un public profane, avec des anecdotes personnelles, des souvenirs de voyages, des références historiques, etc.
Nous sommes ici dans un véritable jardin botanique, riche en trésors, pas forcément spectaculaires, mais chaque plante a son histoire et son originalité. Le novice ne perçoit d’ailleurs pas forcément la valeur de telle ou telle essence, mais c’est un paradis pour les connaisseurs, d’autant plus que le jardin est parfaitement et minutieusement étiqueté, chaque végétal est bien renseigné.
Le choix a été fait de ne tondre le jardin qu’en partie, et de laisser ainsi des espaces sauvages. Visuellement le jardin est donc dominé par un fort contraste entre les parties ombragées et celles exposées au soleil. Des allées aménagées forment un circuit qui permet de visiter l’ensemble du jardin. À noter que celui-ci se trouve presque entièrement entouré par la forêt, et que la maison se trouve au centre. La foret ceinture donc le jardin qui lui-même ceinture l’habitation, c’est intéressant.
Dominique Evrad a aussi fait le choix de garder l’herbe de la prairie d’origine, qui peu à peu s’est transformée en gazon, avec les tontes successives. Le résultat n’est pas comparable avec un impeccable gazon anglais, ça n’est pas l’idée, mais un sol à la fois propre et comportant des aspects non lisses.
Un vrai lieu de vie
Les espaces aérés peuvent être utilisés par des enfants pour jouer (c’est le cas des petits-enfants de Dominique), nous sommes ici dans un espace à vivre et non dans un musée où il ne faut surtout rien toucher. En revanche, il n’y a pas de point d’eau, cela manque à mon (modeste) sens.
Sur le plan de la méthode de culture notons l’absence de traitements et la non utilisation d’engrais chimiques, ainsi qu’un très bon entretien général, résultat de quatre heures de travail quotidien. Non sans commettre quelques fois des erreurs, comme nous avons pu le voir avec le tronc de prunus entaillé par mégarde (voir la galerie photo). Mais c’est humain.
Le jardin de Dominique Evrard est ouvert au public chaque année au mois de juin lors d’un week-end solidaire au profit de la Fondation Charles-Nicolle. Contact : [email protected]Vous souhaitez annoncer un événement festif ou associatif, une initiative locale ? Rendez-vous sur notre plateforme Infolocale.
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