Pour les malfaiteurs, ils constituent de plus en plus souvent des cibles privilégiées. La liste des influenceurs et influenceuses victimes de cambriolages ou de home jacking s’est encore allongée. Vendredi soir, Soraya Riffy, une jeune femme de 30 ans suivie sur Instagram par plus d’1 million d’abonnés, a été violemment agressée alors qu’elle se trouvait chez elle, dans le 9e arrondissement de Marseille. Les auteurs lui auraient réclamé 50.000 euros, persuadés qu’elle possédait de l’argent liquide chez elle. Celle qui s’est fait connaître du grand public en participant en 2016 à l’émission Touche pas à mon poste a seulement constaté la disparition d’une montre Rolex, d’un bracelet Cartier, de sacs de contrefaçon.
Ce lundi, la victime, qui a été rouée de coups, ligotée, et aspergée d’eau de javel, est sortie de l’hôpital, traumatisée. Son avocat est certain que Soraya Riffy n’a pas été visée par hasard. « A de multiples reprises, ils ont fait référence à son statut d’influenceur, à son nom, à son prénom bien sûr. Les gars étaient persuadés qu’elle cachait de l’argent liquide chez elle », explique à 20 Minutes Me Tom Michel qui évoque « un fantasme ». La jeune femme, qui exerce par ailleurs le métier d’infirmière, « est d’ailleurs très loin d’être milliardaire, et ils n’ont trouvé chez elle qu’un butin assez famélique. »
Inoxtag « sous surveillance »
Ces derniers mois, plusieurs influenceurs ont eux aussi été victimes de home jacking ou de tentatives. Les exemples ne manquent pas. En février 2024, trois personnes armées se sont introduites au domicile des parents de Riadh Belaïche, plus connu sur Internet sous le nom de Just Riadh. Ils se sont enfuis en emportant avec eux trois téléphones, deux montres Rolex d’une valeur de 20.000 euros et 1.000 euros en espèces, avait indiqué à 20 Minutes une source policière. Deux suspects ont été arrêtés quelques jours plus tard alors qu’ils allaient rendre la voiture louée pour commettre ce home-jacking.
En novembre 2024, une équipe de malfaiteurs a tenté d’enlever les habitants d’une maison d’Orgeval qu’ils pensaient être les parents du youtubeur à succès Inoxtag. « Trois ou quatre mecs cagoulés » ont menacé cette « famille qui n’a rien demandé », « comme ça, avec un flingue », a raconté le jeune homme à GMK, un créateur de contenus monégasque qui publie des vidéos sur sa passion des voitures.
« Ils voulaient kidnapper mes parents pour les emmener dans un autre département et demander une rançon », a précisé le jeune homme de 23 ans qui avoue avoir désormais « un peu peur ». « Je suis sous surveillance, j’ai des caméras partout, tu ne te sens pas vraiment en sécurité quand ça t’arrive ça. »
Soraya Riffy, un « symbole »
Il est vrai que beaucoup d’influenceurs se sont fait connaître en dévoilant sur leurs réseaux sociaux une partie de leur vie privée et en exposant leur réussite. « Ces bandes organisées peuvent retrouver leur domicile assez facilement », observe Me Michel, ajoutant qu’il arrive que des fans partagent sur Internet les adresses de leurs stars préférées. Mais, souligne-t-il, les créateurs de contenus sont désormais de plus en plus prudents. « Je connais peu d’influenceurs ou de personnalités publiques qui tournent des vidéos chez eux. Au contraire, ils louent des locaux adaptés, des studios, ils font tout pour ne pas être repérés », assure l’avocat qui recommande aussi à ses clients « les plus fortunés » d’avoir recours à « des gardes du corps privés ». « Mais on ne peut pas leur donner des conseils les empêchant de vivre ou d’exercer leur métier. »
Me Michel estime que Soraya Riffy est devenue un « symbole » pour les victimes de home-jacking. Les influenceurs qui en sont victimes, estime l’avocat, ne constituent que la partie émergée de l’iceberg. En 2022, à Paris et dans la petite couronne, 337 home-jackings ont été recensés. Cette même année, sur le reste du territoire, 475 affaires similaires ont été signalées aux services de police et de gendarmerie. « C’est un sujet qui doit devenir un sujet national », conclut Me Michel qui attend « un sursaut de la part des pouvoirs publics ».