Depuis plus de 15 ans, les Arlésiens et les habitants de Trinquetaille se demandent que diable va devenir l’ancien site des Papeteries Étienne. Après l’arrêt des activités du groupe International Paper, en 2009, la friche industrielle en bordure du Rhône s’est longtemps cherchée une seconde vie. Ce dimanche 6 juillet, c’est à l’occasion de sa visite des expositions des 56e Rencontres de la photographie que la ministre de la Culture, Rachida Dati, a choisi de révéler le futur destin du site, qui accueille à partir de ce lundi 7 juillet une partie du festival international : « Je lance une mission de préfiguration pour la création d’un musée de la photographie, car nous n’en avons pas pour l’instant malgré notre patrimoine très important. Tout cela mérite d’être exposé. Ce projet serait ici, sur le site des Papeteries Étienne, qui pourrait être l’écrin de ce nouveau musée. »
Des travaux sont d’ores et déjà entrepris sur place, depuis le début de l’année 2024. Un chantier qui a permis au bâtiment Shed et à la grande halle nord d’abriter les Rencontres de la photographie. Sur les 16 000 m² restants de l’ancienne zone de production, un parc va être aménagé avec espaces verts, jeux pour enfants et équipements sportifs. Et avec lui, c’est donc un grand musée national qui devrait intégrer le site.
Un musée attendu d’ici 2027
Pour l’heure, aucun calendrier n’a été communiqué pour ce projet. Le comité scientifique du bicentenaire de la photographie, célébré à partir de septembre 2026, est désormais missionné par le ministère de la Culture de plancher sur ce futur chantier. Le musée sortira de terre, « peut-être en 2026 ou 2027 », selon le maire d’Arles, Patrick de Carolis.
« Depuis plusieurs mois, nous travaillons avec le ministère de la Culture sur l’idée d’un potentiel lieu où pourraient se rassembler des archives et des collections photographiques, détaille le premier magistrat. Ce serait quelque chose de tout à fait nouveau, et Arles serait une tête de pont pour permettre à toutes les collections nationales de circuler et de s’harmoniser. L’État a souhaité que ce lieu soit à Arles, car on a construit ici cette identité de capitale de l’image avec la photo, le dessin et l’animation. C’est une belle reconnaissance pour nous et le travail fait par nos prédécesseurs depuis 55 ans avec les Rencontres. »
« L’art apaise les tensions »
Avant cette annonce, la ministre de la Culture Rachida Dati a passé le reste de son dimanche arlésien à découvrir, avant tout le monde, quelques expositions des 56e Rencontres de la photographie en compagnie des élus arlésiens et des directeurs du festival. Elle s’est notamment attardée près d’une demi-heure sur l’exposition Photographies d’Australie, à l’église Sainte-Anne : « Le commissaire m’a expliqué comment il a placé en fil rouge de son exposition les problèmes d’identité, et les aborigènes invisibilisés en Australie. Cette exposition nous renvoie à des sujets tellement contemporains, confie, conquise, la ministre de la Culture. L’identité, le racisme, la discrimination, les inégalités, le rejet de l’autre, les frontières… Les problématiques connues en Australie sont les mêmes que celles que nous avons en Europe, et l’art apaise les tensions. Ce n’est pas de la revendication violente, c’est de l’exposition. »
La Ministre s’est laissée bercer par les voix envoûtantes qui accompagnent les clichés dans la paroisse, aux côtés des portraits des peuples aborigènes retraçant l’histoire de ce « pays-continent » si atypique. Rachida Dati, qui a avoué ne connaître Arles « qu’avec les meetings que j’ai fait ici lors des campagnes électorales ! », a désormais, à son tour, coché la petite Rome des Gaules comme la capitale de la photographie.