• Le dérèglement climatique touche l’ensemble de la planète. Il provoque chaque été des vagues de chaleur plus nombreuses, plus fréquentes et plus longues. Comment faire face au réchauffement en ville ? Pour en parler, Sylvia Amicone reçoit cette semaine dans « Impact Positif » Alexandre Florentin, conseiller de Paris et Président de la mission « Paris à 50 degrés ».

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Impact positif

« Un pic de chaleur à 50 °C à Paris peut survenir dès 2049 « , avertissent six chercheurs et spécialistes des événements extrêmes dans la revue scientifique Climate Services. « Toute personne ayant vécu dans la capitale ces derniers étés a senti dans sa chair que l’exceptionnel devenait la nouvelle norme. Ce qui n’est encore qu’un avant-goût du changement climatique doit nous pousser à nous préparer aux conséquences de l’inaction globale passée, dans un souci de protection de toutes et tous », répondent des conseillers de la mairie de Paris dans le rapport transpartisan mission « Paris à 50 degrés ».

Son président, Alexandre Florentin, explique sa démarche dans le podcast de celles et ceux qui ont un impact positif sur la société et sur le monde, à écouter ci-dessus et diffusée tous les samedis après-midi sur LCI, canal 15 de la TNT. « 50 degrés à Paris, ça n’est plus du tout de la science-fiction », jure l’élu de Génération écologie. L’an dernier, à la même latitude, la ville canadienne de Lytton (Colombie Britannique) a subi une température record de 49,5 degrés. Très urbanisée, l’agglomération parisienne devient l’une des plus vulnérables en Europe : « Les villes ne sont pas faites pour vivre sous 50 degrés. Des bâtiments modernes, comme les grandes tours, deviennent des serres à tomates. Nous manquons de lieux rafraichis et facilement accessibles à la population », poursuit le conseiller de Paris.

Le rapport propose 85 mesures à mettre en œuvre au plus vite. Parmi elles, on retrouve la création de nouveaux espaces verts, la multiplication des plantations en pleine terre pour végétaliser la ville ou la végétalisation des façades d’immeubles. « Paris compte à peine 3,3 mètres carrés d’espaces verts publics par habitant. Les zones d’ombre, moins exposées au soleil, forment des îlots de fraîcheur. Le bitume sombre attire le soleil et emmagasine la chaleur et transforme la ville en un gigantesque radiateur la nuit », rappellent les auteurs de l’étude. Ils préconisent également de revoir l’urbanisme parisien, adapter les bâtiments (repeindre les toitures en blanc par exemple), multiplier les points d’eau et modifier notre rythme de vie (en modifiant les rythmes de travail des salariés exposés à la chaleur). Il faudra, prévient encore le rapport, se doter d’un plan de gestion de crise avec un plan grand chaud pour ouvrir des lieux frais à la population, y compris la nuit.

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« Beaucoup de solutions existent déjà »

La canicule survenue la semaine dernière a mis en lumière beaucoup de difficultés pour les écoles. Mardi dernier, en France, 2.213 d’entre elles ont gardé leurs portes closes « pour protéger les enfants. » Pas de quoi surprendre Alexandre Florentin : « En Île-de-France, des maîtresses ont déjà utilisé leur droit de retrait et des parents se sont plaints de la chaleur. Les canicules arrivent plus tôt et plus tard et touchent de plus en plus d’écoles. » Problème : les rénover coûte beaucoup d’argent. Changer notre mode organisationnelle et dispatcher les enfants dans d’autres établissements prend également du temps. Dans l’urgence, des solutions existent déjà et demandent peu d’investissement, promet l’élu : « Les anciens établissements bénéficient d’une construction hygiénique : aérer permet de faire sortir les germes. Créer un courant d’air permet de faire chuter les températures de plusieurs degrés dans les salles. Les ventilateurs au plafond font baisser l’impression de chaleur et sont faciles à installer. »

Alexandre Florentin estime que l’adaptation au dérèglement climatique doit devenir le thème principal des élections municipales de l’an prochain : « Tous les candidats des partis doivent proposer des solutions et trancher les choses. » L’élu assure qu’au niveau national « tout le monde est perdu après le détricotage de tous les mécanismes d’aide. »

Geoffrey LOPES