Le 12 juin, sur son compte Instagram, Lennart Monterlos, un jeune Franco-Allemand de 18 ans, publiait une vidéo intitulée « Iran : trop dangereux, faites demi-tour ». Si le contenu était en réalité humoristique et visait à vanter les mérites de ce pays « très controversé », il revêt une dimension tristement prophétique. Ce jeune touriste qui voyageait à vélo à travers ce pays est porté disparu depuis le 16 juin.
« Cette disparition est inquiétante. Nous sommes en lien avec la famille à ce sujet », a confirmé ce dimanche une source diplomatique. Si cette source n’est pas en mesure de dire si ce Français fait partie des Européens récemment arrêtés en Iran, accusés d’espionnage pour Israël, elle insiste sur les dangers qui planent sur les ressortissants se rendant sur place. L’Iran « cible des ressortissants français de passage qu’il accuse d’espionnage et qu’il détient dans des conditions indignes, dont certaines relèvent de la définition en droit international de la torture », souligne-t-elle.
« On me disait que le risque était trop grand »
Dans son post publié quatre jours avant sa disparition, Lennart Monterlos confiait que son passage en Iran avait « fait l’objet de vifs débats » dans son entourage. « On me disait que le risque était trop grand », expliquait-il. Une mise en garde qu’il jugeait exagéré. « Tout en gardant en tête que ce n’est pas la Côte d’Azur et qu’il faut prendre certaines précautions, pour moi cela a été une très belle expérience jusque-là », écrivait-il.
Le 15 juin, c’est-à-dire, la veille de sa disparition, il racontait ses mésanventures dans le désert iranien avec trop peu d’eau sur lui. Il se rendait, semble-t-il, vers le nord-est du pays, vers la frontière afghane, sa prochaine destination. Quelques jours auparavant, il précisait qu’il prévoyait de faire un peu de stop pour sortir du pays avant le 25 juin, jour de l’expiration de son visa.
Lennart Monterlos, qui se décrit comme un « vélo rêveur », avait obtenu son bac franco-allemand à Besançon. Il était ensuite parti pour une année de césure, avant d’entamer ses études supérieures. Ce passionné de voyage et de sport s’était fixé de rallier Tokyo à vélo. « 400 jours, 35.000 km » à travers 35 pays. Il avait effectué entre juin et décembre, la première partie de son escapade à travers l’Europe jusqu’en Iran avant de décider de faire une pause et rentrer chez lui pour fêter Noël. Après plusieurs mois en France, il reprend son voyage le 24 mai à Varzaneh, au centre de l’Iran. Dans les vidéos postées jusqu’à sa disparition, il relatait de belles rencontres, bien loin du climat géopolitique particulièrement instable.
« Quitter le territoire iranien immédiatement »
Le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot « a échangé » ce dimanche avec son homologue iranien Abbas Araghchi, a fait savoir dimanche soir le ministère français des Affaires étrangères. En revanche, on ignore si la conversation a porté sur ce jeune touriste ou s’est concentré sur le sort de Cécile Kohler et Jacques Paris, retenu depuis trois ans dans le pays.
« Il est recommandé aux ressortissants français de ne pas se rendre en Iran » et « pour ceux qui y seraient déjà de passage, il est recommandé de quitter le territoire iranien immédiatement en raison des risques d’arrestation et de détention arbitraire », avait souligné plus tôt la source diplomatique.