Par
Léa Afonso
Publié le
7 juil. 2025 à 7h12
Après avoir quitté sa femme pendant la crise du Covid, Cédric s’est retrouvé sans toit. Très vite, la rue devient son quotidien. C’est à Toulouse, quartier du Faubourg Bonnefoy, qu’il s’installe sous une tente. Entre alcool, perte de ses papiers d’identité et prise de conscience, son histoire prend un tournant inattendu grâce à la solidarité d’un quartier tout entier.
De Paris à Toulouse, en passant par l’errance
« Je vivais à Paris avec ma femme et mes deux enfants. Puis, la séparation est arrivée, et j’ai dû quitter le domicile », raconte Cédric, 40 ans aujourd’hui. « Dévasté », il fuit la Capitale et ceux qui le connaissent. Direction l’Espagne, en train, sans billet. Mais il est intercepté lors d’un contrôle et forcé de descendre à Narbonne. Nous sommes alors en 2020, en pleine pandémie.
Commence alors une longue errance. Il dort dehors, chez des amis, travaille ponctuellement ou fait la manche. Il passe par Narbonne, Carcassonne, Montauban et Castelnaudary, avant d’atteindre Toulouse en 2023.
Le Faubourg Bonnefoy, son nouveau refuge
À son arrivée à Toulouse, il s’installe d’abord rue Bayard, près de la gare. Mais les conditions ne sont pas optimales pour diverses raisons. Il finit par migrer vers la rue du Faubourg Bonnefoy. « Un jour, je suis passé devant le Spar du Faubourg et je me suis posé là, sans rien demander ».
Installé sous une tente, il passe ses nuits sur le trottoir. Peu à peu, il tisse des liens avec les habitants du quartier : « J’ai commencé à connaître tout le Faubourg ». Mais cette intégration est régulièrement perturbée : « Des gens appelaient la police à cause de ma tente. La police venait, je la déplaçais de quelques mètres, et ça recommençait sans cesse ».
Une descente aux enfers
Février 2025 marque un tournant brutal pour Cédric. « Un jour, une pelleteuse a embarqué ma tente avec tous mes papiers. Toute ma vie était dedans. Ce jour-là, j’ai craqué. J’ai bu, beaucoup. J’ai voulu mourir avec l’alcool« , confie-t-il.
« Il criait dans la rue, ivre« , se souvient une commerçante du quartier. Elle ne le connaît pas encore à cette époque, mais le soir-même, elle lui propose de s’abriter devant son magasin. Pieds nus, sous la pluie, en plein hiver, il tente de survivre. « J’ai appelé les pompiers, les maraudes, le secours catholique… C’était un cauchemar humain », témoigne-t-elle.
Cédric lorsqu’il logeait en février 2025 sur le trottoir devant le commerce de sa tata (©DR, Cédric)
Peu de temps après, exténué par la situation, et ayant bu plus que de raison pour oublier, Cédric s’effondre, victime d’un coma éthylique.
Une main tendue
À son retour de l’hôpital, la commerçante, qu’il appelle désormais Tata, pose les bases d’un pacte : « Je lui ai dit : ‘moi, je veux t’aider. Soit tu arrêtes l’alcool et je t’aide, soit tu continues à couler, mais tu ne m’emmènes pas avec toi ».
Cédric choisit de remonter la pente. « J’ai eu une prise de conscience. J’ai vu le fond. Et j’ai compris la valeur de ce que j’avais construit avec Tata ».
Le quartier se mobilise alors. On lui apporte des repas, des vêtements, une nouvelle tente, installée à l’abri. « Tout le monde m’a tendu la main. Et moi, j’ai montré que je voulais m’en sortir. C’est une question de respect », confie-t-il, le sourire aux lèvres.
Les nouvelles tentes de Cédric, là où il vit à l’heure actuellement, en attendant de trouver un vrai logement. (©DR, Cédric)Tournée vers l’avenir
Aujourd’hui, Cédric et sa Tata mènent ensemble un combat administratif pour lui permettre de retrouver une vie stable. Objectif : un logement social. Mais les démarches sont compliquées : « Il me faut une carte d’identité et des déclarations fiscales, tout ce qu’on m’a pris avec ma tente », déplore-t-il.
Ancien jardinier, Cédric souhaite aussi de retravailler. Et un jour, renouer avec ses enfants. « Le côté psychologique, c’est le prochain travail à faire », concluent ensemble Cédric et sa bienfaitrice.
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