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Aurélien Delavaud

Publié le

8 juil. 2025 à 14h20

Les mains dans le cambouis, à réparer, nettoyer et entretenir ses machines, il passerait presque inaperçu. Il faut être physionomiste et se souvenir de ses heures de gloire, dans les années 2000, pour faire le lien entre la station de lavage automobile installée à Cléon (Seine-Maritime) et le peloton du Tour de France.

Le rapport entre les deux ? Son patron est bel et bien Sandy Casar, l’ancien grimpeur-baroudeur de la formation Française des Jeux entre 2000 et 2013.

Pour Le Journal d’Elbeuf, le triple vainqueur d’étape sur la Grande Boucle, aujourd’hui âgé de 46 ans, revient sur son rapport au vélo, sa carrière, ses exploits, ses déceptions et le regard qu’il porte sur un sport « qui a bien changé » depuis qu’il a raccroché.

Deux époques très différentes

Pour les nostalgiques du vélo des années 2000, évoquer Sandy Casar, c’est replonger dans un autre cyclisme. Celui qui a beaucoup souffert des affaires de dopage, forcément. Mais surtout, selon l’intéressé, celui d’avant « une standardisation de la course ».

Aujourd’hui, il n’y a que de la data. Tout est contrôlé à l’avance, tout ce que font les coureurs est surveillé, tout est analysé, ce qui va se passer dans les courses est décidé des mois à l’avance… Il n’y a plus de place pour l’humain, pour les sensations et la décision sur le vélo. Il y a un plan qu’il faut suivre à la lettre et les capteurs de puissance à surveiller.

Sandy Casar, ancien coureur professionnel

Alors Sandy Casar en est convaincu. Peut-être qu’il aurait gagné plus de courses dans le vélo actuel. Certainement qu’il y aurait aussi gagné plus d’argent. Mais il ne s’y serait pas entièrement retrouvé. « Honnêtement, je pense que je ne prendrais plus de plaisir dans le vélo d’aujourd’hui », confie-t-il.

Vidéos : en ce moment sur ActuAbonné aux deuxièmes places

Entre le coureur originaire des Yvelines, qui est aujourd’hui installé près de Pacy-sur-Eure, et le Tour de France, la relation n’a pas toujours été idyllique. Longtemps, Sandy Casar a collectionné les deuxièmes places et les déceptions qui vont avec.

En 2005 derrière Guerini, qui a réussi le kilomètre face à ses compagnons d’échappée, ou encore en 2007, à Marseille, où il est battu de peu par Cédric Vasseur. « Je pense que j’ai souvent manqué d’expérience et de filouterie », juge-t-il presque 20 ans plus tard.

La Grande Boucle était passée par Mantes en 2004 Sandy Casar s'était mis en évidence lors du Tour de France 2004 lors d'une étape qui passait par Mantes-la-Jolie. On le voit ici dans l'échappée à côté de Thomas Voeckler. (Archives) - Casar
Sandy Casar a fait les beaux jours de la formation Française des jeux, avec laquelle il a gagné trois fois sur le Tour. ©Fabien Dézé

Le déclic, c’est finalement quand on l’attendait le moins qu’il l’a eu. 27 juillet 2007. 18e étape du Tour, quelques semaines après sa déception à Marseille. Dans une échappée à quatre en direction d’Angoulême, Sandy Casar percute un chien sur la route, tombe et se blesse.

J’avais mal, mais j’ai réussi à rentrer, se souvient l’ancien coureur. Je pense que les autres ont fait moins gaffe à moi, mais surtout je me suis mis moins de pression. Je me suis dit que si je ne gagnais pas, j’avais au moins l’excuse de la chute

Sandy Casar

Ce sera le premier de ses trois succès sur le Tour, où il s’est forgé une belle cote de popularité auprès du public. « C’est un truc très particulier que je ne comprends pas trop… Il n’y a qu’en France qu’on admire les deuxièmes ! »

Ses performances sur le Tour de France ont sûrement été les plus scrutées, mais d’autres ont participé à sa renommée, comme sa 6e place au classement général du Giro 2006 ou sa grande éclosion sur le Paris-Nice 2002, qu’il a terminé à la deuxième place.

« C’est une de mes plus grandes fiertés, car mes parents étaient venus. Mon père est décédé en 2004, donc il n’a pas vu mes victoires sur le Tour », confie Sandy Casar.

Toujours un pied dans la Grande Boucle

En 2013, après avoir fait toute sa carrière dans la structure de Marc Madiot sous ses différentes appellations, Sandy Casar fait le choix de raccrocher. « Je venais d’avoir mon premier enfant et je voulais le voir grandir. J’ai pensé redescendre dans une plus petite équipe, pour pouvoir faire des courses que je ne pouvais plus faire, comme les coupes de France, mais il n’y avait pas de place dans les équipes », justifie-t-il.

C’est à ce moment qu’il a cherché une reconversion, en investissant dans une station de lavage auto. Un business qui lui prend beaucoup de temps, notamment à cause des trajets, et qui ne lui laisse plus assez de temps pour aller rouler. Mais il ne l’a pas entièrement éloigné du vélo.

La preuve, cette année encore, l’ancien coureur fera partie du grand cortège du Tour de France, où il conduira des personnalités pour un sponsor. « Mon rôle, c’est évidemment de les conduire, de leur montrer l’univers dès le village le matin, mais c’est aussi de leur expliquer la course de l’intérieur » décrypte-t-il.

Pendant trois semaines, comme chaque été depuis sa retraite sportive, il va donc replonger dans la folie du peloton. « J’y retourne encore pour le bruit, les odeurs… Ça fait remonter tellement de souvenirs ! C’est presque une drogue en fait. Et puis c’est aussi l’occasion de revoir pas mal de copains », confie-t-il.

Après presque quatre semaines d’effervescence, Sandy Casar reviendra à la quiétude de son village et à la gestion de sa petite entreprise, dans l’agglomération d’Elbeuf. Avant de replonger, dès qu’Amaury sport organisation (ASO) lui en donnera l’occasion, dans les coulisses du Tour de France.

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