Plusieurs autrices devraient marquer la rentrée littéraire d’août et de septembre 2025. À cette occasion, L’Éclaireur vous dévoile quelques noms des plumes à ne pas manquer.

En 2025, la rentrée littéraire s’ouvre avec une programmation marquée par la diversité des styles et des trajectoires. Cette année encore, beaucoup d’autrices occupent une place centrale dans les premières sélections des libraires. Qu’elles soient habituées des palmarès ou figures montantes, elles abordent des thèmes intimes ou politiques avec des approches variées, parfois inattendues.

Mémoire et filiation

Chez Albin Michel, la romancière Anne Berest fait son retour avec Finistère, un roman qui prolonge le travail de mémoire familiale amorcé dans La carte postale – prix Renaudot des lycéens en 2021. Après la branche maternelle, elle explore l’héritage paternel à travers la ville de Brest, les ruines de l’après-guerre et les traces d’une jeunesse marquée par les utopies. Le récit s’ancre dans une époque, sans nostalgie, préférant une écriture entre recherche documentaire et regard contemporain.

Avec Aimer, publié chez Julliard, Sarah Chiche poursuit son exploration des zones d’ombre de l’intime et du politique. En 1984, deux enfants se lient au bord du lac Léman. Quarante ans plus tard, ils se retrouvent, marqués par la disparition inexpliquée de l’une et le scandale pharmaceutique qui a brisé la vie de l’autre.

L’un est rongé par la culpabilité, l’autre est hantée par des fantômes. Le récit, éclaté, circule entre continents et générations, dessinant une fresque sur la persistance du lien, la douleur de l’effondrement et les secondes chances.

La parole et le lien

Alice Ferney, autrice de Grâce et dénuement, revient chez Actes Sud avec Comme en amour, un roman en quarante chapitres où une styliste et un critique voient naître une relation. Leur conversation, entamée lors d’une interview, se prolonge jour après jour, tissant une intimité faite de confidences, d’admirations et de silences. Ferney explore la fragilité de ces liens hors cadre, entre amitié, écoute et désir de rester libre.

Le 20 août célèbre aussi le retour d’Amélie Nothomb avec Tant mieux (Albin Michel), un récit où l’enfance est traitée comme une zone de résistance. Adrienne a cinq ans en 1942. Ses parents sont inquiets, ses frères la brutalisent et le monde lui semble plein de pièges. Alors elle décide que tout ce qui arrive est « tant mieux » et construit ainsi sa propre méthode de survie. Nothomb livre un portrait à double fond : celui d’une enfant à la lucidité déconcertante et d’un langage comme rempart contre la violence.

Territoires politiques et violences diffuses

Chez Gallimard, Nathacha Appanah raconte l’arrivée en France d’un jeune garçon fuyant un conflit dans La nuit au coeur. Recueilli par une famille, il reste mutique, incompris. Appanah suit son parcours en décrivant l’invisibilisation progressive de son histoire, le silence face à la douleur et les conséquences de ce qui n’a pas été dit.

Enfin, Kairos de Jenny Erpenbeck, lauréate du Booker Prize International 2024, plonge dans l’Allemagne de l’Est finissante. Une étudiante et un homme plus âgé s’aiment dans un climat politique étouffant. Leur passion, intense et déséquilibrée, se transforme peu à peu en forme de domination. Ce roman, où la sphère intime reflète les mécanismes du pouvoir, interroge les limites du consentement, l’effritement des idéologies et la mémoire des corps.