Par

Nicolas Zaugra

Publié le

8 juil. 2025 à 6h04

C’est l’un des adjoints au maire les plus exposés de la majorité municipale. Valentin Lungenstrass, adjoint au maire (Écologistes) en charge de la mobilité, logistique urbaine, espaces publics et tourisme responsable, a notamment en charge la mise en place de la Zone à trafic limité entrée en vigueur sur la Presqu’île de Lyon le 21 juin.
L’élu écologiste répond aux questions d’actu Lyon. Mise en place de la ZTL, travaux, politique de stationnement, avenue des Frères Lumière, place de la voiture, municipales 2026 et possible candidature de Jean-Michel AulasInterview.

La Zone à trafic limité : « certains nous disent qu’on aurait dû y aller plus fort »

Actu : La Zone à trafic limité a été mise en place le 21 juin. Quel premier bilan en tirez-vous ?

Valentin Lungenstrass : Nous sommes sur une mise en place progressive. Les premières bornes sont prêtes et mises en service courant juillet car on souhaite quelques semaines aux personnes pour s’adapter, s’informer.

Il faut se laisser quelques jours, semaine. Sur la rue de la République, le jour de la Fête de la musique, a été très empruntée.

D’un côté on vous critique pour votre « brutalité » et là vous nous dites que vous prenez vraiment votre temps…

VL : Certains nous disent qu’on aurait dû y aller plus fort : dès 2021, à la sortie du Covid, mettre des barrières et piétonniser plus largement de Perrache à Croix-Rousse. Et ensuite faire des travaux sur le reste du mandat. Nous n’avons pas choisi ça en préférant plusieurs phases de concertations sur la circulation, la ZTL…

Ceux qui disent que l’on n’a pas concerté et écouté, c’est juste du mensonge ! On a respecté notre engagement : créer une zone sécurisée pour les piétons au centre, on a préféré une ZTL ouverte aux artisans, aux professionnels…

« Une tolérance jusqu’à la fin de l’été sur le respect des règles d’accès »

De manière concrète, quand les bornes d’accès seront actives, quand allez-vous verbaliser les automobilistes en infraction ?

VL : Il y a trois sujets sur les verbalisations : sur le stationnement, on verbalise déjà. Sur la rue Grenette, on verbalise pour protéger le couloir bus. La vidéoverbalisation est active. Cette rue peut uniquement être empruntée par les bus, cyclistes, taxis et secours.

Nous avons une tolérance jusqu’à la fin de l’été sur le respect des règles d’accès à la ZTL. La police municipale est mobilisée tous les jours pour faire de la pédagogie.

Vous souhaitez que cette ZTL s’étende à terme de Bellecour à Perrache comprenant Ainay ?

VL : Ce n’est pas un projet aujourd’hui. Peut-être que cela viendra à l’avenir.

Sur les aménagements, la qualité de la rue Emile Zola fait consensus. Mais rue Grenette avec des revêtements en goudron noir, une rue de la République provisoire, un secteur Cordeliers qui le semble aussi…

VL : Tous les aménagements que l’on fait de manière pérenne embellissent la ville, certains sont transitoires comme la rue de la République. On souhaite voir comment évoluent les usages avant de l’aménager. Nos aménagements définitifs, c’est Zola, rue du Temple, ancienne préfecture… Elles sont très jolies.

La rue de la République désormais piétonne.
La rue de la République désormais piétonne. (©Nicolas Zaugra/ actu Lyon)Les travaux pas « majoritairement » liés aux difficultés des commerces

Des commerçants dénoncent un impact négatif de la ZTL sur leur activité, l’opposition aussi. Que répondez-vous sur ce sujet ?

VL : La fréquentation augmente dans les transports en commun de la Presqu’île (+30% le samedi). Oui la fréquentation ne fait pas forcément l’achat. Nous sommes dans une situation économique dont on ne parle pas assez : un pouvoir d’achat très affecté. Les commerces alimentaires, bars et restaurants souffrent aussi. C’est le cas dans plein de communes.

Il y a certains commerces qui nécessitent une réflexion de fond (décoration, meubles, vêtements) car il y a l’essor du e-commerce.

Vous estimez donc que vous n’avez pas de responsabilité dans les difficultés des commerces ?

VL : Ce n’est en tout cas pas une part majoritaire. Les travaux ça peut avoir des impacts mais dans le contexte actuel se dire que c’est un impact majoritaire, c’est faire erreur.

Quels sont vos arguments concrets et chiffrés pour défendre les effets positifs de la ZTL sur le commerce ?

VL : Il y a des retours d’expérience en Europe : à Madrid, des études montrent que les transactions bancaires des commerces ont progressé après la mise en place de la ZTL.

Quels travaux restent-ils encore à faire dans la ZTL d’ici 2026 ?

VL : Les travaux de canalisation ont démarré rue Serlin, il y aura un chouette aménagement autour de l’Hôtel de ville avec des plantations d’arbres. Des travaux d’aménagements et d’installation d’une borne sont prévus rue Constantine, ça sera une porte d’entrée avec de la végétalisation.

Nous avons comme grand projet à plus grand horizon : rue Martinière et place Rambaud. Il y a une pause jusqu’en décembre et de nouveau des travaux d’espaces publics dès janvier 2026. On est sur une fin prévue en 2027.

« Le 100 % payant pour le stationnement, ce n’est pas pour demain »

Un autre chantier est très scruté : l’aménagement de l’avenue des Frères Lumière. Où en est-on ?

VL : Une partie du trottoir nord est quasi terminée. Un premier tronçon entre la place Ambroise Courtois et la rue Sainte-Maurice sera finalisé à la fin de l’été, à l’automne on plantera les premiers arbres. Le projet continue à l’ouest. J’entends encore aujourd’hui que nous allons piétonniser, ce sont des premières réflexions mais ça ne sera pas le cas. L’avenue en intégralité ne sera pas terminée avant les élections. La moitié sera terminée.

Cet été, une mesure très commentée entre en vigueur : la fin du stationnement gratuit en août pour les non résidents. Comment justifiez-vous cette mesure ?

VL : Nous n’irons pas plus loin sur les questions de stationnement. Nous sommes dans un contexte du budget 2025 où il fallait trouver des économies, ce n’est pas interdit d’avoir des recettes en plus. Le stationnement payant en août fait réagir car c’est un symbole mais c’est pertinent. Lyon est l’une des dernières grandes villes à le faire. Paris, Cannes, Nice, Bordeaux, Toulouse, c’est payant en août.

Envisagez-vous de généraliser le stationnement payant dans 100% de la ville ? De nouveaux quartiers ont récemment basculé.

VL : On doit être autour de 70/75% de rues payantes dans Lyon. L’objectif des 100% est un objectif de long terme. Là en 2025, il n’y a pas de pertinence à rendre payant Saint-Rambert, Menival ou les Etats-Unis. Le 100% payant ce n’est pas pour demain.

Les Voies lyonnaises vont continuer à se multiplier à Lyon et dans la métropole.
Les Voies lyonnaises vont continuer à se multiplier à Lyon et dans la métropole. (©Nicolas Zaugra/ actu Lyon)« Personne ne veut imposer à qui que ce soit de prendre le vélo »

Vous assumez d’ailleurs de « taper » uniquement sur les automobilistes ? De les contraindre ?

VL : Nous avons été très clairs en 2019-2020 : rééquilibrer l’espace public. L’opposition dit que l’on a fait ce qu’on a promis. Personne ne veut imposer à qui que ce soit de prendre le vélo, le tramway. Nous développons des alternatives, cela prend de la place à la voiture qui en occupe 70%. Oui, ce que nous mettons en place peut être contraignant pour la voiture mais ce n’est pas dans notre intention première.

Il y a ceux qui viennent de l’extérieur mais des Lyonnais ont aussi des voitures… Vous leur dites quoi ?

VL : Je n’impose aucun mode de déplacement, à personne. Chacun a sa situation personnelle. Chacun peut prendre la voiture quand il le souhaite. Mais en ville, ce n’est pas efficace. Faire Part-Dieu – Charpennes en voiture, on peut le faire mais ça prendra plus de temps avec nos aménagements. C’est l’intérêt général qui prime, ceux qui sont dans les bus et les tramways.

La place Bellecour, « un projet en trois étapes »

Pour la place Bellecour, c’est un caillou dans votre chaussure. En 2022, Grégory Doucet annonce une végétalisation de la place grâce au budget participatif. Finalement c’est une oeuvre éphémère qui est installée. Vous ne vous êtes pas moqué des Lyonnais avec ce projet ?

VL : C’est un projet en trois étapes : créer de l’ombre et des assises, l’usage est là. La deuxième c’est de la végétalisation sur le nord de Bellecour sous les arbres. Puis un volet de long terme en réfléchissant aux usages de la place.

Les Lyonnais savent qu’il y a deux métros, le parking. Un terme aurait dû être nuancé et expliqué. Le projet parlait aussi d’ombrage, de bancs, de végétalisation. Le raccourci était peut-être un peu fort.

Vous vous êtes précipités avec cette annonce ?

VL : Non. Je pense que c’est une bonne chose de tester les usages. Il y a un vrai débat.

Ce dossier de la place Bellecour, il a l’air de vous agacer…

VL : Oui, je pense que l’on en parle trop. C’est normal que la place Bellecour, qui est un symbole, fasse parler.

L'œuvre de la place Bellecour est issue de la première édition du budget participatif de la Ville de Lyon.
L’œuvre de la place Bellecour est issue de la première édition du budget participatif de la Ville de Lyon. (©Nicolas Zaugra / actu Lyon)« Jean-Michel Aulas sera le candidat de la droite »

Sur les municipales, Jean-Michel Aulas est quasi candidat. Un duel s’annonce entre Grégory Doucet et lui. Que pensez-vous de sa candidature ?

VL : Je m’interroge sincèrement à quel point il représente les Lyonnais d’aujourd’hui. La sociologie de Lyon a beaucoup bougé ces dernières décennies, il y a plus de jeunes, on a 190 000 étudiants, des jeunes actifs. Ce sont des personnes progressistes qui souhaitent des transformations de la ville. L’ensemble de ces points sont contradictoires avec Jean-Michel Aulas. Il sera le candidat de la droite à Lyon et même peut-être d’une droite très réactionnaire, sur les valeurs et sur la vision.

Vous le renvoyez en effet dans le camp des « réactionnaires » mais il a fait des propositions sur l’apaisement par exemple, sur la gratuité des TCL… Il marche sur votre espace !

VL : Sur sa sortie sur la gratuité des TCL et la sécurité, il s’est pris les pieds dans le tapis. Il a fait des erreurs dans sa communication. Sur le sujet de l’apaisement des rues, c’est 100% du ChatGPT ! Quasi toutes ses mesures existent.

Il sera le candidat de Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron, Laurent Wauquiez. Il aura beau dire non, ses soutiens, c’est la droite des LR, les équipes de Bruno Retailleau.

Jean-Michel Aulas début juillet à Lyon.
Jean-Michel Aulas début juillet à Lyon. (©Nicolas Zaugra/ actu Lyon)

À gauche, vous espérez encore faire une large union autour de Grégory Doucet dès le 1er tour ?

VL : Notre objectif est de faire une large union de la gauche la plus large au 1ᵉʳ tour, on y travaille, je suis confiant. LFI fera son choix, je suis confiant sur une union des écologistes et des forces de gauche.

Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.