Inversion historique d’un courant océanique majeur dans l’hémisphère sud
Un courant océanique majeur dans l’hémisphère sud a inversé sa direction pour la première fois dans l’histoire, ce que les climatologues qualifient de point de basculement « catastrophique » dans le système climatique mondial. Ce phénomène, confirmé par des scientifiques marins espagnols de l’Institut de Ciències del Mar (ICM-CSIC) de Barcelone, a déclenché une alarme générale parmi les climatologues en raison de son potentiel à accélérer le réchauffement climatique et à déstabiliser les régimes météorologiques à l’échelle mondiale.
Un signal alarmant pour le système climatique mondial
« L’inversion stupéfiante de la circulation océanique dans l’hémisphère sud confirme que le système climatique mondial est entré dans une phase critique », a déclaré le militant climatique Ben See sur les réseaux sociaux.
Cette inversion affecte la circulation de retournement profonde dans l’Atlantique Sud, une partie du réseau mondial de courants océaniques.
Ce système tire habituellement l’eau froide et riche en nutriments des profondeurs océaniques et contribue à la redistribution de la chaleur à l’échelle planétaire.
Découverte et implications scientifiques
L’étude met en lumière un effondrement et une inversion du courant de bordure occidentale profonde (DWBC) dans l’Atlantique Sud, un élément clé de la circulation méridionale de retournement de l’Atlantique (AMOC).
Ce système joue un rôle crucial dans la régulation des températures mondiales et le stockage du dioxyde de carbone atmosphérique dans les profondeurs océaniques. Les données de l’ICM indiquent que le flux du courant DWBC s’est inversé du nord au sud pendant plusieurs mois consécutifs en 2023 — un événement sans précédent en 30 ans de surveillance continue.
Selon la physicienne et auteure principale de l’étude, le Dr Marilena Oltmanns, ces changements pourraient altérer la capacité de l’océan Austral à séquestrer la chaleur et le carbone, avec des conséquences majeures pour le climat.
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Causes possibles de l’inversion
Le renversement observé est probablement lié à l’affaiblissement continu de la circulation de retournement antarctique, un processus océanique profond provoqué par la formation de masses d’eau froide et salée près de l’Antarctique.
Ce système a ralenti jusqu’à 40 % depuis la fin des années 1990, et les nouvelles données suggèrent qu’il pourrait déstabiliser la dynamique océanique régionale plus rapidement que prévu.
Le spectre de l’effondrement de l’AMOC
De nombreuses spéculations ont circulé sur un possible arrêt complet du courant de l’AMOC, également appelé Gulf Stream. Ce courant apporte de l’eau chaude en Europe depuis l’équateur, et son arrêt pourrait provoquer une mini-ère glaciaire en Europe, avec des températures hivernales chutant de 10 à 30 °C.
Les scientifiques estiment à 98 % la probabilité que l’AMOC cesse de fonctionner d’ici 2100, mais des études récentes suggèrent que cet effondrement pourrait survenir dès cette année ou dans les prochaines décennies.
Risques liés à la libération massive de CO₂
Le rapport de l’ICM met en garde contre la libération potentielle d’importantes quantités de dioxyde de carbone actuellement piégées dans les réservoirs des grands fonds océaniques. L’inversion du cycle de la DWBC compromettrait ainsi le rôle de l’océan comme puits de carbone, qui absorbe aujourd’hui environ 25 % des émissions anthropiques de CO₂.
Cette libération pourrait doubler les concentrations atmosphériques actuelles de CO₂ en rejetant du carbone stocké depuis des siècles dans les profondeurs océaniques.
Un tel scénario remettrait en cause les objectifs climatiques actuels, car les émissions supplémentaires dépasseraient les budgets carbone établis et rendraient obsolètes les stratégies d’atténuation fondées sur des réductions progressives.
Un avertissement urgent pour la planète
L’ICM alerte sur le fait que la planète envoie des signaux de plus en plus clairs indiquant que des seuils critiques sont franchis, qualifiant cet événement de passage d’un « stress climatique chronique » à une « rupture systémique aiguë ».
Ce renversement menace d’affaiblir le rôle crucial de l’océan en tant que puits de carbone — l’une des principales défenses naturelles contre l’augmentation du CO₂ atmosphérique — et pourrait perturber considérablement les systèmes météorologiques mondiaux, les modèles de montée du niveau de la mer ainsi que les écosystèmes marins.
La Méditerranée aussi chaude que de l’eau de bain
Cet été, la Méditerranée connaît une vague de chaleur marine sans précédent. Le 4 juillet, une bouée météorologique espagnole a enregistré une température de l’eau à 31 °C, une chaleur comparable à celle d’un bain tiède.
Dans le nord-ouest de la Méditerranée, l’anomalie thermique atteint +6,21 °C par rapport à la moyenne observée entre 1982 et 2015. Ce phénomène s’inscrit dans une tendance croissante aux vagues de chaleur marines record qui, selon les scientifiques, modifient profondément les écosystèmes marins.
Un réchauffement aux conséquences inquiétantes
La température de surface de la mer dans le nord-ouest de la Méditerranée dépasse aujourd’hui de 6,21 °C la moyenne historique, créant une situation que les chercheurs qualifient d’« eau de bain » dans un bassin habituellement tempéré.
Ce réchauffement pourrait ralentir ou perturber les courants océaniques locaux, alimentant une boucle de rétroaction dangereuse qui amplifierait le réchauffement et déstabiliserait les circulations marines.
Une inversion des courants océanographiques sans précédent
Bien que les circulations océaniques se soient modifiées dans un passé lointain à cause des cycles glaciaires, l’inversion actuelle est la première à se produire à l’époque moderne, sous l’effet du changement climatique d’origine humaine.
Les chercheurs tirent la sonnette d’alarme sur le plus grand risque de changements brutaux dans les régimes de mousson, l’effondrement des pêcheries, ainsi qu’une élévation rapide du niveau de la mer dans l’hémisphère sud.
Ils appellent à une mobilisation mondiale immédiate et à une révision des stratégies d’adaptation climatique, face à un régime climatique qui pourrait devenir plus instable et imprévisible.
Un signal d’alarme climatique
Le climatologue Ben See a commenté sur les réseaux sociaux : « L’inversion spectaculaire de la circulation océanique dans l’hémisphère sud confirme que le système climatique mondial est entré dans une phase catastrophique ».
Cette inversion océanique fait remonter à la surface des eaux froides profondes où est piégé le dioxyde de carbone (CO₂). Selon l’Institut des sciences de la mer, cela pourrait « doubler les concentrations atmosphériques actuelles de CO₂ en libérant du carbone stocké dans les profondeurs océaniques depuis des siècles ».
Des seuils critiques franchis
L’Institut ajoute que « la planète nous envoie des signaux de plus en plus clairs que nous franchissons des seuils critiques ». Cette situation souligne l’urgence d’agir pour limiter les impacts de ces bouleversements sur le climat et les écosystèmes marins.
Cette inversion de la circulation océanique dans l’océan Austral est un signal d’alarme concernant l’instabilité croissante du système climatique mondial. Elle souligne l’urgence d’agir pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et limiter les impacts du réchauffement climatique.