Ça y est, sa réputation est faite. Et à l’internationale. Ça se sait jusqu’en Chine, au Japon ou en Californie qu’en juillet, Nancy allumera une cinquantaine de chalumeaux, et fera rendre l’âme à la matière verre sur quatre jours de création.

Ça se sait si bien que désormais, les maîtres verriers font le déplacement depuis des longitudes et latitudes lointaines pour venir rejoindre le feu créateur nancéien. « Sur les 50 verriers, on en a 18 au moins qui nous viennent de l’étranger. » Et Théophile Caille d’établir la liste de mémoire : « Hollande, Belgique, Espagne, Portugal, mais aussi Turquie, Japon, Chine, Russie, Canada, USA… »

Quasi deux fois plus avaient fait acte de candidature, autre signe incontestable de reconnaissance du Flame’Off.

Le Flame’Off , manifestation d’abord née dans les Vosges, a décidé en 2022 et 2023 de poser ses becs de gaz à Nancy, dans l’espoir d’y fédérer un intérêt plus grand. Attirant 3 500 visiteurs chacune.

Après quoi, l’événement se voulant biennal, il a marqué une pause en 2024. Et revient donc en 2025 avec un double challenge : ne pas décevoir et s’adapter à un tout nouveau lieu.

Création en direct

Le Flame’Off fait partie, en effet, de ces manifestations qui avaient d’abord trouvé leur bonheur dans les murs de l’ancien site Alstom, hélas fermé aujourd’hui. Et comme d’autres, il s’est alors replié sur la Grande Halle de l’Octroi qui, malgré son qualificatif, offre un espace un peu plus petit.

« Mais a priori, ça ne devrait pas changer grand-chose à notre façon de faire. » À savoir que chacun des 50 verriers est invité à créer en direct. De sorte que les visiteurs puissent assister à ce rituel relevant autant de la science et de la technique que d’une certaine alchimie artistique. Bref, un geste créatif.

Un geste auquel les néophytes pourront s’essayer à leur tour in situ.

Et ils sont d’ailleurs nombreux à venir se tester dans la chaleur de la flamme. Par simple curiosité parfois, « mais aussi parce qu’il y a de plus en plus de vocations qui naissent autour du verre », constate Théophile, coorganisateur de l’événement avec Frédéric Demoisson. « On voit même des familles programmer leurs vacances pour faire le déplacement chez nous avec un de leurs enfants désireux de se lancer dans le verre. »

L’émission télé « En Verre et contre tous », forme de Top Chef de l’art verrier, n’est sans doute pas étrangère à cet heureux engouement. Jusqu’à risquer la saturation du marché ?

Théo ne s’en inquiète pas outre mesure. « Quand on voit le nombre de céramistes qui s’installent chaque année, on se dit que nous, verriers, on a encore de la marge. »

Surtout, Flame’Off joue la carte de l’originalité. « Au chalumeau, on commence souvent en fabriquant des perles, mais ensuite, on a tous intérêt à se démarquer. » C’est ainsi qu’ont surgi au bout de ses baguettes de verre des manches de couteau ou de blaireau à barbe…

Le cosmos dans les marbles

Et c’est ainsi, également, que la virtuosité du geste verrier se déclinera à l’Octroi non seulement pour donner corps à des bijoux, mais aussi des luminaires, objets de décos, délicats et fragiles paysages sous cloches, pièces diverses des arts de la table « dignes parfois d’entrer dans des collections ». Sous oublier les utilitaires, la verrerie scientifique, la sculpture animalière (ou non) ou encore les « marbles », billes de verre qui abritent à elles seules des constellations tout entières.

« Un collectif de Polonais a même créé un orchestre d’instruments en verre qu’il nous donnera à entendre sur scène. » Une sonorité cristalline, s’il en est !

Flame’Off, à l’Octroi de Nancy, du 11 au 14 juillet, de 10 h à 19 h (22 h le samedi) ; 3 € l’entrée, gratuit pour moins de 16 ans.