« Ça a chauffé dans le landerneau! »…
Jeudi 3 juillet, c’est, de l’aveu de plusieurs participants, qu’une réunion publique très animée s’est tenue au village de Villars-sur-Var, réunissant une centaine d’administrés. Objet de la discorde : l’implantation d’un atelier de réemploi du plastique, quartier plan de Lunel en bas du bourg, près du vignoble, prévu pour entrer en activité au 1er trimestre 2026. On fait le point.
De quoi parle-t-on?
Porté par la société Zyrclo, le bâtiment abritant l’atelier, d’une surface de 300m2 – qui se veut éco-conçu et vise la labellisation d’un organisne de référence (1) – doit s’installer sur un terrain privé de plus de 6.000m2, jouxtant une société de traitement du carton. « La parcelle était une verrue avec un entreposage désordonné de matériel de BTP », dixit le maire, René Briquetti, qui soutient ce projet « de droit privé ». C’est la société Zyrclo, fondée en 2023 par Valérie Klein, qui a acquis le foncier. « Aux Philippines où j’ai vécu, le désastre de la pollution plastique m’a frappée. Quand je suis revenue, j’ai constaté qu’il n’y avait dans le département aucune unité de recyclage de cette matière, qui finit brûlée ou enfouie. J’ai voulu mettre ma pierre à l’édifice », explique-t-elle. Sur le futur site, un espace de 250m2 équipé d’une presse hydraulique à chaud, allant jusqu’à 160 degrés compressera des déchets en « plastique propre » fourni par Veolia et émanant d’entreprises locales.
À l’instar de supports à éprouvettes (notre photo) utilisés par Arkopharma. « À terme, 80 à 90 tonnes seront traités par an, à raison de deux allers-retours par semaine pour les livrer avec une camionnette électrique. Une fois broyé à chaud sans rejet dangereux ni usage d’eau, le plastique sera façonné dans une presse froide en tables et chaises, avec un ajout de bois que l’on veut local », assure Valérie Klein, arguant que les déchets feront l’objet d’une analyse de toxicité préalable au réemploi. « Zyrclo nous a contactés fin 2024, nous avons trouvé le projet dans l’ère du temps, exemplaire. Et cela se fait déjà à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) ou à Gémenos (Bouches-du-Rhône) », souligne le maire, comprenant qu’il puisse y avoir de l’inquiétude. « Se questionner est toujours légitime », dit-il.
Doutes sur le fond et la forme…
Des questions, ce n’est pas ce qui manque chez une partie des Villarois. » On a découvert le projet quand le panneau du permis de construire a été apposé [le 16 mai]. Le maire est venu nous voir le 20 juin, un peu tard… », détaille Claude et Colette, voisins directs. Architecte à la retraite, monsieur sait la construction portée par un homologue « écolo », salue « sa faible hauteur » et « la nécessité de nettoyer ce terrain » mais s’interroge sur sa situation « au cœur du vignoble AOP ». « On veut être sûr qu’il n’aura pas d’impact, d’autant qu’on aimerait vendre », glisse le couple, sans animosité. Résidente du coin où elle a installé avec son conjoint son association de permaculture et de yoga, Marie Abelli craint que des particules de plastique « nocives pour la santé » puissent « se répandre sur cette zone naturelle préservée et agricole ».
L’ex-maire, Edgar Malaussena et les membres de l’association La Villarelle-Lou Savel sont vent debout. Projets avortés d’incinérateur, d’usine Primagaz… L’ancien édile, un temps chargé de l’environnement à la Région, a déjà ferraillé contre l’industrialisation de la vallée. » Ce n’est ni une polémique, ni une vengeance. J’ai appris pour cette usine il y a 5 jours, la méthode ne va pas! Lorsque j’ai évoqué les rejets de composés organiques volatils générés par le fait de chauffer du plastique lors de la réunion, le maire m’a arraché le micro », déplore-t-il.
Propriétaire d’un terrain au Savel où il porte un projet avec l’ONG Terre en transition, Olivier Ciais est prudent: « Dynamiser l’activité économique peut tout à fait s’entendre mais ce recyclage aurait plus sa place loin de sites naturels. Attention toutefois à ne pas polariser le village: ce ne sont pas les écolos contre le reste du monde. Ici, on aime tous ce terroir », pose-t-il. Demain, des Villarois inquiets tiendront une réunion à 17h à la salle communale « pour s’organiser ». Quant à Valérie Klein, « choquée de la violence de la réunion » du 3 juillet, elle assure se tenir « à disposition pour répondre aux questions et redonner les sources scientifiques attestant de la qualité du projet » (1).
(1) Bâtiments durables méditerranéens, référentiel en éco-construction porté par l’association EnvirobatBDM, en partenariat avec l’Ademe. Contact: valerie.klein@zyrclo.eu