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« Pour l’incident avec Jasper Philipsen… »
On vous retrouve sur le Tour avec Century 21, mais aujourd’hui, on va parler sprint. Vous avez forcément suivi ce qui s’est passé… Alors, ça tombe plus aujourd’hui qu’à votre époque, ou pas ?
Non, je ne pense pas. C’est assez similaire. Après, on peut évoquer la rapidité des vélos, les freins à disque, mais typiquement, sur une étape comme celle d’hier, ce n’est pas étonnant qu’il y ait eu autant de chutes. C’était une étape courue à un rythme modéré : 41,5 km/h de moyenne, c’est peu pour les standards actuels. Il y avait beaucoup de vent défavorable, les équipes n’ont pas voulu lancer la bagarre. Au final, comme on dit, tout le monde se sent fort, tout le monde veut tenter sa chance. D’autant plus que sur le retour depuis Cassel, c’était quasiment tout vent de face, donc c’était facile de s’abriter. Tout le monde voulait jouer sa carte, prendre des risques… et malheureusement, comme souvent dans ces cas-là, ça tombe.
À votre époque, il n’y avait pas les cartons jaunes. Hier, quatre ont été distribués par le jury des commissaires. Vous êtes d’accord avec cette décision ?
Oui, je pense que c’est une bonne chose.
Le principe des cartons jaunes, ou le fait d’en avoir mis quatre ?
Le principe des cartons jaunes. Ça permet, je pense, de tempérer un peu le tempérament parfois trop agressif de certains coureurs.
Bryan Coquard a écopé d’un carton jaune. C’est justifié selon vous ?
Honnêtement, pour l’incident avec Jasper Philipsen, moi je ne lui en aurais pas mis. Je ne sais pas s’il l’a eu pour ça ou pour une autre chute dans laquelle il était impliqué. C’est un sprint, ce n’est jamais parfait. Il touche un coureur d’Intermarché-Wanty, il le renvoie, il déchausse… Je ne sais pas comment il fait pour ne pas tomber, il a carrément décollé la roue arrière. Et au final, c’est le maillot vert qui tombe, un favori pour ce classement. Peut-être que c’est la deuxième chute, proche de l’arrivée, qui lui a valu son carton jaune. Mais bon, un carton jaune, ce n’est pas un rouge. Il peut continuer. Et si ça peut aider à la sécurité et à l’intégrité des coureurs, c’est bien.
« A l’époque c’était différent »
Quand on est sprinteur et qu’on reçoit un carton jaune, ça cogite dans la tête ?
Oui, forcément. Dès qu’on fait une faute, qu’on reçoit une réprimande ou qu’on sait qu’on a fait quelque chose d’un peu limite, on gamberge. On essaie de ne pas reproduire l’erreur. Et c’est évident que ça touche la confiance : on ose peut-être moins s’engouffrer dans les petits trous de souris qui font la différence au placement. Mais quand on voit des coureurs finir à l’hôpital, c’est forcément dommageable. Et encore plus sur une course comme le Tour de France.
Vous auriez aimé, à votre époque, qu’il y ait déjà des cartons jaunes ?
C’était différent, ça allait peut-être un peu moins vite. Mais je pense que c’est utile, surtout quand il y a des faits de course vraiment agressifs, quand on s’empoigne ou qu’on se pousse volontairement. Un sprint, ça reste un sprint. Bryan a un petit gabarit, donc il doit faire sa place. Mais pour moi, il n’a pas commis une grosse faute.
Et vous, vous auriez aimé courir avec cette règle ?
On s’est pliés à d’autres règles à notre époque, pourquoi pas. On savait qui étaient les plus agressifs dans les sprints. C’est comme en Formule 1 : on sait que Verstappen est difficile à dépasser. Il faut s’adapter, et faire au mieux.