Il y a presque un an, Lennart Monterlos, un jeune homme de 18 ans originaire de Besançon, se lançait dans l’aventure de sa vie : relier le Japon à vélo depuis la France. Arrivé en Iran en novembre 2024, il était revenu chez lui pour quelques mois avant de reprendre son voyage, en mai dernier. Deux semaines plus tard, il postait une dernière vidéo sur Instagram évoquant son passage dans le désert de Varzaneh, à l’Est d’Ispahan, avant de complètement disparaître des radars.

Le 11 juin 2024, Lennart posait la première pierre de son « projet fou » en lançant une cagnotte en ligne pour récolter des fonds. A l’époque, il venait de fêter ses 18 ans et s’apprêtait à passer son bac « parcours binational franco-allemand » au lycée Ledoux, à Besançon. Lui-même se présentait comme un « passionné de sport », notamment d’escalade, de vélo et de voyages.

« Une année de césure » après le bac

Ces deux dernières activités, il les associera plusieurs fois avant d’enfourcher son vélo direction le Japon. D’abord seul, entre Besançon et Constance, en Allemagne. Puis avec un ami, toujours depuis Besançon, mais cette fois vers Amsterdam, lors d’un périple de près de 1.000 km. Et, fin 2023, il a commencé à préparer ce qu’il voit comme « une année de césure » avant ses études supérieures : un voyage de 400 jours en Eurasie qui lui fera traverser 35 pays avant d’arriver au Japon, 35.000 km plus loin.

Sa cagnotte n’a pas fait pas un carton, à peine 2.000 euros récoltés sur les 8.000 espérés. Mais Lennart n’a pas abandonné et s’est lancé, le 15 août 2024, pour son « voyage à vélo à travers les mondes ». Un voyage qu’il va documenter comme il peut, sur Instagram et sur la plateforme PolarSteps. Entre août et novembre 2024, le jeune homme, que ses amis décrivent comme « ouvert, gentil et sans préjugés », a traversé la Suisse, l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie, la Serbie, la Bulgarie et la Turquie avant d’arriver en Iran, fin novembre.

Là, Lennart a été conquis par la capitale, Téhéran, où il logeait chez « la sœur d’une amie Iranienne » de sa mère. « Je suis émerveillé de découvrir cette ville », écrivait-il alors sur PolarSteps. Mais il a interrompu subitement son voyage pour revenir en France, passer les fêtes de Noël en famille. Et retrouver son amoureuse qui lui manque, confiait-il.

« Suis-je inconscient ou courageux ? »

Après une pause en France plus longue que prévu, Lennart a repris sa route, le 24 mai 2025, où il l’avait interrompue, en Iran. C’est là qu’il a changé de ton dans ses vidéos. Certes, il était toujours dans le mood de « promouvoir un mode de voyage plus lent et respectueux de l’environnement ». Mais il insistait aussi sur un autre point : « à 18 ans, je vais traverser les pays les plus dangereux au monde », assurait-il dans une vidéo, listant l’Iran, l’Afghanistan et le Pakistan. « Suis-je inconscient ou courageux ? », demandait-il à ses followers.

Il a même posté une vidéo, supprimée depuis par sa famille, dans laquelle il vantait les qualités du pays : architecture, paysages, coût de la vie, accueil des habitants… Une vidéo cependant assez mal perçue, notamment parce que Lennart y raillait les consignes du Quai d’Orsay qui déconseille aux voyageurs de se rendre en Iran en raison des « risques d’arrestation arbitraire ».

Le 15 juin, quelques jours après avoir posté cette vidéo, Lennart en diffusait une dernière sur Instagram, racontant son passage difficile dans les dunes de la région de Varzaneh. Depuis, le jeune homme n’a plus rien posté sur Instagram. Son roadbook sur PolarSteps, lui, n’est plus alimenté depuis le 3 juin, lorsque Lennart se trouvait du côté de Shiraz, une ville au sud du pays.

Notre dossier sur l’Iran

Contactée par 20 Minutes, la famille de Lennart ne souhaite pas s’exprimer pour le moment. « On est inquiets, on n’a pas de nouvelles, on est un peu tous dans l’attente », reconnaît en revanche un de ses amis auprès de RTL. Forcément, puisque le silence de Lennart correspond à ce que l’on appelle aujourd’hui « la guerre des 12 jours », lorsque Israël et les Etats-Unis ont bombardé des sites nucléaires iraniens entre le 13 et le 24 juin.