On parle souvent du Parkinson comme d’une maladie « motrice », marquée par des tremblements, une rigidité ou une lenteur de mouvement. Mais on oublie parfois qu’elle touche bien plus que les gestes. Elle atteint aussi les émotions, la mémoire, le comportement. Et tout dépend du côté où elle commence.
C’est ce que révèle une méta-analyse très sérieuse menée par les chercheurs de l’Université de Genève et des Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG), publiée dans la revue scientifique npj Parkinson’s Disease en juin 2025. En analysant pas moins de 80 études publiées au cours des 50 dernières années, les chercheurs ont identifié un lien solide entre la latéralité des symptômes moteurs (c’est-à-dire leur apparition à gauche ou à droite du corps) et le type de complications non motrices à venir.
En clair, selon que les premiers signes apparaissent du côté droit ou du côté gauche du corps, l’évolution de la maladie de Parkinson ne sera pas la même.
Parkinson : côté gauche ou côté, c’est quoi la différence ? Parkinson côté droit : attention au cerveau gauche… et à la mémoire
Quand les premiers tremblements, raideurs ou pertes de motricité apparaissent du côté droit du corps, cela signifie que c’est l’hémisphère gauche du cerveau qui est le plus touché.
Et cette information a toute son importance, car cet hémisphère est notamment impliqué dans :
- le langage,
- le raisonnement logique,
- les fonctions exécutives (planification, organisation, attention…).
Les personnes chez qui la maladie débute à droite ont un risque accru de développer des troubles cognitifs, notamment des troubles de la mémoire, de la concentration ou du langage, et même, à long terme, un risque plus élevé de démence.
“L’atteinte de l’hémisphère gauche semble particulièrement liée au déclin cognitif chez les patients parkinsoniens”, explique le Pr Arnaud Saj, neuropsychologue aux HUG et co-auteur de l’étude.
Parkinson côté gauche : gare aux émotions et à la santé mentale
À l’inverse, quand les premiers symptômes se manifestent du côté gauche du corps, c’est l’hémisphère droit du cerveau qui est plus atteint.
Ce dernier gère des fonctions bien différentes :
- la perception des émotions,
- la créativité,
- la reconnaissance des visages,
- l’orientation dans l’espace.
Les patients atteints côté gauche sont ainsi plus exposés aux troubles psychiatriques : anxiété, dépression, apathie, voire difficulté à percevoir les émotions d’autrui (ce qu’on appelle l’alexithymie).
Cette forme de Parkinson est parfois plus insidieuse. Elle se manifeste moins par des oublis, mais plus par un mal-être diffus, une perte de motivation, une forme de repli sur soi qui passe parfois inaperçue.
Pourquoi c’est important de le savoir dès le début ?
On le sait peu, mais la maladie de Parkinson est très hétérogène. Deux patients ne vont pas du tout vivre la même évolution, même s’ils prennent le même traitement. C’est là que cette découverte prend tout son sens.
“Connaître le côté d’apparition des premiers symptômes permettrait de mieux anticiper les complications futures, et donc d’adapter les prises en charge dès le diagnostic”, souligne l’équipe genevoise.
En pratique, cela pourrait permettre aux neurologues de :
- renforcer la surveillance cognitive si les signes apparaissent côté droit,
- proposer un accompagnement psychologique plus précoce si le côté gauche est atteint,
- personnaliser les exercices de rééducation, cognitifs comme physiques.
Parkinson : des traitements mieux ciblés à venir ?
Si cette piste est encore jeune, elle est prometteuse. La latéralité pourrait devenir un critère de prédiction intégré dans les parcours de soins.
Les chercheurs appellent désormais à développer :
- des outils cliniques pour mesurer plus finement l’asymétrie des symptômes,
- et des protocoles de soin différenciés selon la latéralité.
Un peu comme pour les cancers ou les maladies cardiovasculaires, la médecine du futur pour Parkinson sera personnalisée.
À SAVOIR
Environ 270 000 personnes vivent avec la maladie de Parkinson en France, selon l’Inserm (2023). Et les traitements actuels, notamment à base de dopamine, soulagent les symptômes mais ne ralentissent pas l’évolution de la maladie.
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