Tout est allé très vite : « Roman Vladimirovich Starovoït est relevé du poste de ministre des Transports de la Fédération de Russie. Le présent décret entre en vigueur à compter de la date de sa signature » peut-on lire dans le décret présidentiel n°448 mis en ligne ce lundi à 10h15 (heure française) sur le site officiel du Kremlin.
Cinq heures plus tard, l’agence Tass a annoncé, avec d’autres médias d’État, que « l’ancien ministre russe des Transports s’est suicidé ». Que s’est-il passé ?
Retrouvé mort dans sa voiture
Selon la porte-parole officielle du Comité d’enquête russe, Roman Starovoït s’est suicidé par balle dans sa voiture personnelle – une Tesla Model X – à Odintsovo, à l’ouest de Moscou. « Les autorités d’enquête travaillent sur les lieux ; les circonstances de l’événement sont en train d’être déterminées. Le suicide est la première version », a-t-elle ajouté.
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Une enquête a été ouverte pour « établir » les « circonstances » exactes du décès de l’ancien ministre, a ajouté cette institution chargée des principales investigations en Russie. La date exacte de sa mort n’a pour l’heure pas été précisée par les autorités.
Roman Starovoït, 53 ans, avait été nommé ministre des Transports en mai 2024. Il a été remplacé dès lundi par son ex-adjoint, Andreï Nikitine, que Vladimir Poutine a rencontré longuement dans la foulée de l’annonce du limogeage de Starovoït.
« J’espère que vous mettrez toute votre énergie, vos connaissances, vos compétences et vos talents d’organisateur au service de la résolution des tâches les plus importantes qui se posent dans le domaine » des Transports, lui a-t-il dit.
Le remplacement « est la décision du chef de l’État »
Interrogé sur ce remplacement, le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, s’est borné à dire que « c’est la décision du chef de l’État ». « Le décret ne contient pas l’expression « perte de confiance » », avait-il ajouté, balayant la question d’un journaliste qui lui demandait si ce limogeage était lié à une disgrâce du ministre.
Le remplacement de Roman Starovoït intervient au moment où des aéroports russes sont soumis à des fermetures temporaires répétées et coûteuses en raison des attaques de drones ukrainiens, menées par Kiev en réponse à l’offensive russe à grande échelle sur son territoire depuis 2022.
« Je vais d’abord m’occuper de la situation dans les aéroports », a d’ailleurs reconnu immédiatement lundi le nouveau ministre Nikitine, citée par l’agence de presse Ria Novosti.
Ancien gouverneur de la région de Koursk
Des médias russes ont aussi évoqué une hypothèse selon laquelle le limogeage de Roman Starovoït, ancien gouverneur de la région de Koursk entre 2019 et 2024, est lié à de possibles affaires de corruption dans cette région occupée pendant plusieurs mois par les forces ukrainiennes. Le ministère russe des Transports gère aussi le dossier des travaux de construction et de rénovation des routes dans les territoires ukrainiens occupés, dans un secteur où la corruption est courante.
Les décès suspects de hauts fonctionnaires ou de personnalités du monde des affaires sont fréquents en Russie, sans que l’on sache s’il s’agit d’une purge à la manière « soviétique ». Souvent, un suicide est rapidement évoqué par les autorités.
Le corps d’un homme d’affaires russe retrouvé sur une autoroute
Vendredi dernier, l’homme d’affaires russe Andrei Badalov, vice-président de Transneft, la plus grande société d’oléoducs de Russie, est décédé après, officiellement, être tombé de la fenêtre de son appartement à Moscou.
Le corps de Badalov a été découvert au pied d’un immeuble résidentiel sur l’autoroute Rublyovskoye. « La cause préliminaire de la mort est un suicide », avaient, là aussi, indiqué des enquêteurs à l’agence TASS.