Chacune des 2 500 pièces déjà en circulation est unique, avec ses propres reflets bleus, verts et turquoise. Cette « monnaie sauvage » est en effet produite artisanalement à partir de déchets ramassés sur les plages de la Méditerranée : bouchons, bidons, bouteilles… Lancée il y a un an, l’initiative de l’association Sauvage Méditerranée rencontre « un franc succès » sourit Adrien Piquera, chargé de développement au sein de l’ONG. La monnaie permet aujourd’hui d’avoir des réductions chez une trentaine de commerçants marseillais engagés pour une consommation locale et pour la réduction des déchets.

À l’origine, les pièces de la « monnaie sauvage » étaient données à l’issue d’opérations de dépollution organisées par des associations partenaires, comme Clean my Calanques. « Aujourd’hui, on veut aller plus loin et s’adresser à des personnes moins sensibilisées » explique Adrien Piquera. Un vélo-cargo de l’association, une « banque sauvage », va ainsi se déplacer tout l’été dans Marseille, afin d’inciter les citoyens à venir déposer des déchets en échange de pièces. « Notre vélo est l’équivalent d’un bureau de change mobile », résume Noémie Espanet, chargée de mission à Sauvage Méditerranée.

« Créer de la richesse à partir de déchets »

Si l’association s’empare du vocabulaire bancaire, c’est parce qu’elle estime que le système financier actuel présente des limites, notamment au niveau écologique. « La majorité des banques continuent à investir dans les énergies fossiles, alors que les scientifiques nous disent que ce n’est plus viable », avance Adrien Piquera.

Le vélo cargo de l'association Sauvage Méditerranée propose d'échanger des déchets contre des pièces de la "monnaie sauvage".Le vélo cargo de l’association Sauvage Méditerranée propose d’échanger des déchets contre des pièces de la « monnaie sauvage ». / Photo SYLVAIN TRUC

À travers sa monnaie, Sauvage Méditerranée cherche à proposer un modèle alternatif : « Nous aimerions montrer qu’on peut créer de la richesse à partir de déchets et financer des initiatives plus durables. »

En parallèle de sa monnaie, l’association multiplie les projets : création d’objets divers (bijoux, trophées) à partir de déchets, déploiement d’une recyclerie mobile pour aller à la rencontre du public, etc. Une activité intense soutenue financièrement par la Ville de Marseille et l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). À la veille du départ de sa « banque sauvage », la dynamique ONG ne cache pas ses ambitions : qu’à terme, la « monnaie sauvage » se déploie sur l’ensemble du bassin méditerranéen.

La « banque sauvage » sera le 8 juillet à 9h au parc Puget (7e), le 10 à 18 h 30 au parc Longchamp (4e), le 15 à 18 h 30 au palais du Pharo (7e), le 17 de 10 h à 17 h à L’Epopée (14e) puis le 17 à 18 h 30, plage des Catalans (7e).