La plus grande place de la capitale créée par Louis XV va devenir un immense espace végétalisé.L’objectif affiché est de réserver 66% de l’espace aux piétons.Un chantier qui devrait prendre entre deux et trois ans, d’après la mairie de Paris.
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Initiatives environnementales
On se contente aujourd’hui de la traverser, mais à l’avenir, on aura peut-être envie de s’y promener. Le réaménagement de la place de la Concorde dans 8ᵉ arrondissement de Paris va bientôt démarrer pour lui redonner sa verdure d’autrefois. La plus grande place de la capitale créée par Louis XV est aujourd’hui réduite à un « triste rôle de rond-point automobile », avec pas moins de 5.400 véhicules qui l’empruntent chaque heure, a déploré la maire de Paris, Anne Hidalgo, en dévoilant plus tôt dans la semaine le projet retenu pour redonner son lustre d’antan à cet axe historique.
L’architecte Philippe Prost, en charge du projet, en décrit les contours dans la vidéo du JT de TF1 en tête de cet article. « On va avoir une herbe de façon prairie, un peu comme aux Invalides. Et du coup, les gens pourront choisir de se promener ici. On pourra s’asseoir sur la balustrade et regarder le fossé végétalisé. Mais on aura aussi toujours un peu de circulation qui permettra à la ville de fonctionner », explique Philippe Prost. Au cœur du réaménagement, la végétalisation de l’ancienne place royale, en restituant les anciens fossés plantés au XVIIIe siècle, avec deux grandes pelouses et 130 arbres pour longer des espaces piétons.
Historiquement, on sait qu’il y avait des allées avec beaucoup de verdure
Stéphanie, une habitante de Paris
De quoi séduire Stéphanie, une habitante de Paris. « Historiquement, on sait qu’il y avait des allées avec beaucoup de verdure », souligne-t-elle. Les fossés, sur lesquels on ne pourra pas marcher, permettront de gérer les inondations, avec une capacité de stockage de cinq jours de pluies intenses, indiquent les concepteurs du projet. « La place va retrouver une partie de ses sols naturels et perméables », laissant espérer une diminution de la température au sol jusqu’à huit degrés sur l’un des principaux îlots de chaleur de Paris, a fait valoir l’adjoint au maire de Paris en charge de la végétalisation de l’espace public, Christophe Najdovski.
On revient vers des formes anciennes, mais pour répondre à des enjeux contemporains
Chiara Santini, professeure d’histoire des jardins à l’École nationale supérieure de paysage (ENSP
Pour l’historienne Chiara Santini, la future place présente bien des similitudes avec celle du XVIIIe siècle. « Ça semble vraiment respecter, dans la forme comme dans les usages, l’état de la place du XVIIIe siècle. On revient vers des formes anciennes, mais pour répondre à des enjeux contemporains », soutient cette professeure d’histoire des jardins à l’École nationale supérieure de paysage (ENSP). Quant aux célèbres pavés, ils seront conservés, mais avec de nouveaux matériaux, plus clairs afin de réfléchir les radiations solaires. Élodie, qui a longtemps habité à Paris, s’y projette déjà pour une petite pause. « On [pourra] prendre des goûters avec les enfants, c’est sympa ! Et cela fait un espace vert en plus pour les habitants », souligne-t-elle au micro de TF1.
La circulation continuera à se faire en demi-jauge, comme c’est le cas depuis 2023. Mais l’objectif affiché par la mairie de Paris est de réserver 66% de l’espace aux piétons. Les travaux, d’un coût estimé entre 35 et 38 millions d’euros, vont démarrer « dès que possible », pour un rendu d’ici deux ou trois ans, a indiqué la maire de Paris Anne Hidalgo. Depuis quelques années, la ville de Paris a engagé une vaste opération de débitumisation de l’espace public, comme avec la place de la Nation en 2019. La municipalité ambitionne de végétaliser 300 hectares avant 2040, notamment autour de l’hôtel de ville et de Notre-Dame-de-Paris.
Matthieu DELACHARLERY | Reportage TF1 : Elise COUSSEMACQ, Louise LEBRAS