Le chaos semé par la majoration des droits de douane américains décidée par l’administration Trump, et maintenue sur le secteur automobile, promet de rebattre les équilibres. Face à ce coup de massue fiscal, les constructeurs européens continuent de chercher la bonne stratégie. Audi a suspendu ses exportations vers les Etats-Unis, tandis que Stellantis a mis en pause ses usines au Canada et au Mexique.
Car les conséquences apparaissent particulièrement violentes pour le groupe Volkswagen et Stellantis. Le constructeur franco-italo-américain a vu d’ailleurs ses résultats plombés sur le premier trimestre par ses contre-performances aux États Unis. Outre-Atlantique, ses facturations consolidées (désignant les véhicules livrés aux concessionnaires, aux distributeurs ou aux clients finaux) ont reculé de 20%, mettant à mal la reconquête engagée en Europe.
Des constructeurs Chinois en quête de débouchés
Mais les firmes européennes ne sont pas les seules dans la tourmente. Frappés d’une majoration de 125% des droits de douanes, les constructeurs automobiles chinois voient les portes du second marché mondiale se refermer.
Reste que les industriels de l’Empire du Milieu sont confrontés à des surcapacités de production, rendant la recherche de débouchés à l’international indispensables. Leurs regards se portent inévitablement sur le 3e marché automobile mondial.
D’autant que la majoration des taxes douanières en vigueur depuis l’été sur les modèles électriques importés de Chine, pourraient être revue. Rappelons qu’elles pénalisent à hauteur de 35,3% MG, mais aussi BYD (17%) et Geely (18,8%), s’ajoutant au droit standard d’importation de voitures de l’UE de 10 %.
Les derniers conciliabules laissent à penser qu’un prix de vente minimal pourrait être imposé à l’avenir en lieu et place de cette majoration. Un nouveau mécanisme qui devrait être aussi efficace et contraignant que le dispositif actuel, tout en étant moins pénalisant que les surtaxes américaines.
Une stratégie sur le long terme
Ajouté à des gammes adaptées pour tenir compte d’une demande européenne poussive sur l’électrique au profit des modèles hybrides, les constructeurs chinois pourraient rapidement reprendre leur offensive en Europe. D’autant que les réseaux de distribution prennent forme, en attendant l’inauguration des premières usines d’assemblage.
Stella Li, vice-présidente de BYD, a rappelé que la stratégie du constructeur s’inscrivait sur le long terme sur le continent. Au cours de l’hiver, les marques chinoises telles que Chery, MG et BYD ont atteint 4,1 % de parts de marché sur le Vieux-Continent.
La croissance confirme la prédiction de l’ex-CEO de Stellantis, Carlos Tavares, qui estimait que les constructeurs chinois capteraient 10 % du marché européen à l’avenir.
Reste à savoir désormais, comment les « legacy » se sortiront de leur côté de la guerre commerciale ouverte par le président des Etats-Unis, Donald Trump. Considérés comme persona non grata aux USA, mis en difficultés en Chine, les marges de manœuvre des constructeurs européens s’amenuisent.