En vertu de l’accord de Paris de 2015, les États ont jusqu’au 10 février prochain pour présenter leurs nouveaux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, appelés NDC (contributions déterminées au niveau national), auprès des Nations unies.
Le Royaume-Uni a officiellement entériné jeudi 30 janvier ses ambitions, dans la lignée que ce qui avait été déjà annoncé par le Premier ministre travailliste Keir Starmer, lors de la CO29, à Bakou (Azerbaïdjan) : les Britanniques s’engagent à réduire toutes les émissions de Co2 d’au moins 81 % d’ici à 2035, par rapport aux niveaux de 1990.
« La NDC du Royaume-Uni est un signal très attendu d’un leadership international fort. L’Union européenne a ce qu’il faut pour lui emboîter le pas avec des objectifs très ambitieux avant la COP30 », a souligné Manon Dufour, directrice exécutive du bureau de Bruxelles du think tank E3G. Isabella O’Dowd, responsable des politiques climatiques à la WWF-UK, reste prudente : « à l’approche de la COP30, le gouvernement doit prouver qu’il peut passer des promesses à l’action ».
En novembre dernier, les travaillistes aux manettes à Londres avaient annoncé leur volonté de mettre fin à tout nouveau projet d’extraction du charbon sur leur sol, de quoi tourner la page de 140 ans d’exploitation abondante de l’or noir. Et en août 2024, un mois après leur arrivée au pouvoir, ils avaient également prévenu qu’ils ne défendraient pas devant la justice le développement des projets pétro-gaziers.
À ce propos, un tribunal écossais a annulé jeudi les autorisations délivrées par les autorités britanniques aux groupes pétroliers Shell et Equinor s’agissant des champs pétrolier et gazier de Rosebank et de Jackdaw en mer du Nord, au motif qu’elles n’avaient pas pris en compte les émissions de carbones indirectes générées par ces deux projets.
Les juges ont suspendu toute extraction en attendant un réexamen de l’octroi des licences par l’Autorité du gaz et du pétrole. Interrogé par l’AFP, Philip Evans, responsable de campagne au sein de Greenpeace UK – une des ONG à l’origine du recours, s’est réjoui de cette décision : « L’époque où les gouvernements approuvaient de nouveaux sites de forage en ignorant leur impact climatique est révolue ».
De son côté, la major pétrolière Shell a exhorté le gouvernement travailliste à débloquer la situation. « Notre priorité est d’assurer une transition juste, ordonnée et prospère en mer du Nord, en ligne avec nos obligations climatiques et légales », a rappelé un porte-parole du ministère de la Sécurité énergétique et de la Neutralité carbone.
Backlash écologique
Outre ces projets, la nouvelle NDC fixée par le Royaume-Uni tranchent avec le climat international actuel : le retrait – pour la seconde fois – des États-Unis de l’accord de Paris annoncé par Donald Trump en janvier 2026 ont semé le trouble quant à la nécessaire réussite des négociations climatiques.
L’ombre du leader de l’internationale fasciste planait déjà dans les couloirs de la COP29, en témoigne l’accord risible conclu en matière de finance climatique. S’il est pour l’heure encore difficile de mesurer l’impact de ce « backlash écologique » venu des États-Unis, la COP30 qui se déroulera à Bélem (Brésil) cette année sera quoi qu’il arrive un tournant décisif dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Responsable de la campagne sur la mer du Nord à Oil Change International, Rosemary Harris estime qu’à « l’heure où d’autres pollueurs historiques se dérobent à leurs responsabilités climatiques au profit de l’industrie des combustibles fossiles, le signal envoyé par les Britanniques est « positif ».
À l’inverse, d’autres pays régressent en la matière, à l’image de la Nouvelle-Zélande qui, dans sa dernière NDC, « recule dans ses ambitions et fuit ses responsabilités, en augmentation ses réductions d’émissions d’un dérisoire 1 % ». Pire, l’État insulaire d’Océanie rouvre « l’octroi de licences d’exploitation de pétrole et de gaz en mer », selon l’intéressée. Une politique aussi anachronique que dévastatrice, à l’heure où la Terre a dépassé, en 2024, le seuil des 1,5 °C de réchauffement de l’accord de Paris, selon l’Institut Copernicus.
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