« Prendre son temps à la force du vent. » C’est le slogan de la tournée en voilier orchestrée par Fabrice Henri, alias DJ Guts, de la Normandie au Pays basque. Sur l’eau entre Concarneau (Finistère) et Saint-Nazaire, où il fait escale ce mardi 8 juillet, le quinquagénaire a pris le temps de répondre aux questions de Presse Océan. Celui qui a fait le choix de ne pas divulguer son visage parle de son rapport au temps, justement, au voyage et à son métier, qui a changé à l’orée de ses 50 ans. Un tournant opéré après un burn-out.

Presse Océan : Comment est née l’idée de faire cette tournée en voilier ?

DJ Guts : « Je tourne depuis des années et je me suis rendu compte récemment que je me suis brûlé les ailes à prendre l’avion quasiment tous les week-ends et exploser le bilan carbone. J’ai fait n’importe quoi parce que je n’avais pas jusque-là de prise de conscience. Je ne me rendais pas compte que j’étais en train de perdre des points de vie, au point de faire un burn-out. Je me suis alors posé des questions. »

C’est-à-dire ?

« J’avais envie de changer complètement cette notion de tournée, ce rapport au voyage, au temps… à la fois de préserver ma santé et celle de la planète en polluant moins. L’idée de la tournée en voilier m’est venue assez rapidement, mais elle est vraiment devenue concrète lorsque j’ai rencontré au festival de La Clusaz un couple de skippers merveilleux : Nicolas Pichelin et Anne-Laure Monroche. Au bout de dix minutes de conversation, c’était acté. »

Quel était votre rapport à la mer avant cette tournée ?

« Ça fait 18 ans que je vis sur une île (Ndlr Ibiza), j’avais déjà fait la tournée des îles en catamaran en Grèce… J’ai toujours eu un attrait pour la mer mais pas à un niveau aussi ambitieux qu’actuellement. J’ai d’ailleurs eu le premier mal de mer de ma vie au passage du Raz Blanchard (1). Mais toutes les vertus de ce périple sont de pouvoir s’autoriser des navigations dans des endroits magnifiques que je ne connaissais pas. La mer est un élément qui m’apaise. »

Vous vous êtes lancé dans cette tournée en voilier alors que la saison des festivals, avec son flux et son brassage d’artistes, bat son plein…

« Les festivals sont devenus une industrie très puissante, très lucrative. Sa relation avec la préservation de l’environnement est devenue dérisoire. J’ai horreur des festivals industriels totalement démesurés, j’y réduis donc au maximum ma présence. D’ailleurs, je pense qu’un DJ n’a rien à faire dans ce genre d’événement. Je pense qu’à terme, je ne vais plus en faire et me limiter à des endroits plus appropriés. »

Comme Le Vip à Saint-Nazaire ?

« Par exemple. J’y suis déjà venu mixer. J’en garde un très bon souvenir, au point que j’ai décidé d’y faire escale dans ma tournée. J’ai contacté tout le monde un an et demi à l’avance. »

Comment aborde-t-on une tournée comme celle-ci, moins lucrative car les dates sont plus rares ?

« Ça rentre forcément dans la réflexion. Quand on a lancé l’idée, je n’étais pas obstiné sur la rentabilité de cette tournée, mais plus focalisé sur le fait de pouvoir la réaliser. Je me suis très rapidement aperçu qu’en louant un catamaran (TS42) et deux skippers confirmés pendant cinquante jours, j’en aurai pour plus de 50 000 €… On peut dire que je ne vais pas perdre d’argent mais je ne vais pas en gagner non plus (rires), sachant que je ne reçois qu’une subvention de la Sacem. C’est une tournée un peu kamikaze ! »

Est-ce que cette tournée sera la première d’une (longue) série ?

« Je ne sais pas encore, mais plus de deux semaines après son début, une chose est sûre : je suis déjà convaincu par l’idée et ce que je vis. Chaque jour a son lot d’imprévu et de sensations fortes, comme quand on s’est fait escorter par un banc de dauphins entre Granville et Saint-Malo… Plus ça va et plus je me dis que ça va être une expérience à renouveler. »

(1) Passage où sévit l’un des courants de marée les plus puissants d’Europe, situé entre le cap de la Hague et l’île anglo-normande d’Aurigny.

Concert mardi 8 juillet 2025 de 22h à 1h au Vip, à Saint-Nazaire, (tarifs de 5 € à 20 €), et mercredi 9 juillet à La Chaumière, à Nantes (complet).