Par
Thibault Nadal
Publié le
5 juil. 2025 à 6h04
Sébastien Balducchi parle de son cet endroit comme d’« un petit coin de paradis ». Pourtant, depuis un an, le quartier des Trois Ponts, situé au nord du 10e arrondissement et au pied des montagnes, n’a plus rien d’idyllique. « On vit l’enfer », ose même celui qui a acheté une maison dans le coin il y a huit ans. Face à cette situation, plusieurs habitants ont lancé une pétition et une lettre a été envoyée à la mairie de Marseille et à la préfecture des Bouches-du-Rhône.
Des jeunes qui sèment la zizanie dans le quartier
Dans ce village qui fait en réalité partie du quartier Saint-Loup, le calme règne en journée. Entre les pins, le bruit des criquets et le canal de Marseille, l’endroit détonne par son calme, comparé au reste de la cité phocéenne.
Mais la tranquillité des riverains est désormais mise à rude épreuve par des jeunes qui restent jusqu’à tard le soir sur la place Constantino, située à l’entrée du quartier. Dérapages à scooter, parties de pétanque jusque tard dans la nuit ou consommation excessive d’alcools et de stupéfiants font partie des multiples griefs à leur encontre. « Je suis infirmier et je me lève à 5h du matin. Mais à 2h, je suis encore en train de leur demander d’arrêter », raconte Sébastien Balducchi, l’auteur de la pétition sur le site change.org.
Des déchets sont laissés chaque soir sur la place Constantino, alors qu’elle est équipée de cinq poubelles. (©Document remis à actu Marseille)
« Ça a toujours été comme ça, mais depuis un an, c’est catastrophique. On vit un enfer », poursuit-il.
Les jeunes ne me dérangent pas. Mais quand je me lève et que je vois que c’est Hiroshima, ils n’ont pas d’excuse. On est très en colère.
Sébastien Balducchi
Habitant du quartier des Trois Ponts à Marseille
Avec ces jeunes, le dialogue semble rompu et les habitants sont « à cran », assure le père de famille. Car ces derniers mois, plusieurs événements ont mis le feu à poudre. À commencer par les déchets sauvages laissés sur la place, voire à côté des cinq poubelles. « Ils font ça pour nous narguer, affirme-t-il. C’est une mamie qui chaque matin vient elle-même nettoyer les lieux. »
Un cutter a été retrouvé abandonné sur la place Constantino dans le quartier des Trois Ponts. (©Capture d’une vidéo / Document remis à actu Marseille)« J’ai peur qu’un point de deal s’installe ici »
Parmi ces déchets, un cutter a notamment été retrouvé. Les riverains craignent dorénavant qu’un drame se produise. « J’ai peur qu’un point de deal s’installe ici », explique encore Sébastien Balducchi.
Un autre événement a marqué le quadragénaire. « Un jour, ils ont mis le feu, mais on l’a rapidement éteint. Ici, ça peut prendre très vite. » Face à cela, il a décidé de débroussailler tout son jardin.
La question des dépôts sauvages
Mais ces problèmes avec les jeunes – « qui montent certainement des cités voisines » – ne sont pas les seuls. Un autre, bien plus ancien, empoisonne le quotidien du quartier : les dépôts sauvages.
Pourtant, au-dessus de la place Constantino, se trouvent deux bennes à ordure. Des kilos de déchets sont retrouvés… à côté. « Une fois, il y avait une cuisine entière », sourit Sébastien Balducchi.
Régulièrement, des déchets s’entassent à côté des bennes à ordures. (©Document remis à actu Marseille)
Alain habite ici dans les années 1980. Il trouve cette situation « scandaleuse » et ne comprend pas comment il peut y avoir un « si gros manque de civisme ». « À la longue, ça me fatigue et me gonfle », soupire le retraité.
Car ces déchets ne sont pas que du fait des jeunes. Des camions de société sont déjà venus jusqu’au Trois-Ponts pour s’en débarrasser. Avec cette somme de problèmes, Sébastien Balducchi craint « une baisse des prix de l’immobilier ».
Quelles solutions ?
Pour sortir de cette situation difficile et retrouver une vie paisible, les deux hommes expliquent avoir plusieurs propositions. La première et la plus urgence, à leurs yeux, concerne l’installation de caméras.
Ils réclament aussi des patrouilles de police qui « montent le soir jusqu’aux Trois Ponts ». « Je les ai appelées plusieurs fois, mais ils ne sont jamais venus », regrette fortement Sébastien Balducchi.
La pétition semble avoir eu un premier effet, puisque Blaise Rosato, adjoint à la Sécurité à la mairie des 9e et 10e arrondissements, s’est déplacé sur place. Il a promis l’installation de caméras nomades, les permanentes sont du ressort de la mairie de Marseille.
En revanche, des patrouilles de police devraient bien circuler dans le quartier. La demande a été faite lors d’une réunion. Thierry Santelli, vice-président (DVD) du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, a aussi écrit une lettre aux commissaires de la Division Sud pour protéger le quartier.
Mais ce mercredi 2 juillet, Sébastien Balducchi assure que rien n’a changé. « C’est même encore pire. Ils sont de plus en plus nombreux sur la place », affirme-t-il.
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