Habitué du festival marseillais, Émile Parisien fait partie de cette génération de musiciens qui fait vibrer le jazz dans son époque. Programmé l’an dernier avec Les Egarés, projet réunissant Vincent Peirani, Vincent Ségal et Ballaké Sissoko, par ailleurs récompensé d’une Victoire du jazz du concert de l’année, il revient, ce mardi 8 juillet à La Friche, avec son quartet et accompagné de Jeff Mills, légende de la musique électronique.
D’où vient cette rencontre avec Jeff Mills ?
Ce projet est né du collectif Sourdoreille qui avait un concept de mettre en relation un DJ avec un musicien acoustique. Cela a donné un concert au Cabaret sauvage à Paris. C’était censé être quelque chose d’éphémère, un one shot. Mais en fait, ça a été une très belle rencontre, au point qu’on a décidé de continuer un peu. On a enchaîné sur une dizaine de dates. On avait un thème qui était la musique de Coltrane. Avec la proposition électronique, cela apportait une autre dimension. Je pense qu’on a beaucoup appris l’un de l’autre.
Si la musique électronique s’inspire du jazz, en quoi le jazz pourrait-il s’inspirer de la musique électronique ?
Très bonne question. En fait, ce qui se rejoint dans le jazz et la musique électronique, c’est l’aspect rythmique, le côté dansant. Jeff a le sens de la matière sonore. Il a une façon de faire sonner un rythme. Alors, avec le quartet, on tente de s’inspirer de ça pour essayer de proposer des formules rythmiques avec nos instruments.
Avant votre collaboration avec Jeff Mills, quel rapport aviez-vous avec la musique électronique ?
C’est en ça que ça a été pour moi une rencontre très enrichissante. Je le connaissais évidemment de nom, parce que c’est une figure incontournable de la musique électronique. Je connaissais des tubes comme The Bells. Mais c’était à peu près tout. J’avais du coup une curiosité. Et cette rencontre m’a invité à approfondir mes connaissances. J’ai découvert pas mal de choses et j’ai écouté beaucoup de musique électronique.
Après ce duo, vous prolongez ce dialogue avec votre quartet. Cela ajoute certainement en matière sonore. Sur quoi avez-vous travaillé cette fois-ci ?
On a fait une résidence avec le quartet en anticipant cette rencontre et en imaginant quelle place Jeff pourrait avoir. On a principalement réadapté nos compositions en travaillant justement sur cette notion rythmique. Puis on s’est retrouvé avec Jeff pour proposer une forme de concert en utilisant la matière du quartet mais en laissant une part belle à l’improvisation. Il y a des solos, des résonances, des allers-retours, mais la majorité du concert se fait tous ensemble.
Jeff Mills a déjà travaillé avec d’autres musiciens, notamment des orchestres symphoniques. De votre côté, qu’est-ce qui vous pousse à ce genre de collaboration un peu hors des sentiers battus ?
C’est la projection vers l’avenir, la création, vers l’inconnu, le partage des genres musicaux. Je pense que le jazz, d’année en année, devient quelque chose de vraiment multiforme, multicolore, « multi-influences ». On s’inspire des musiques du monde, traditionnelles, classiques, contemporaines. On est toujours curieux et tourné vers l’exploration. Mais tout en gardant notre essence.
Vous faites partie de cette génération qui renouvelle le jazz. Qu’en pensez-vous ?
On fait partie d’une génération qui veut vivre avec son temps, sans renier quoi que ce soit, parce qu’évidemment, on est très attachés à la culture et à l’histoire de cette musique. Mais le jazz est toujours en perpétuelle évolution.
Le mardi 8 juillet à 20h à La Friche Belle-de-Mai (3e) à Marseille. Tarifs 30/20/15€. marseillejazz.com