Le Japon doit diversifier ses liens commerciaux au-delà du marché américain afin de limiter les risques et de privilégier des partenariats avec des pays favorables au libre-échange, a déclaré lundi Hirofumi Yoshimura, co-représentant du Parti de l’Innovation du Japon, formation d’opposition.
Tokyo devrait rechercher une situation « gagnant-gagnant » dans ses négociations commerciales, cependant, les droits de douane imposés par le président Donald Trump illustrent à quel point les États-Unis représentent un risque pour le Japon – ou une source d’incertitude susceptible de fragiliser son économie, a estimé Yoshimura.
« Le Japon devrait renforcer ses liens commerciaux avec des pays misant sur le libre-échange », comme l’Europe, et se ménager davantage d’options pour protéger son économie, a-t-il confié à Reuters lors d’un entretien.
« Plutôt que de reposer sur un seul pilier, aussi solide soit-il, comme les États-Unis, le Japon devrait s’appuyer sur, disons, cinq à dix piliers plus modestes. C’est une approche plus judicieuse pour éviter que le toit ne s’effondre », a-t-il illustré.
Ces déclarations interviennent alors que le Japon fait face au risque de droits de douane américains élevés et durables, après l’échec des négociations commerciales qui a conduit Donald Trump à accuser Tokyo de pratiques « déloyales » dans le secteur automobile.
Les positions de petits partis d’opposition comme le Parti de l’Innovation du Japon pourraient gagner en importance à l’approche des élections pour la chambre haute prévues le 20 juillet, un scrutin où le Premier ministre Shigeru Ishiba et le Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir affrontent une rude concurrence.
De récents sondages, dont un mené par le quotidien Yomiuri, montrent que le PLD et son partenaire de coalition, Komeito, pourraient perdre leur majorité à la chambre haute – un scénario qui, selon les analystes, pourrait pousser Ishiba à démissionner ou à rechercher un nouvel allié.
La coalition au pouvoir PLD-Komeito est déjà minoritaire à la chambre basse, obligeant Ishiba à solliciter la coopération des partis d’opposition pour faire adopter certains projets de loi au Parlement.
Ishiba a maintenu dimanche sa ligne dure lors d’une émission télévisée, affirmant que le Japon continuerait d’exiger la suppression des droits de douane américains sur les automobiles et « ne fera pas de concessions facilement ».
Les droits de douane américains viendraient aggraver les difficultés de l’économie japonaise, qui s’est contractée au premier trimestre, la consommation ayant souffert de la hausse du coût de la vie.
Yoshimura a souligné que le Japon devait se concentrer sur la déréglementation pour revitaliser l’économie et sur des réformes visant à maîtriser l’envolée des coûts de la protection sociale, qui pèsent lourdement sur les finances publiques.
Concernant la politique monétaire, Yoshimura a estimé que la Banque du Japon (BOJ) devait poursuivre la sortie progressive de sa politique ultra-accommodante, mais à un rythme lent et prudent.
« Le Japon affiche une dette publique colossale et dépend de l’émission d’obligations pour piloter sa politique », a-t-il rappelé. « Dans ce contexte, la BOJ doit avancer prudemment en matière de relèvement des taux d’intérêt. »